Difficile de surmonter l’épreuve d’une fausse couche, un sujet encore tabou dans notre société, qui empêche souvent les femmes de s’exprimer librement. Pourtant, parler de cette expérience est essentiel pour faire son deuil, avancer avec son partenaire, et préserver l'équilibre de sa famille.
Les conséquences psychologiques d’une fausse couche sont souvent sous-estimées. « Les gens minimisent l’importance des souffrances liées aux fausses couches, pourtant elles sont bien réelles », explique la psychologue Malika Belaroussi-Belkacem. « Il est important de pouvoir en discuter afin d’accepter ce qui vient de se produire et de faire le deuil, avec son époux mais aussi avec les enfants si le couple en a. »
La fausse couche, même si elle est fréquente, peut provoquer une remise en question, un sentiment d’échec et de profonde solitude.
Après une fausse couche, nombreuses sont les femmes qui se sentent coupables. Certaines phrases maladroites peuvent blesser davantage, comme : « Tu es encore jeune, tu en auras d’autres » ou « Fais vite un autre bébé pour oublier ». La pression de la famille peut accentuer la douleur, comme en témoigne Nedjma, 33 ans :
« Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’étais euphorique. Puis, j’ai eu des pertes de sang. Ma gynécologue m’a envoyée faire une échographie. Le médecin n’a pas trouvé de fœtus, il s’agissait d’un œuf clair. J’étais sous le choc. Quand mon mari l’a appris, il en a parlé à sa mère. Peu après, sa cousine m’a bombardée de questions : ‘As-tu porté des choses lourdes ?’, ‘As-tu pris des médicaments ?’… J’étais dévastée. Ce n’est que grâce à ma tante, qui a vécu plusieurs fausses couches, que j’ai pu me reconstruire. Elle m’a dit que je n’étais pas responsable, que je devais m’en remettre à Dieu. Trois mois après, je suis retombée enceinte. Aujourd’hui, je suis maman d’un petit garçon de 17 mois. »
« Il faut pouvoir exprimer sa peine, pleurer, crier, verbaliser… Cela aide à faire le deuil et à vivre plus sereinement une future grossesse », souligne la psychologue. Elle met en garde contre un autre piège : celui de vouloir concevoir trop vite un autre enfant en guise de consolation, car cela peut entraîner des comparaisons inconscientes nuisibles pour l’équilibre du nouvel enfant.
Le couple et les enfants existants peuvent également être affectés par cette épreuve. Il est important, selon la psychologue, d’informer les enfants de manière adaptée : « Il faut leur dire que le bébé à naître n’est plus. Cela les aide à comprendre et à ne pas absorber les angoisses de leur mère. »
Sofia, 38 ans, raconte :
« Après ma fausse couche, je reprochais à mon mari son indifférence. Je souffrais physiquement et psychiquement, et je ne comprenais pas son silence. J’ai décidé de consulter une psychologue. Elle m’a expliqué que chacun a sa manière d’exprimer la tristesse. Grâce à elle, j’ai compris que mon mari souffrait lui aussi. Cela a sauvé notre couple. »
Chacune vit cette perte à sa manière : certaines se tournent vers la religion, d’autres vers un professionnel, ou cherchent le soutien de femmes ayant traversé la même épreuve. Mais une chose est certaine : il faut en parler. Se taire, c’est s’enfermer. Exprimer sa douleur, c’est déjà commencer à guérir.
En Algérie, la fausse couche reste un sujet peu abordé dans les médias comme dans les familles. Il n’existe actuellement aucune politique publique claire de soutien psychologique post-fausses couches. La prise en charge se limite souvent à un suivi gynécologique, et les femmes repartent chez elles sans orientation vers une cellule d’écoute ou un professionnel de santé mentale. Pourtant, selon un rapport interne de la Société Algérienne de Gynécologie, environ 1 femme sur 4 connaît une interruption spontanée de grossesse au cours de sa vie reproductive. Faute de cadre médical et légal adapté, de nombreuses femmes souffrent en silence. Des collectifs de femmes commencent toutefois à émerger sur les réseaux sociaux pour témoigner et échanger, amorçant une prise de conscience encore fragile mais bien réelle.
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