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El Haïk, l’étoffe blanche symbole de pudeur et d’histoire

Du quotidien des ruelles d’Alger aux luttes de libération, le haïk incarne à la fois la grâce féminine, la tradition et la résistance.

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Longue de près de 6 mètres et drapée avec soin, le haïk est plus qu’un simple voile : c’est un miroir de notre histoire, un marqueur social et un rituel de beauté. Qu’on le porte en blanc immaculé dans l’ouest et au centre ou en noir (m’laya) à Constantine, cette étoffe tissée de coton, de laine ou de soie raconte l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui.



Origines et variations régionales

Le haïk naît sans doute au XVIᵉ siècle, sous l’influence ottomane, puis se décline selon les régions :

  • El Haïk El-Kssa : laine fine pour un drapé dense.
  • El Haïk El-Meremma : mousseline de soie, plus léger et brodé de fils d’or ou d’argent.
  • Le Houiek : mélange de soie et coton, réservé aux jeunes mariées la veille des noces.
À Constantine, la version noire, la m’laya, est portée en signe de deuil depuis 1792, en mémoire de Salah Bey.

Fonction sociale et symbolique

Au-delà de la pudeur, le haïk servait à :

  • Protéger la peau du soleil et du regard extérieur.
  • Masquer bijoux et attributs de richesse, tout en proclamant son rang social.
  • Agir comme talisman contre le mauvais œil.
Pendant la guerre d’indépendance, il devint aussi tenue de camouflage et de solidarité féminine face aux fouilles coloniales.

Esthétisme et modernité

Aujourd’hui, le haïk connaît un regain d’intérêt :

  • Des créateurs revisitent ses plis et ses volumes, l’associent à des tissus contemporains ou à des teintes douces.
  • Des projets culturels, comme Miss Hayeb en 2013 ou comme le spectacle « À la mémoire du haïk » à l’Opéra d’Alger, mettent en scène sa beauté intemporelle.
Plus qu’un voile, il devient accessoire de mode, symbole de l’Algérie qui assume son passé tout en regardant vers l’avenir.

Transmission et préservation

Pour ne pas le laisser tomber dans l’oubli, associations et musées (Médéa, Constantine) organisent ateliers et expositions. Sur TikTok, des jeunes partagent des tutoriels de nouage, prouvant que le haïk reste un patrimoine vivant.

Le haïk, qu’il soit blanc ou noir, est l’étoffe d’une histoire plurielle : celle de la féminité algérienne, de ses codes sociaux et de sa résistance. En le portant ou en le revisitant, nous honorons une tradition tissée de fierté et de poésie.





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