Il aura suffi d’une vidéo postée par la gynécologue Dr Haddadi Sandra pour que la polémique éclate. En quelques heures, les réseaux sociaux s’enflamment : une patiente affirme avoir payé plus cher son accouchement en clinique privée parce qu’elle attendait… un garçon. L’information semble invraisemblable, et pourtant, les témoignages affluent. Ce qui n’était qu’un murmure devient un cri collectif : dans certaines cliniques algériennes, le prix d’une naissance ne serait pas le même selon le sexe du bébé.
Tout est parti d’un témoignage vidéo publié par la gynécologue Dr Haddadi Sandra, spécialisée à Annaba. Dans ce court extrait devenu viral, la praticienne affirme avoir reçu une patiente choquée d’avoir été facturée plus cher pour une césarienne sous prétexte qu’elle attendait un garçon. Ce qu’elle croyait d’abord être une mauvaise blague s’est avéré être une réalité vécue par plusieurs femmes.
À peine la vidéo publiée, les commentaires se sont multipliés. Certaines femmes racontent avoir vécu la même situation dans des établissements privés à Alger, Oran, Constantine, Sétif ou Tizi Ouzou. À chaque fois, la différence de prix ne figure pas clairement sur la facture, mais elle est expliquée oralement au moment de l’hospitalisation ou justifiée par des frais “supplémentaires”.
Selon ces témoignages, cette majoration peut aller de 5 000 DA à 15 000 DA. En l'absence de transparence, impossible pour les patientes de contester, surtout dans des moments aussi délicats que l'accouchement. Le plus troublant : certains établissements avoueraient cette pratique à demi-mot, la justifiant par la croyance erronée que les garçons nécessiteraient plus de soins postnataux.
Dans le Code de la santé publique en Algérie, aucune réglementation n’autorise une différenciation tarifaire basée sur le sexe de l’enfant. De nombreux professionnels de santé, scandalisés, appellent à une enquête immédiate du ministère de la Santé et à des sanctions à l’encontre des cliniques concernées.
Pour Maître L., avocate spécialisée en droit médical, cette pratique constitue non seulement une discrimination sexiste mais aussi une fraude commerciale si les tarifs ne sont pas affichés en toute transparence. “Il s’agit d’une atteinte aux droits fondamentaux des patientes et à l’éthique médicale”, dénonce-t-elle.
Pour l’instant, aucune réaction officielle du ministère de la Santé n’a été enregistrée. Sur les réseaux sociaux, l’indignation ne faiblit pas, et certains réclament la publication d’une liste noire des établissements pratiquant ce type de surfacturation.
En parallèle, plusieurs collectifs féminins appellent les femmes à témoigner publiquement ou à envoyer des preuves de leurs factures à des associations juridiques ou de défense des droits des patients.
Cette affaire met en lumière un enjeu plus profond : celui de l'accès à une maternité digne, équitable et éthique dans les établissements de santé. Dans une société encore marquée par certains préjugés liés au genre, cette discrimination tarifaire soulève une question plus large sur la manière dont les patientes sont traitées dans les cliniques privées.
Le fait que certaines cliniques puissent monnayer ainsi la naissance d’un enfant en fonction de son sexe interpelle. Car au-delà du scandale sanitaire, c’est bien une forme de mépris institutionnalisé envers les femmes qui se dessine.
Nous espérons que la pression citoyenne contraignent les pouvoirs publics à intervenir. En attendant, les patientes et les praticiens engagés continuent d’alerter, de dénoncer et d’espérer un changement. Car donner la vie ne devrait jamais être soumis à un tarif différencié.
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