Et si l’intelligence artificielle devenait le fil conducteur d’une nouvelle lecture du patrimoine algérien ? Khadidja Bouguedra, jeune styliste venue d’Oran, tisse aujourd’hui des passerelles entre tradition et innovation. Révélée au début des années 2010 comme l'une des premières créatrices à proposer un hijab à la fois moderne, élégant et confortable, elle poursuit son exploration textile avec un pari aussi audacieux que poétique : faire dialoguer les habits emblématiques de l’Algérie – karakou, chedda, burnous – avec les puissants outils de l’intelligence artificielle. Depuis 2023, elle s’empare de la technologie comme d’un atelier virtuel, repoussant les frontières du design pour offrir une vision réinventée de la mode patrimoniale algérienne.
Installée à Oran, Khadidja Bouguedra n’est pas une créatrice comme les autres. Nourrie depuis l’enfance par un amour profond de la couture — peinture sur soie, broderie, crochet, aiguilles et fils transmis par sa mère — elle s’est d’abord fait connaître pour ses collections de hijabs aux coupes amples, aux matières douces et aux couleurs audacieuses. C’est en ne trouvant pas de hijabs à la fois stylés, confortables et adaptés à ses goûts qu’elle a commencé à créer les siens, avant de faire de la mode son véritable terrain d’expression.
En 2023, une nouvelle dimension s’ouvre à elle : celle de l’intelligence artificielle. Curieuse et autodidacte, Khadidja Bouguedra se forme aux outils génératifs et découvre dans cette technologie un puissant vecteur de création visuelle. Loin d’abandonner l’artisanat, elle choisit de le sublimer. L’IA devient alors une extension de sa main, une plateforme pour reconfigurer les contours du vêtement traditionnel, sans jamais en trahir l’âme.
Chaque visuel de ces créations est signé par la marque de Khadidja Bouguedra @mua_khadijab, étiquette créative de la styliste, et incarne sa vision d’une mode patrimoniale augmentée. La muse @amel_kader_muse en est le visage inspirant, tandis que l’outil technologique Midjourney 6.0 vient traduire cette vision en images d’une grande intensité esthétique. Ensemble, ce trio forge un dialogue inédit entre innovation et héritage, où le numérique devient mémoire et projection à la fois.
Le résultat ? Une série d’images oniriques et stylisées, issues de longues heures d’exploration, d’ajustement, de réinterprétation. Khadidja Bouguedra s’attèle à générer une galerie de silhouettes inspirées des grandes pièces du vestiaire algérien. Le karakou se pare de velours pourpre ou émeraude, de sfifas argentées, de perles brodées au fil digital. La gandoura constantinoise se redessine en volutes d’or, tandis que le burnous, drapé comme une cape d’apparat, devient presque cérémonial.
Chaque visuel agit comme une fresque numérique : textures revisitées, volumes accentués, couleurs éclatantes. Ce n’est plus uniquement de la mode, c’est de l’évocation. L’esprit des tenues traditionnelles algériennes reste intact, mais réinterprété à travers un prisme futuriste, parfois surréaliste sans jamais basculer dans la caricature. La créatrice traduit, magnifie, suggère. Une forme d’hommage en pixels.
“Je n’oppose pas la tradition à la technologie, je les fais dialoguer”, confie-t-elle. “L’intelligence artificielle n’est qu’un outil, c’est à nous de décider ce que nous en faisons. Moi, j’ai choisi d’en faire un pont entre générations.”
Parmi les pièces les plus marquantes de cette collection numérique, les interprétations du karakou algérois retiennent particulièrement l’attention. Épaules sculptées façon armure couture, cascades de broderies grenat et or, perlage dense : l’allure évoque les silhouettes de défilés signées Elie Saab ou Zuhair Murad, tout en conservant une esthétique résolument algérienne. Le karakou, symbole d’élégance ancestrale, devient ici manifeste de créativité augmentée.
Bijoux surdimensionnés, coiffures stylisées, jeux de lumière et textures : chaque détail est soigné comme dans une composition picturale. Loin d’être une simple déclinaison numérique, cette série propose une véritable grammaire visuelle contemporaine du patrimoine.
À une époque où les savoir-faire traditionnels sont menacés par l’oubli ou l’uniformisation, Khadidja Bouguedra propose une alternative : donner une nouvelle vie aux codes du passé à travers l’innovation. Sa démarche s’inscrit dans une forme d’archivage créatif, où l’image devient vecteur de transmission et d’émerveillement. L’intelligence artificielle, loin de remplacer l’humain, devient ici le relais d’une mémoire culturelle précieuse.
Plus qu’un exercice de style, c’est un hommage silencieux : l’Algérie a un héritage textile d’une richesse inouïe et ce patrimoine peut, s’il est porté avec audace, séduire les générations futures sans jamais perdre sa profondeur.
Et si le futur de notre patrimoine vestimentaire passait par l’intelligence artificielle ? Avec grâce, respect et inventivité, Khadidja Bouguedra en esquisse les premiers contours.
RDV sur sa page instagram mua_khadijab pour découvrir toutes ses créations
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