Des masques à porter avec des caftans : quand la tradition épouse la protection

Il y a encore quelques semaines, l’idée d’associer un masque à un caftan relevait de la fiction. Aujourd’hui, en pleine ère post-pandémie, cet accessoire devenu essentiel s'invite dans l’univers de la mode traditionnelle. Stylisé, brodé, pensé comme une extension du vêtement, le masque se transforme en objet de style. Et certains créateurs algériens en ont fait une véritable signature.

Quand la pandémie rencontre la couture

De nombreux stylistes algériens se sont récemment lancés dans la confection de masques fashion, à la croisée de la sécurité sanitaire et de l’élégance. Si leur efficacité varie – certains évoquant même des ressemblances avec des mlayas portées autrefois avec le haïk – leur intention est claire : faire du masque un accessoire digne d’une tenue traditionnelle.

La maison de couture Neirouz, dirigée par la styliste Manel Bouguerra, a créé l’événement avec un caftan bleu ciel somptueusement brodé, assorti d’un masque coordonné. Présentée dans une vidéo en partenariat avec le magazine LFOUG, cette création a fait le tour des réseaux. Sur le visage du mannequin, le masque brodé devient un symbole d’élégance et de responsabilité. Même si la propagation du virus a ralenti, les gestes barrières restent d’actualité – et la mode s’y adapte.

Jean Paul Gaultier et les masques iconiques

Sur la scène internationale, d’autres créateurs se sont également prêtés à l’exercice. Jean Paul Gaultier a récemment dévoilé sur Instagram une série de masques haute couture rendant hommage à ses créations les plus mythiques : un masque zippé inspiré de son blouson en cuir iconique, un autre corseté satiné rappelant la silhouette culte popularisée par Madonna. Une manière spectaculaire d’ancrer le masque dans la culture mode contemporaine.

Le masque en tissu : un style, mais quelle efficacité ?

Comme évoqué dans notre article « Masque en tissu : ce que vous devez absolument savoir », le masque en tissu ne protège pas aussi efficacement que les modèles chirurgicaux ou FFP2. Cependant, lorsqu’il est fabriqué avec des matières serrées et plusieurs couches (deux ou trois), il constitue une barrière convenable, tout en étant lavable et réutilisable. Et s’il est joli, il est surtout plus facile à porter au quotidien.

Pourquoi cet engouement pour les masques stylisés ?

L’objectif est simple : encourager le port du masque, notamment chez les jeunes, en le rendant désirable. Car plus il est intégré aux codes esthétiques de la mode, plus il devient accepté, voire revendiqué. En Asie, le masque est un réflexe collectif depuis des années. Et l’exemple est parlant : là-bas, sa banalisation dès les premiers cas a sans doute permis d’enrayer plus rapidement la propagation du virus.

En Algérie, malgré un bilan officiel plus modéré qu’en Europe, la population reste profondément marquée par la pandémie. Le décès tragique du docteur Wafa Boudissa, enceinte de sept mois et privée de congé exceptionnel, a suscité une immense émotion nationale. Son histoire a ravivé la conscience collective, rappelant que le virus, invisible, peut frapper même les plus dévoués.

Un accessoire de protection… et de revendication esthétique ?

Le masque est d’abord un geste de protection. Mais il devient aussi un statement, un prolongement de notre identité. Aujourd’hui, peut-il entrer dans la sphère mode à part entière, au même titre que les gants ou le foulard ? L’avenir nous le dira.

Et vous, porteriez-vous un masque assorti à votre caftan ? Dites-le-nous en commentaires ou sur nos réseaux avec le hashtag #CoronaStyle.