Icône montante de la défense des droits humains en Palestine, la juriste italienne Francesca Albanese vient d’être placée sous sanctions par les États-Unis. Une décision qui a provoqué un tollé international — et un écho particulièrement fort en Algérie, où la solidarité avec la cause palestinienne dépasse le simple réflexe diplomatique pour toucher au cœur de l’identité politique nationale.
Francesca Albanese n’est pas une militante ordinaire. Rapporteure spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, elle a dès sa prise de fonction en 2022 adopté une ligne de rupture, qualifiant la politique israélienne d’« apartheid institutionnalisé », avant d’alerter récemment sur un « risque de génocide à Gaza » dans un rapport détaillé et accablant.
Ses déclarations ont déplu. Le 9 juillet 2025, le Département du Trésor américain annonce officiellement des sanctions à son encontre : gel des avoirs aux États-Unis, interdiction de séjour et accusations d’« activisme biaisé » nourri d’« antisémitisme ». Francesca Albanese réplique aussitôt : « Ce sont des techniques d’intimidation mafieuses », déclare-t-elle dans un communiqué cinglant.
Il n’aura fallu que quelques heures pour que la presse algérienne, les réseaux sociaux et plusieurs figures publiques réagissent vivement. Dans un pays où le soutien à la Palestine est à la fois historique, populaire et institutionnel, la sanction contre une experte de l’ONU est perçue comme une attaque frontale contre les principes du droit international.
Sur X (ex-Twitter), des dizaines d’internautes algériens ont fait circuler le hashtag #JeSuisFrancesca, saluant son courage et dénonçant ce qu’ils appellent une « tentative de museler la vérité ».
Du côté de la presse, les grands titres comme El Watan, TSA ou encore Reporters.dz dénoncent une « instrumentalisation de la justice américaine pour dissuader tout engagement éthique sur la question palestinienne ». Certains éditorialistes parlent d’un « précédent grave », qui pourrait dissuader d’autres experts ou ONG de faire leur travail librement.
El Moudjahid, journal étatique, note de son côté que « les menaces voilées à l’encontre de Francesca Albanese sont une offense à l’intégrité des institutions onusiennes », rappelant que l’Algérie avait elle-même souvent été victime de campagnes de pression lorsqu’elle défendait les causes décoloniales à l’ONU.
Pour l’heure, les autorités algériennes n’ont pas encore réagi officiellement. Mais plusieurs sources diplomatiques laissent entendre qu’une déclaration pourrait intervenir dans les prochains jours, en marge des travaux du Conseil des droits de l’homme de Genève. D’ores et déjà, des ONG algériennes appellent à une motion de soutien à Francesca Albanese et à la mise en place d’une commission indépendante chargée d’analyser la légalité des sanctions prononcées par Washington.
En Algérie, Francesca Albanese cristallise aujourd’hui une aspiration plus large à la justice internationale, que beaucoup estiment en péril. Elle est devenue, malgré elle, une figure de résistance morale dans une région du monde où les équilibres géopolitiques sont souvent marqués par le silence, la peur ou la diplomatie de connivence.
Et si la réaction algérienne est aussi vive, c’est qu’elle ne se limite pas à la seule solidarité palestinienne. Elle reflète une crainte plus globale : celle de voir le droit international devenir un outil à géométrie variable, dépendant des intérêts des puissants. Dans ce contexte, Francesca Albanese n’est pas qu’une rapporteure sanctionnée. Elle est, déjà, un symbole.
Qui est Francesca Albanese ?
Juriste italienne, elle est la Rapporteure spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés depuis 2022. Elle est connue pour ses prises de position fermes contre les violations des droits humains à Gaza et en Cisjordanie.
Pourquoi est-elle sanctionnée ?
Ce que les États-Unis reprochent à Francesca Albanese ? Une parole jugée trop libre. En tant que rapporteuse spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés, elle a qualifié les actions d’Israël de “régime d’apartheid”, dénoncé l’inaction de la communauté internationale, et affirmé que le conflit était “lucratif” pour Israël — en référence à l’industrie sécuritaire et à l’occupation des ressources. Des propos qui, bien que fondés sur des rapports internationaux, ont été perçus par certains élus américains comme partiaux, voire “antisémites”, entraînant une demande de sanctions symboliques à son encontre.
L’Algérie soutient-elle officiellement Francesca Albanese ?
Pas encore, mais les médias et la société civile algérienne se sont largement mobilisés pour dénoncer ces sanctions et défendre l’indépendance des rapporteurs de l’ONU.
Quel impact ces sanctions peuvent-elles avoir ?
Elles pourraient dissuader d'autres rapporteurs de l’ONU ou ONG de dénoncer des violations graves, créant un climat de pression politique sur les institutions internationales.
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