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Entre drapés et fibules : la mlahfa chaouia et l'héritage vestimentaire de la Grèce antique

Drapée sur les épaules des femmes chaouies comme sur celles des Grecques antiques, la mlahfa rappelle étrangement le péplos, entre élégance et héritage.

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À première vue, tout les sépare : d’un côté, les montagnes des Aurès, refuge séculaire du peuple chaoui ; de l’autre, les agoras et les demeures aristocratiques de la Grèce antique. Et pourtant, à bien y regarder, la mlahfa chaouia, vêtement ancestral porté par les femmes des Aurès, partage bien des points communs avec certaines tenues grecques antiques.



Deux tissus, une même philosophie du vêtement

Le péplos grec, pièce de tissu rectangulaire en laine ou lin, était simplement enroulé autour du corps, fixé à l’aide de fibules au niveau des épaules, parfois ceinturé à la taille. Il ne comportait ni couture complexe, ni découpe. La mlahfa chaouia suit exactement ce même principe : un grand drap enroulé, attaché aux épaules ou au niveau de la poitrine à l’aide d’épinglettes, souvent en argent, gravées de motifs berbères.

Une silhouette intemporelle

La similarité des lignes saute aux yeux : une silhouette allongée, fluide, sans couture, qui met en valeur la verticalité du corps. La mlahfa, comme le péplos, sublime sans contraindre. Le tissu flotte, épouse les mouvements, porte la femme avec majesté.

Fibules : des bijoux fonctionnels hérités de l’Antiquité

Autre point de jonction remarquable : l’usage de fibules ou d’épingles pour maintenir le vêtement en place. Dans la tradition chaouie, ces attaches sont souvent richement décorées, en argent, gravées de symboles amazighs. Dans le monde romain, les fibules, simples ou ornées, étaient des accessoires utilitaires devenus bijoux. Cette analogie suggère non seulement une similarité technique, mais aussi une esthétique partagée de l’attache comme ornement.

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Une parenté culturelle méditerranéenne ?

Si aucune preuve directe ne peut établir une filiation historique entre le péplos grec et la mlahfa chaouia, il est indéniable que ces tenues partagent une conception vestimentaire similaire, probablement nourrie par les échanges méditerranéens anciens. L’Afrique du Nord, au carrefour des civilisations grecque, romaine, phénicienne et berbère, fut un terreau d’influences croisées. Il est tout à fait plausible que certaines coutumes vestimentaires aient été assimilées, digérées, réinterprétées au fil des siècles. La mlahfa ne serait donc pas une copie, mais peut-être une héritière transformée d’un métissage culturel profond.

Portée aujourd’hui dans les grandes occasions, la mlahfa chaouia reste un marqueur identitaire fort. Elle est la mémoire vivante d’un peuple, mais aussi le témoignage silencieux d’un dialogue ancien entre cultures. En elle se tissent les fils de l’histoire : ceux des Berbères, des Grecques, et de toutes les femmes qui, de l’Antiquité à aujourd’hui, ont trouvé dans le vêtement une forme d’expression et de fierté. Comme le péplos, elle raconte une histoire de femmes libres, fières, enracinées, qui ont su faire du tissu un manifeste d’élégance et d’identité.

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>> Voir aussi : Samir Kerzabi réinvente la mlahfa chaouia dans sa nouvelle collection <<




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