Filter




Dzirielle > perso > couple

« J’étais partie… et je suis revenue »: l’histoire vraie d’un retour vers l’enfer conjugal

Chaque semaine, une Dziriella se livre sans filtre. Témoignages vrais, intimes et puissants — parce que vos histoires méritent d’être entendues.

temoignage-nora-violence-conjugale-relation-toxique
©



Nora pensait avoir tourné la page. Mais l’amour, quand il est piégé dans la violence, sait se déguiser pour mieux reprendre ses droits.

Par Nora, 39 ans

Je m'appelle Nora. J'ai trente-neuf ans, deux enfants, et une histoire que j’ai longtemps cachée derrière des sourires polis. Pendant des années, j’ai porté le masque de la femme forte, de la mère parfaite, de l’épouse loyale. Mais à l’intérieur, je me vidais. J’étais en train de disparaître à petit feu.

Quand j’ai rencontré mon mari, j’étais jeune et amoureuse. Je venais de décrocher un poste d’assistante de direction. Lui était plus âgé, sûr de lui, et avait cette manière de me faire sentir spéciale. Très vite, il m’a demandé d’arrêter de travailler. « Tu n’as pas besoin de ça. Je m’occupe de toi. » Au début, j’ai cru que c’était de l’amour. J’ai cru que se sacrifier, c’était normal. Qu’une bonne épouse devait tout donner.

Mais avec le temps, les gestes ont changé. Il contrôlait mes sorties, mon téléphone, mes vêtements. Il me répétait que j’étais chanceuse d’avoir un homme comme lui, que sans lui, je ne serais rien. Et moi, je le croyais. Parce que quand on t’enferme lentement, tu ne vois pas les barreaux. Tu crois que c’est ça, la vie.

La première gifle

Je me souviens exactement de ce soir-là. Il rentrait tard, fatigué, nerveux. Les enfants étaient malades, je n’avais pas eu le temps de préparer le dîner comme il aimait. Et là, sans prévenir, il a levé la main. Une gifle. Violente. Sèche. Le bruit a claqué dans la pièce comme un orage. J’ai senti le goût du sang dans ma bouche. J’ai regardé ses yeux. Il n’y avait plus d’amour. Juste du mépris.

Le lendemain, il pleurait. Il s’excusait. Il jurait que ce n’était pas lui. Qu’il était dépassé. Qu’il m’aimait. Et moi ? J’étais tétanisée. J’ai pris mes enfants et je suis partie. Chez ma sœur, en urgence. Je tremblais encore.


Trois ans loin de lui

J’ai tenu bon. J’ai trouvé un petit appartement. Une assistante sociale m’a aidée à reprendre pied. J’ai trouvé un travail à mi-temps, j’ai réappris à vivre, à rire, à respirer. Mes enfants allaient mieux. Moi aussi. Je pensais que c’était fini.

Mais il a recommencé à m’appeler. Au début, c’était pour les enfants. Puis pour prendre de mes nouvelles. Il était doux. Patient. Il disait avoir changé. Qu’il avait fait une thérapie. Qu’il regrettait. Il parlait comme au premier jour. Et moi, je n’étais pas si forte. Je voulais croire. Je voulais une famille. Je voulais recoller les morceaux.

Le retour

Je suis retournée vivre avec lui. Trois ans après l’avoir quitté. C’était un dimanche d’hiver. Je m’en souviens parce que j’avais cette boule au ventre que je refusais d’écouter. Je me disais que c’était la peur normale du changement. En vérité, c’était mon instinct qui criait.

Les premiers jours, il était attentionné. Il m’aidait, me couvrait de cadeaux. Il me présentait comme « la femme de sa vie ». Mais très vite, les vieilles habitudes sont revenues. Les critiques. Les regards. Les silences lourds. Puis, un soir, les cris. Et de nouveau, la violence. Moins brutale, mais toujours là. Dans ses mots, dans son regard, dans sa manière de me tenir par le bras juste un peu trop fort.

Je me suis sentie tellement idiote. Coupable. J’avais trahi mes enfants. Je m’étais trahie moi-même. Je me disais : « Tu savais. Tu as choisi de revenir. Tu l’as laissé recommencer. » Je me haïssais presque autant que je le craignais.

L'enfer en silence

Je ne pouvais plus parler à mes proches. J’avais honte. Honte d’avoir cru. Honte d’être retombée. Alors je souriais. Je disais que tout allait bien. Je me coupais peu à peu de tout le monde. J’étais seule. Seule avec ma peur, mon dégoût de moi, et cette routine qui me broyait.

Il ne me frappait plus autant. Mais il savait comment me faire mal autrement. Il savait me faire sentir inutile, laide, folle. Il disait que j’exagérais, que j’étais instable. Et parfois, je le croyais. C’est ça, le plus cruel dans l’emprise : tu finis par douter de toi plus que de lui.

Un souffle nouveau

Un jour, une collègue m’a dit doucement : « Tu veux qu’on parle ? » Je ne sais pas pourquoi j’ai dit oui. Peut-être parce que j’étais au bord. Peut-être parce qu’elle n’avait pas l’air de me juger. Elle m’a écoutée. M’a crue. Elle m’a donné l’adresse d’une association. J’y suis allée. En cachette. Le cœur battant. Mais j’y suis retournée. Encore. Et encore.

J’y ai rencontré d’autres femmes. D’autres histoires. Et je me suis reconnue dans chacune. J’ai cessé de me croire folle. J’ai compris que je n’étais pas seule. Que ce que je vivais avait un nom : la violence conjugale. L’emprise. Le cycle. Et j’ai commencé, doucement, à rêver de nouveau départ.



Un pas après l'autre

Je n’ai pas tout quitté du jour au lendemain. Ce serait mentir. Il m’a fallu des mois. Des allers-retours. Des doutes. Des nuits blanches. Mais un jour, j’ai su que c’était fini. Je n’avais plus peur de vivre seule. J’avais peur de mourir à ses côtés.

J’ai retrouvé un logement. Les enfants m’ont suivie. Cette fois, j’ai fermé la porte. Pas dans le bruit. Pas dans les cris. Mais dans le calme. Le silence d’une décision mûrie. Définitive.

On ne guérit jamais !

Je vis encore avec les cicatrices. Les siennes. Les miennes. Aujourd'hui,on est séparé et j'espère à jamais, il vit comme un clochard, il se laisse aller, il déprime, ne prend plus soin de lui, alors qu'avec moi, il était comme un prince. Pourquoi tout ce gâchis, a-t-il une maladie mentale, un trauma ? J'ai trop cherché à comprendre, mais maintenant je sais que je ne comprendrai jamais, je ne vois plus que moi. Je me bats avec la culpabilité, avec les souvenirs. Mais je suis debout. Libre. Et chaque jour, je respire un peu plus fort. Je me réapprends. Je me reconstruis. Et j’en parle. Parce que je sais qu’une femme qui lit ce texte se reconnaîtra peut-être. Et si elle hésite encore, je veux lui dire ceci :

Tu n’es pas folle. Tu n’es pas faible. Tu es prisonnière d’un mensonge qu’on t’a imposé. Mais il y a une vie dehors. Une vraie. Où tu peux exister sans peur. Et tu mérites cette vie-là. Comme moi. Comme nous toutes.



À LIRE AUSSI

Love love love… et couin couin couin ! Mon quotidien romantique avec PCBLC

Love love love… et couin couin couin ! Mon quotidien romantique avec PCBLC

... Lire l'article

Quand l’amour devient un poison : ces signes que vous ne devez plus ignorer

Quand l’amour devient un poison : ces signes que vous ne devez plus ignorer

Au début, il y avait des rires, des promesses, des étoiles plein les yeux. Elle pensait avoir trouvé celui qui allait la protéger, l... Lire l'article

Ma belle-mère me hait ! Histoire (presque) ordinaire d’un duel silencieux

Ma belle-mère me hait ! Histoire (presque) ordinaire d’un duel silencieux

Entre regards glacés et phrases piquantes, ma belle-mère me fait la guerre en silence. Une histoire banale… ou presque.... Lire l'article

Quand les silences font plus de bruit que les mots : Yasmine, prisonnière d’un dialogue perdu

Quand les silences font plus de bruit que les mots : Yasmine, prisonnière d’un dialogue perdu

Elle vit à ses côtés, mais ne l’entend plus. Yasmine est enfermée dans un couple où les silences crient plus fort que les mots.... Lire l'article

Au-delà du coup de foudre : l’art de faire durer un couple

Au-delà du coup de foudre : l’art de faire durer un couple

Passion ou raison, amour libre ou mariage arrangé... Et s’il n’existait pas un modèle parfait, mais plutôt un art de durer à deux ? ... Lire l'article

Je gagne plus que mon compagnon : comment gérer l’impact sur le couple ?

Je gagne plus que mon compagnon : comment gérer l’impact sur le couple ?

Quand la balance financière du couple penche de votre côté, comment préserver l’équilibre, l’harmonie et l’amour ? Découvrez nos con... Lire l'article

L’homme idéal selon quatre femmes : entre rêve et réalité

L’homme idéal selon quatre femmes : entre rêve et réalité

Quatre femmes dessinent, chacune à leur façon, le portrait de l’homme idéal. Entre espérance, lucidité et tendresse.... Lire l'article

Couples en façade : quand sauver les apparences devient une stratégie silencieuse

Couples en façade : quand sauver les apparences devient une stratégie silencieuse

Ils sourient sur toutes leurs photos. En soirée, ils ne se lâchent pas d'une semelle. Pourtant, une fois la porte close, c'est le si... Lire l'article

Trop fiers pour tolérer la réussite des femmes ?

Trop fiers pour tolérer la réussite des femmes ?

Dans certains couples, la promotion professionnelle d’une femme n’est pas vécue comme une fierté, mais comme une menace. Quand l’égo masculin s’en mêle...... Lire l'article

Quand l’homme idéal devient votre plus grande erreur

Quand l’homme idéal devient votre plus grande erreur

"Je croyais que l’argent faisait le bonheur. Je croyais surtout que l’argent était la preuve de l’amour. Aujourd’hui, je sais que j’avais tort. Terriblement tort." ... Lire l'article

Femme solaire, homme vampire : les liaisons dangereuses

Femme solaire, homme vampire : les liaisons dangereuses

Elle rayonne, il absorbe. Elle donne, il prend. Certaines relations ne subliment pas... elles épuisent.... Lire l'article