Le karakou est le vêtement traditionnel emblématique de la femme algéroise, symbole de raffinement et de fierté. Né à Alger au XVe siècle, il est aujourd’hui porté aux quatre coins du pays et rassemble les Algériennes autour d’un patrimoine commun. Récit d’un vêtement mythique.
À l’origine, le karakou était porté par l’aristocratie algéroise lors de fêtes, de mariages ou de cérémonies telles que les circoncisions. Ce vêtement, riche d’une histoire séculaire, s’est enrichi d’influences ottomanes, berbères et andalouses. Il reflète à merveille le raffinement des femmes d’Alger.
Le karakou est composé d’une veste en velours brodée au fil d’or, confectionnée par des artisans spécialisés. Deux techniques de broderie y sont employées : le mejboud et la fetla. Le bas du costume est traditionnellement un pantalon maghrébin, avec deux variantes principales :
Aujourd’hui, le mot « karakou » désigne souvent uniquement la veste, que les jeunes femmes n’hésitent plus à associer à des pantalons ou des jupes de style occidental. Les broderies sont modernisées par l’ajout de perles, de cristaux et d’éléments lumineux.
Chaque karakou est une pièce unique dont la confection peut durer plus d’une année. La broderie est réalisée sur du velours de qualité supérieure, choisi pour sa résistance au poids des fils métalliques. Une doublure intérieure est parfois nécessaire pour renforcer la structure de la veste.
Appelé ghlila au XVe siècle, ce vêtement est devenu au fil du temps le « karakou algérois ». La différence majeure réside dans la coupe : la ghlila possède un décolleté, tandis que le karakou est cintré à la taille. Les broderies, souvent linéaires et géométriques, reprennent des motifs de végétaux ou des rosaces issues des kabbut (vestes masculines décorées au fil d’or).
Le karakou des années 1930 associe un buste à basques d’inspiration européenne à des manches héritées de la ghlila djabadouli algéroise. L’ornementation rappelle celle des cabans masculins. Un siècle après la conquête d’Alger, le vêtement a évolué. La version de cérémonie devient plus rare mais subsiste.
Dans les années 1950, les broderies circulaires laissent place à des décorations plus simples, avec des petits boutons alignés. La forme cintrée du karakou demeure, mais un modèle court et droit, proche du boléro sans manches, apparaît.
Après 1962, le renouveau du karakou accompagne l’amélioration du niveau de vie. Les coupes se diversifient : manches courtes, décolletés variés, motifs floraux, papillons, oiseaux, paillettes et perles colorées. Dans les années 1980, un modèle printanier plus imposant refait surface, avec la coupe cintrée et évasée traditionnelle. Les broderies végétales sont toujours réalisées à la fetla ou au mejboud.
Mais certains experts regrettent une perte de finesse dans les broderies actuelles, comparées à celles des siècles passés. Alger, plus que Tlemcen ou Constantine, a vu son artisanat se raréfier sous la colonisation, affectant aussi la qualité des velours et des fils métalliques.
Le succès du karakou dépasse les frontières. Des Marocaines de l’Est l’intègrent désormais dans leur trousseau. Des créateurs de renom comme Elie Saab, Elsa Schiaparelli ou Valentino s’en sont inspirés. Le premier à l’avoir révélé au monde fut Yves Saint Laurent, natif d’Oran, qui a puisé dans l’esthétique algérienne pour enrichir la mode internationale.
Le karakou reste ainsi un vêtement d’exception, fruit d’un artisanat précieux, d’un héritage tissé de velours, d’or et de mémoire.
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