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L'éclatante 10ème édition des "Fashion Day Dzaïr"

Plus qu’un show, une ode à l’élégance algérienne : Fashion Day Dzaïr célèbre dix ans de création, de transmission et de fierté vestimentaire.

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© Capture vidéo : Black Vision Instagram - Designer : Maji couture lille Paris



Vendredi 13 juin 2025, le Club des Pins s’est paré de lumière et de raffinement pour accueillir l’événement mode le plus emblématique d’Algérie. À l’occasion de sa dixième édition, le Fashion Day Dzaïr n’a pas seulement célébré une décennie de créations : il a affirmé, avec éclat, l’élan d’une mode algérienne fière de ses racines et résolument tournée vers l’avenir.



Bien plus qu’un simple défilé, cette soirée s’est révélée être une ode subtile à l’âme vestimentaire algérienne. Dans une chorégraphie maîtrisée de textures, de lignes et de récits, les créateurs – venus des quatre coins du pays – ont plongé dans les plis profonds de notre mémoire collective pour en extraire l’essence d’une élégance nouvelle.

Chaque silhouette devenait un fragment de patrimoine réinterprété : djebbas opulentes au tombé souverain, karakous brodés de fils d’or aux éclats baroques, blouzas sculpturales comme taillées dans l’air même du renouveau. À travers cette alchimie entre savoir-faire ancestral et audace contemporaine, le vestiaire algérien s’est affirmé dans toute sa puissance narrative, mêlant héritage et désir de réinvention.

Portés par une mise en scène feutrée et un casting à l’élégance incarnée, les looks défilaient comme des déclarations : de mode, de culture, de liberté. Une célébration sensuelle de la tradition, débarrassée de toute nostalgie, et propulsée sur le devant de la scène comme une vision d’avenir résolument algérienne, mais universellement couture.

Dans une ambiance tamisée, enveloppée par les faisceaux subtils des projecteurs et les soupirs d’émerveillement contenus, une atmosphère presque sacrée s’est installée. Le public, composé de figures de la mode, de professionnels aguerris et de passionnés éclairés, retenait son souffle. Un hommage vibrant au savoir-faire algérien s’apprêtait à se dévoiler, couture après couture.

Dès les premières secondes, le ton est donné. L’ouverture est magistrale. Une silhouette s’avance, droite, souveraine. Drapée dans un somptueux karakou algérois revisité façon flamenco, signé de la maison « Karakou le rêve ». Les manches dansent au rythme de ses pas, la coupe épouse l’allure avec grâce, les broderies étincellent sous la lumière comme une constellation familière. Un dialogue entre l’Andalousie rêvée et l’Algérie enracinée. Le public succombe. L’ovation est instantanée.

Le Fashion Day Dzaïr revendique une vérité éclatante : la tradition n’entrave pas la création, elle en est la trame maîtresse. Et c’est précisément ce dialogue entre héritage et modernité que portent depuis dix ans ses fondateurs, Ryan Branci et Mehdi Yala.

Pour son édition 2025, Fashion Day Dzaïr a vu les choses en grand : 55 mannequins, 18 stylistes, 18 salons de beauté… et pour la première fois, 18 chefs pâtissiers sont venus ajouter leur touche sucrée à la scénographie. Parmi eux, les incontournables Leila et Khadidja Benchaoui ont subjugué l’assemblée avec une création spectaculaire : un gâteau de deux mètres de haut, hommage gourmand à la gandoura, tout en plis de sucre et broderies comestibles.

Un chiffre, dix-huit, répété comme un refrain volontaire, une cadence symbolique. Ici, rien n’est laissé au hasard. Cette édition 2025 s’affirme comme un manifeste pluriel dédié à la femme algérienne, dans toute la richesse de ses expressions. De la couture qui épouse ses formes avec grâce, à la pâtisserie qui sublime ses rituels festifs, en passant par les gestes de beauté qui rythment ses jours et magnifient ses soirs, chaque discipline dialogue avec son essence. Et cette année, la voix de l’héritage s’est invitée sur scène à travers Laâwicha, conteuse emblématique et gardienne de la mémoire orale. Dans une intervention aussi vibrante qu’intemporelle, elle a rappelé que “la robe parle pour la femme avant même qu’elle n’ouvre la bouche”. Parce qu’au cœur du vêtement se cache un langage : celui de l’identité, du silence assumé, et de la fierté transmise.

Mention spécial pour le défilé de la créatrice tlemcenienne Zoubida Kazi de z_k Haute Couture.

Sur le podium, c’est toute une carte d’Algérie en étoffes précieuses qui se déploie. Le chedda somptueux de Tlemcen, le karakou algerois à la broderie d’or, la robe kabyle éclatante de symboles, le caftan aux lignes impériales, la gandoura fluide et la mlahfa drapée avec majesté : autant de silhouettes qui composent une symphonie textile où chaque région a sa voix, chaque tradition son éclat. Une chorégraphie d’héritages réinventés, où la couture devient récit et le vêtement, territoire.

« Ce que nous avons construit, ce n’est pas un simple défilé », confie Ryan Branci. « C’est une scène où l’Algérie se regarde avec tendresse, se découvre puissante, et se raconte avec fierté ». Tout est dit. Le Fashion Day Dzaïr ne cherche pas à courir derrière les tendances dictées par ailleurs. Il incarne autre chose : une vision souveraine de la beauté, ancrée, assumée, vivante.

Cette édition l’a prouvé avec éclat : ici, le corps féminin n’est pas un cintre, il est langage, mémoire et territoire. Chaque tenue devient une phrase, chaque broderie une intonation. C’est une transmission douce, un poème incarné, un héritage qui se porte, se marche, s’affirme.





Vos réactions

avatar

fatima8R🤦🏼

19 Jun

C'est magnifique

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