Amaria Lingerie dévoile sa collection de lingerie fine à Alger : Une première en Algérie

Née à Tlemcen, l’un des joyaux culturels de l’Algérie, Amaria quitte son pays natal avec sa famille en 1962, dans les tourments de l’Histoire. Très tôt, la couture entre dans sa vie comme une évidence. Sa mère, couturière autodidacte, lui transmet l’art du fil, du tissu, et du détail bien fait. À 15 ans seulement, Amaria réalise ses premières robes de soirée : une passion est née, viscérale, instinctive.

À 40 ans, forte d’une créativité mûrie dans l’ombre, elle décide de franchir un cap. En 2003, elle présente pour la première fois ses créations lors d’un défilé marquant les esprits. Le succès est immédiat. Deux ans plus tard, elle fonde officiellement sa société Amaria Lingerie, installée dans le nord de la France. Un projet mûri avec patience, construit avec exigence.

L’Algérie dans le cœur, le style dans les doigts

En 2005, elle revient à Alger pour y présenter ses dernières créations lors d’un somptueux défilé. Un événement hautement symbolique, dédié à toutes les femmes algériennes. Fidèle à sa ligne de conduite, elle précise : «Tout a été pensé dans le respect des mœurs, des mentalités et des traditions». Chez Amaria, la lingerie n’est jamais un artifice provocant. Elle est un hommage. Une ode à la féminité, entre pudeur et raffinement, entre Orient et Occident.

Sa signature?? Des caracos brodés, des nuisettes fluides, des shortys en soie sauvage de Chine, des djellabas en velours, des pyjamas luxueux. Le tout dans des teintes vibrantes : turquoise, orange, rose vif. La matière est noble, la coupe étudiée, la ligne pensée pour magnifier sans jamais réduire. Pour Amaria, la séduction ne passe pas par l’exhibition. «Rien de trop sexy, ni de provocant», insiste-t-elle. Une posture rare dans l’univers de la lingerie, trop souvent obnubilé par les clichés de la femme-objet.

Sur la page d’accueil de son blog, une citation résume à merveille son approche : «La lingerie ne permet pas seulement de porter un regard sans complexe sur les stratégies actuelles de l'apparence et de la séduction. Elle renvoie également aux arcanes de la féminité instituée dans ses codes […] Elle en est une image mais un double acteur par son pouvoir de façonner les corps et sa facilité à se montrer sous les dessus».

Chez Amaria, chaque pièce semble porter cette philosophie. Une lingerie pensée pour soi, pas pour le regard de l’autre. Une seconde peau choisie, affirmée, assumée.

La "tesdera" (trousseau nuptial traditionnel algérien) trouve ainsi une résonance contemporaine grâce à Amaria. Sa lingerie y occupe désormais une place d’honneur, à la croisée des héritages et des désirs modernes. Un pont entre générations, entre pays, entre femmes.