Elle était de celles qu’on n’oublie pas. Une voix chaude, un regard perçant, une présence magnétique. Kaoutar Boudarraja, figure emblématique des médias maghrébins, s’est éteinte ce vendredi 27 juin 2025, des suites d’un cancer contre lequel elle luttait dans l’ombre, avec une pudeur rare dans un monde d’images et d’expositions permanentes.
Depuis plus d’un an, la journaliste et animatrice menait un combat silencieux contre la maladie. Très peu savaient. C’était son choix. Elle ne voulait ni compassion ni rumeurs, seulement vivre pleinement, intensément, chaque instant, loin des projecteurs qu’elle avait pourtant si bien apprivoisés au fil des années. Ce vendredi, la nouvelle de son décès, confirmée par ses proches et relayée par plusieurs médias marocains et tunisiens, a ému une vaste communauté de téléspectateurs, de collègues et de fans à travers tout le Maghreb.
Tout commence en 2007. Le public découvre une jeune femme au charisme certain dans Star Academy Maghreb. Ce n’est pas la musique qui la propulsera sur le devant de la scène, mais bien cette prestance, cette aisance naturelle face à la caméra, ce mélange de douceur et de force qui capte l’attention. Nessma TV ne s’y trompe pas : elle devient l’un de ses visages phares.
Elle enchaîne les projets, se réinvente à chaque émission. On la retrouve chroniqueuse dans Ness Nessma, où elle parle mode, culture, société. Puis vient Interdit aux hommes, un talk-show audacieux et féminin, diffusé en prime time. Le titre seul est déjà un manifeste. L’émission devient rapidement un lieu de parole, de débats, de liberté.
Kaoutar Boudarraja n’était pas une animatrice de plus. Elle était un souffle nouveau. Son franc-parler, son engagement pour les femmes, sa capacité à aborder des sujets tabous sans détour, ont fait d’elle une figure respectée et admirée. Polyglotte, cultivée, elle avait ce talent rare de naviguer entre les langues, les cultures, les formats, sans jamais trahir son authenticité.
Née à Casablanca dans une famille modeste, elle n’a jamais caché ses blessures intimes. L’absence du père, les épreuves de l’enfance, les choix difficiles. Elle en parlait sans pathos, avec lucidité, comme pour dire : "regardez ce qu’on peut devenir malgré tout".
On se souvient aussi de ses interventions marquantes dans Arab Presenter, où elle avait ému le jury par sa sincérité. Ou encore de ses voyages dans des zones de tension, comme au Kurdistan, pour réaliser des reportages engagés. Elle ne cherchait pas la facilité, elle choisissait la vérité. Toujours.
Au fil des années, elle s’était imposée comme une référence féminine dans l’audiovisuel maghrébin, sans jamais verser dans la caricature. Elle prônait une féminité forte, sans concession. Une voix qui portait, qui dérangeait parfois, mais qui ouvrait toujours des portes.
La disparition de Kaoutar laisse un vide. Pas seulement sur les plateaux de télévision, mais dans cet espace symbolique où les femmes du Maghreb pouvaient enfin se dire, s’écouter, se montrer sous toutes leurs facettes. Son courage, sa dignité, son indépendance intellectuelle ont inspiré toute une génération de jeunes femmes qui rêvent de s’exprimer autrement.
À l’heure où les voix libres se font parfois rares, la sienne nous manquera cruellement. Elle s’éteint à 42 ans, trop tôt laissant dernière elle un mari et un jeune garçon. Un héritage de paroles fortes, de silences éloquents et d’audace assumée.
Que ton dernier voyage soit doux, Kao. Tu restes une étoile dans notre ciel médiatique.
L’annonce du décès de Kaouthar a suscité une vive émotion, relayée par de nombreuses personnalités algériennes. Voici quelques extraits :
bibiam
29 Junune pensée pour son fils surtout qui ne reverra plus sa maman c triste. Rebi yrahamha