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Wahiba, née sous X : «J'aime l'idée d'être une enfant de l'Algérie»

Posté par moumout · 14 réponses · 3.1k vues

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moumout · 14 décembre 2013 à 23:47

Wahiba, née sous X. Présidente de l’association L’innocence des enfants abandonnés rn«J’aime l’idée d’être une enfant de l’Algérie»

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© photo : b. souhil

Wahiba, 46 ans, née sous X, ose une courageuse mise à nu. Elle raconte sa vie, le mensonge dans lequel elle a grandi, la vérité qu’elle a mis du temps à accepter, ses galères, sa quête de vérité pour dire «halte à la stigmatisation» de ces enfants injustement appelés «bâtards ou enfants du péché».
Je n’ai aucun complexe à dire que je suis une fille de la DAS (direction de l’action sociale, ndlr), je refuse de vivre plus longtemps dans la honte. Vous pouvez me prendre en photo et le dire à tous les Algériens.» D’un ton saccadé, une voix discordante s’élève pour briser les non-dits. Le regard noir perçant, Wahiba, 46 ans, première Algérienne née sous X à créer une association pour les enfants abandonnés, poursuit : «Je n’ai commis aucun crime et je n’ai pas à payer la forfaiture commise par d’autres.» Wahiba parle fort et déborde d’assurance : «Je pleurais beaucoup avant. Maintenant, j’ai l’impression de naître… enfin !» Elle sourit souvent, comme pour savourer la revanche qu’elle prend sur des années de silence et de secrets surtout. Sur son visage, cerné d’un foulard qu’elle réajuste souvent avec nervosité, se lit le dépit. «Je ne veux pas savoir qui sont mes parents, je veux qu’on cesse de me juger et de m’agresser pour des fautes que je n’ai pas commises»
D’un ton presque colérique, Wahiba tranche encore : «A l’école, ils ont brisé ma vie !» Pour dévoiler l’injustice que subissent ces milliers d’enfants algériens nés hors mariage, Wahiba ose une courageuse mise à nu. Elle raconte sa vie, le mensonge dans lequel elle a grandi, la vérité qu’elle a mis du temps à accepter, ses galères, sa quête de vérité. Elle en parle parfois avec retenue, d’autres fois avec mélancolie, sans jamais chercher ses mots. Wahiba en a gros sur le cœur et lâche tout en vrac : «Nous vivons tous avec un point d’interrogation.» «J’ai eu la chance d’avoir une famille d’accueil, mais j’ai très vite été rattrapée par ma condition.» Celle d’enfant abandonné.
Extrait de naissance trafiqué pour aller à l’école Née le 10 juillet 1967 à Blida, Wahiba est recueillie par une nourrice de la DAS qui prend le pari de l’élever comme sa propre fille. «Toute mon enfance, ma mère adoptive a été bienveillante et attentionnée. J’aurais jamais pensé que moi ou ses autres enfants n’étions que des enfants abandonnés qu’elle a recueillis.» Petite fille joyeuse et malicieuse, Wahiba grandit dans sa famille d’accueil à Kouba, presque comme une enfant «normale». «A l’époque, je m’appelais Nadéra. C’est comme ça que ma mère adoptive m’avait prénommée. J’étais une enfant heureuse, curieuse, j’adorais l’école.» Pour remédier à une faille juridique qui ne donne aucun statut aux enfants abandonnés, la mère adoptive de Wahiba n’hésite pas à acheter des extraits de naissance vierges qu’elle falsifie pour l’inscrire à l’état civil et lui permettre ainsi d’être scolarisée. Les années passent, Wahiba va à l’école sans se douter du pire. Un jour, tout bascule : «Deux jours avant l’examen du BEM, mes enseignants et le directeur de l’école m’ont convoquée pour m’annoncer que je ne pouvais pas passer l’examen parce que je suis une enfant née sous X.» Wahiba, qui a alors 14 ans, pleure, se débat et hurle en rentrant chez elle.
Sa mère adoptive la rassure : «Ce n’est pas vrai, je suis ta vraie mère», lui répète-t-elle. Wahiba la croit mais ne retournera plus à l’école. «Ma mère adoptive n’a jamais voulu m’avouer qu’elle n’était pas ma vraie mère. Elle jurait que j’étais ‘‘l’enfant de son ventre’’. Elle m’a longtemps fait vivre dans le doute et le mensonge qu’elle a emporté jusque dans sa tombe. Ce n’est qu’après sa mort que j’ai eu les preuves formelles de ma situation.» A la levée du corps de sa mère adoptive, soit un jour après son décès, Wahiba, qui venait d’avoir 18 ans, pleure celle qui a été sa mère lorsqu’une de ses tantes ose rompre le silence. «Nous pleurions ensemble au chevet de son corps. Dans une de ses complaintes, ma tante finit par dire en sanglotant :’’Ma sœur, tu t’en vas sans avoir jamais enfanté’’.» Pour Wahiba, c’est le double choc.
à 27 ans, sans papiers, dans la rue !
La jeune fille se lève, entre dans la chambre de ses parents et ouvre le livret de famille dans lequel elle n’est pas. Pour elle, le doute cède définitivement la place à la tourmente. Une multitude de questions qui restent en suspens. Un profond sentiment de solitude. La peur et l’incompréhension l’habitent chaque jour un peu plus. Elle atténue sa souffrance en s’occupant de ses frères et sœurs d’adoption. «J’étais l’aînée des filles, alors j’ai repris toutes les tâches domestiques de ma défunte mère adoptive jusqu’au jour où mon grand frère, lui aussi adopté, s’est marié avec une femme froide et haineuse qui nous a tous jetés à la rue dès qu’elle s’est installée à la maison. J’avais 27 ans, sans papiers, et c’est à ce moment que j’ai réalisé que je n’avais aucun droit et qu’aux yeux de la loi, je n’existais tout simplement pas, c’était le pire ! »
Ce sont des voisins qui recueillent la jeune femme. Elle est ballottée de foyer en foyer au gré de la charité des uns et des autres, avant de se trouver une nouvelle famille d’accueil chez qui elle vit à ce jour. C’est à ce moment précis que la jeune femme cesse d’être Nadéra et devient Wahiba. Un renouveau identitaire. «Leur seule condition, pour m’accueillir définitivement chez eux, était que je me batte pour faire mes papiers. J’ai galéré pendant plus d’un an pour obtenir mon extrait de naissance et mon vrai nom : Wahiba.» Pour elle commence une vraie lutte pour vivre dans la vérité et assumer ses origines. Elle hésite longtemps entre rancune et rage avant de se résigner à accepter sa condition. «Je veux rendre hommage à ma défunte mère adoptive et à mon actuelle famille d’accueil qui ont fait preuve de tant de générosité, et à plusieurs personnes que j’ai rencontrées durant mon périple à la recherche de qui je suis, l’ancienne présidente de l’APC de Kouba, Saïda Bounab, qui était également psychologue, Riadh Boufedji, Allah Yerahmou, et tant d’autres personnes qui ne jugent pas», confie-t-elle, émue. Un véritable de travail de réparation commence pour la jeune femme, à l’époque âgée de 30 ans à peine, et qui se poursuit encore, plus de 15 ans plus tard.
Le droit d’exister Porter un profond sentiment de solitude, aller à la rencontre d’autres enfants abandonnés, partager son expérience, en parler et revendiquer sa situation : une lutte quotidienne que Wahiba mène des années durant. «Je vais mieux depuis que j’ai décidé que ma mère biologique n’est pas celle qui m’a mise au monde. J’aime l’idée d’être une enfant de l’Algérie», lâche-t-elle dans un sourire. «J’aime les moudjahidine, ils me font rêver. J’aime à penser que je suis l’enfant de tous leurs sacrifices. J’en ai rencontré beaucoup. Ils m’ont tous témoigné tellement de tendresse», ajoute encore Wahiba. Pour elle, le tabou conforte la stigmatisation. «Il faut parler des enfants abandonnés pour faire bouger les mentalités.»
A travers l’association qu’elle vient de créer, elle veut justement changer le regard porté sur ces enfants dits «naturels» par la loi et «du péché» par la société. Avec 23 autres personnes, Wahiba travaille pour obtenir un siège à son association et constituer un réseau d’appui juridique et psychologique pour leur venir en aide. «Ils n’ont pas à payer les erreurs des autres, ces enfants ont besoin d’une assistance psychologique», insiste celle qui a tant souffert du regard des autres. Une forme de pression constante qu’elle ressent dans chacun de ses faits et gestes. «Je ne me maquille jamais et le foulard ne quitte jamais ma tête. Je suis digne et intègre. Toute ma vie, je suis restée droite pour prouver à tous ceux qui voient en moi le péché et le déshonneur que je ne le mérite pas», lâche-t-elle. «Il faut que cesse la stigmatisation des enfants abandonnés, ceux qu’on appelle cruellement des bâtards, des fils et des filles du péché», tranche sévèrement celle qui a créé, le 7 décembre 2013, une association pour «clamer l’innocence de tous les enfants abandonnés». Pour qu’ils puissent être scolarisés, inscrits à l’état civil, reconnus juridiquement et dans l’imaginaire collectif algérien, Wahiba a décidé de se dévoiler.
En Algérie, 3000 à 5000 enfants naissent chaque année hors mariage, selon les bilans de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). D’autres associations estiment leur nombre à 42 000 chaque année. Des chiffres en hausse. Sans statut, sans droits, ces petits grandissent dans l’isolement ou dans le mensonge. A l’âge adulte, ils subissent la marginalisation et un conservatisme qui leur refuse le droit d’exister. Wahiba veut que sa vie «brisée», dit-elle, soit à présent mise au profit de tous ces enfants dérobés aux regards. Tout ce que Wahiba demande, c’est que la loi rétablisse les enfants abandonnés et leur donne le droit d’aller à l’école, d’être inscrits à l’état civil, d’être adoptés ou reconnus par l’exigence d’un test de paternité. En somme, le droit d’exister dans leur pays.

Bouredji Fella
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magnolia· Posté le 15 Dec 2013 à 08:04

merci bcp moumout pour se partage et chapeau bas a wahiba et a ses effort sinon je reviendirais pour discuter de tt sa car c vraiment un sujet delaisser depuis la negligence dans la poponiere et ou des ans meurt jusqua des parents qui abondonne dautre qui cache la verite un systme et une societe qui rejette je crois que c un peu trop… jespere quelle reussira et si jetais en algerie je serias vraiment inscrite en tant que membre dans son association.

on dit souvent que laglerien est hnin on a la rahma mais jusque la la societe a prouver le contraire dans bcp de domiane et de situation…

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afartatou· Posté le 15 Dec 2013 à 08:23

merci moumout pour le partage,

c’est triste comme meme, mais c’est quoi la sulution?

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chahrazadz1955· Posté le 15 Dec 2013 à 08:32

J’ai lu son témoignage dans la presse d’hier et je pense que l’état doit trouver une solution à ses enfants victimes.

Un témoignage bouleversant.

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magnolia· Posté le 15 Dec 2013 à 09:30

afartatou au moins droit a un nom et droit a la scolarisation mais c etonnant mais ma mere me disait tjr quil etait scolarise normal et ou generalement il sont deux prenom au lieu davoir un nom de famille quil nont pas..reste a confirmer.

sinon depuis le temps que tt les algeriens demande des hausse des salaires parce qu on a bcp dargent chose que je trouve absurde car c pas sa la solution mais pr une fois je me dis puisque drahoum mahsoubin 3lina prq c enfant et c jeune homme ou femme souvent suite au deces ou autre comme le cas de wahiba se trouve a la rue sans soutien sans abris jusqua quand on vivra avec un manque flagrant dassociaiton de maison dacceuil digne de se nom dans les divers domaines.

mais on on prefere verset des miliard pr une qualification a coupe du monde et ou un simple joueur a un salaire qui fais vvire des milier de gens mais des femmes comme wahiba et dautre souffre…


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lasoyeuse· Posté le 15 Dec 2013 à 09:51

vraiment chapeau bas pour elle une très forte volonté de changer les choses mais je pense pas que sa sois facile pour elle la problème
est dans notre société bcp plus que notre système
il faudra changer les mentalités pour réussir
merci pour le partage

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magnolia· Posté le 15 Dec 2013 à 09:57

tu as raison soyeuse mais tu sais je me dis que dieu tjr est vraiment clemant car jai vue aussi des filles et des hommes nee sous X se marie et avoir des enfants la je me dit malgre les esprit arrierer il ya des gens qui ne jugeent pas, mais sinon pr notre soceite c vraiment que ntfakrou rabi juste quand on veux c sa le pb.

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mamapoule· Posté le 15 Dec 2013 à 10:06

je lui tire chapeau car c’est pas facile dans la société comme la notre de survivr au moins psychologiquement a ça et de ce forger un fort caractère .

Magno je crois que le problème de cette femme et qu’elle n’a pas eu droit a un extrait de naissance sous x comme sa mère a falsifié un extrait de naissance si comme si elle n’existait pas avant ils étaient inscrit sous le nom SNP (Sans Nom Patronimique ) y’avait un dans ma classe au cem maintenant ils ont trois prénom.

Je voudrai dire au parents de ses enfants hasbiya lah oua ni3ma el ouakil 3lihoum des jeunes filles et garçons qui pour un moment de plaisir déchire un être humain innocent en mille morceaux le jettant sans se soucier de lui pourquoi ils ne prennent pas la résponsabilité du résultat de leurs actes c’est pour ça que je suis toujours révolté a entendre ses filles qui se lamente parceque elles étaient faibles et que etc etc etc et le résultat des millier de pauvres enfants abondonné.

il y’a 3 mois de passage dans une ruelle en voiture on voit des policiers qui entouraient une benne d’ordure et un photographe qui prenait des photos de l’interieur de la benne le lendemain tout le monde parlé du bébé trouvé étranglé dans la benne d3it 3la sa mére en pleurant comme une folle le fait d’être passer la au moment ayant vu cette benne c’était comme si je connaisais cet petit ange qui n’a fait aucun crime que celui d’être né d’une mére qui n’a pas su se préserver.

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jasminimmortel· Posté le 15 Dec 2013 à 10:25

acte horrible ce que tu viens de raconter mama (au fait mrahba bik ca fait longtps tu n’as pas donné signe de vie💋)

tous mes respects et chapeau bas pour wahiba😉

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nadhia· Posté le 16 Dec 2013 à 17:44

Témoignage touchant, de quoi éveiller les consciences quant à la situation des enfants nés sous x.
Mes respects à Madame Wahiba…

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Madura13· Posté le 17 Dec 2013 à 12:54

Ce témoignage est bouleversant…

Ca ne doit pas être facile à vivre en tout cas… L’état devrait permettre aux enfants nés sous X d’accèder à certaines informations sur leur famille, leur origine…




DZIRIELLE VOUS RECOMMANDE
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flower754· Posté le 20 Dec 2013 à 14:31

bâtards ou enfants du péché, :O pourquoi on les insulte comme ça :’( qu’elle est leur faute !



rabbi yahdina , j’admire cette femme


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Nadia13· Posté le 20 Dec 2013 à 14:22

très courageuse Wahiba témoignage boulversant

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Sherryfa· Posté le 22 Dec 2013 à 18:14

il faudrait encore que l’état réagisse à celà comme il a réagit au facebookeur qui a donné son avis sur le 4ème mandat…. ça ne serait que juste!!

c’est la responsabilité de l’état de leur donner accès aux droits constitutionnels et celle de tout le monde de leur foutre la paix et les laisser vivre comme tout un chacun!! chapeau à la dame, à son courage à sa forcxe et sa générosité!!

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Mirelle· Posté le 22 Dec 2013 à 18:46

J’ai été très touchée en lisant l’histoire de Wahiba et j’imagine un peu ses tourmentes et ses galères.

Je dois dire que ces enfants abandonnés ne méritent pas le sort que la société leur réserve !! ils n’y sont pour rien, c’est la faute aux adultes qui ont commis des actes irréfléchis et condamnables à tous égards.

Un cadre juridique doit être mis en place pour prendre en charge ces milliers de cas qui connaissent une hausse vertigineuse à cause de la dégradation des moeurs et le manque de foi !!




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