Samir Kerzabi, créateur emblématique de la mode algérienne, signe une collection inspirée de la mlahfa chaouia, mêlant raffinement contemporain et mémoire ancestrale.
La nouvelle collection du styliste algérien dévoile une ode vibrante aux Aurès, région aux reliefs escarpés, berceau d’une culture à la fois ancestrale et indomptable. En revisitant la mlahfa chaouia, il ne se contente pas d’habiller : il raconte, il célèbre, il transmet. Ce vêtement emblématique, longtemps réservé aux cérémonies et enraciné dans les traditions orales des femmes chaouies, est ici sublimé dans une version contemporaine, sans trahir son âme. Les couleurs terreuses, les broderies manuelles, les étoffes fluides — tout rappelle les montagnes et la fierté de celles qui les habitent. Chaque drapé, savamment travaillé, évoque la dignité farouche des femmes de l’Aurès, leur résilience, leur élégance naturelle. Mais au-delà de la réinterprétation esthétique, cette collection s’inscrit dans une démarche culturelle forte. En choisissant de mettre à l’honneur la mlahfa, souvent marginalisée dans les sphères de la haute couture maghrébine, le créateur offre une visibilité nouvelle à un patrimoine vestimentaire trop longtemps réduit à des clichés folkloriques. Ici, la tradition ne fige pas : elle inspire, elle évolue, elle revendique.
Les détails sont soignés à l’extrême : fils dorés mêlés à des motifs géométriques inspirés des gravures rupestres, ajouts de perles fines pour une touche de modernité, et surtout, une manière de porter la mlahfa qui célèbre le mouvement du corps féminin, sa liberté et sa prestance. Ce n’est plus un simple tissu : c’est une seconde peau, une affirmation identitaire.
Cette ligne, à la fois hommage et manifeste, réconcilie passé et présent. Elle rappelle que la mode peut être un vecteur de mémoire, un outil d’émancipation, et un pont entre les générations. Fidèle à son essence, la mlahfa chaouia devient ici un symbole vivant, intemporel, prêt à conquérir les podiums comme les cœurs.
D’un vert profond et vibrant évoquant les forêts ancestrales, cette pièce se distingue par ses drapés fluides et nobles, ainsi que par ses broderies aux teintes minérales. Elle raconte l’histoire d’une femme enracinée dans ses origines, mais résolument tournée vers l’avenir. Les coupes s’adoucissent, s’adaptent aux silhouettes d’aujourd’hui sans jamais trahir l’âme du vêtement traditionnel.
À travers cette collection, Samir Kerzabi, assume un geste fort : faire de la mode un vecteur de mémoire. La mlahfa, longtemps cantonnée aux cérémonies rurales, devient ici un manifeste d’élégance identitaire, une pièce haute couture. Une manière de rappeler que la culture n’est jamais figée, mais en perpétuelle réinvention.
Portée avec fierté, la mlahfa revue par Samir Kerzabi dépasse la tendance. Elle devient symbole. Entre passé assumé et modernité affirmée, cette collection affirme l’audace d’un créateur qui donne à la femme algérienne une tenue à la mesure de son héritage.
Mimouna89
14 JunLa mlahfia a une allure de reine je craque