Le Grand Palais a changé de peau. Chanel aussi. Pour sa collection Haute Couture automne-hiver 2025-26, la maison parisienne a choisi de suspendre le temps. Sans directeur artistique officiel, le studio interne signe un défilé entre introspection et transmission. Un hommage silencieux à l’héritage de Mademoiselle, en attente du souffle neuf de Matthieu Blazy. Tout commence par un ruban noir, immense, flottant au-dessus des têtes comme une ponctuation muette.
Pas de faste, pas d’effets. Le Salon d’Honneur du Grand Palais devient l’écrin d’un souvenir : celui du 31 rue Cambon. Miroirs biseautés, banquettes écrues, rideaux beiges... Chanel revient à l’essentiel. Ce décor intimiste évoque la chambre d’essayage de Coco, où chaque silhouette se jugeait dans le silence, à la lumière de l’étoffe et du geste.
La femme Chanel de cet hiver n’est pas citadine. Elle n’est pas non plus campagnarde. Elle est une élégante rustique, une muse qui aime le tweed brodé, le mohair en capeline, les manches ballon ou encore les superpositions frangées. On note une série de tailleurs monochromes aux épaules droites, mais toujours souples, avec des jupes longues fendues, accompagnées de bottes épaisses. Ces détails ancrent les silhouettes dans un sol symbolique.
Partout, l’épi de blé s’impose. Dans les broderies, les ceintures, les boutons. Il est le symbole d’un lien à la terre, à la fécondité, à la simplicité. Mademoiselle Chanel le portait comme un porte-bonheur ; ici, il devient une estampille. Jusqu’à la robe de mariée finale, portée par une apparition douce et muette, un bouquet d’épis à la main. Une mariée sans fioriture, mais pleine de sens.
Le travail des ateliers est exceptionnel. Broderies de plumes mêlées à des fils dorés, imitations de fourrure en mohair brossé, transparence de tulle froissé à la main. Mais le propos reste contenu, presque sage. Le studio ne cherche pas à éblouir. Il cherche à raconter une histoire de couture lente, une mode qui se transmet plus qu’elle ne s’impose.
La dernière silhouette clôt le défilé comme une énigme. Ni traîne spectaculaire, ni voile architectural. Juste une robe longue, fluide, presque pastorale. Chanel ne signe pas ici une fin. Elle prépare une respiration. Un espace d’attente. Et le blé, dans les mains de cette mariée, devient l’écho silencieux d’un avenir à semer.
Ce défilé automne-hiver 2025-26 ne brille pas par son audace. Il brille par sa retenue. Un Chanel à voix basse, mais aux gestes sûrs. En attendant Matthieu Blazy, la maison a choisi la mémoire, le lien à la nature, la douceur comme discours. Une élégance cérébrale, presque poétique. Une transition qui se lit comme un murmure, brodé d’or pâle, de mohair, et de symboles fertiles.
Préférez-vous l’audace ou la continuité dans la Haute Couture ? Partagez votre avis en commentaire.
Aucun commentaire pour le moment... Et si vous ouvriez le bal ? Votre avis compte, partagez-le avec nous ! Pour cela, rien de plus simple, connectez-vous en cliquant ici