Née en 1928 à Ath Yenni, au cœur de la Kabylie, Djouher Amhis-Ouksel fait ses premiers pas dans un contexte colonial où l’accès à l’éducation pour les filles musulmanes est quasi inexistant. Admise en 1945 à l’école normale de Miliana, elle devient institutrice, puis professeure de lettres à Médéa. Dans une Algérie en pleine mutation, elle se distingue par sa rigueur, sa bienveillance et sa détermination à transmettre le savoir.
En 1968, elle accède au poste d’inspectrice de l’éducation nationale, devenant l’une des premières femmes à occuper une telle fonction. Mais loin de se complaire dans les honneurs, elle retourne quelques années plus tard à l’enseignement de la littérature à Alger, refusant de rompre avec l’essence de son engagement : le contact direct avec les jeunes, l’analyse des textes, le partage des savoirs.
Sa retraite en 1983 marque un tournant. Djouher Amhis-Ouksel se consacre pleinement à l’écriture. Ses essais sont de véritables clés de lecture des grands auteurs algériens : Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Taos Amrouche, Rachid Mimouni, Tahar Djaout, Assia Djebar... Elle décrypte, contextualise, et transmet, avec une plume à la fois accessible et rigoureuse.
Son recueil Le Chant de la sitelle révèle une autre facette de son âme : celle d’une poétesse sensible, enracinée dans la terre, les montagnes, les souvenirs. Sa poésie mêle la tendresse au combat, la mémoire à l’espoir, et rend hommage aux voix silencieuses de l’Algérie.
Les distinctions ne se sont pas fait attendre : le Prix Mahfoud-Boucebci en 2012, pour l'ensemble de sa carrière et son engagement en faveur de la jeunesse, puis le Prix de la fondation Nedjma en 2013 aux côtés d’autrices majeures telles que Maïssa Bey ou Rabia Djelti. Ces prix viennent saluer une pensée libre, généreuse et rigoureuse.
Djouher Amhis-Ouksel n'était pas qu'une intellectuelle. Elle était une passeuse de mémoire, une figure rassurante, un pilier silencieux de l’Algérie littéraire. Son nom restera associé à l'exigence, à la transmission et à l'amour de la langue. Dans une société en quête de repères, elle demeure un phare. Une femme debout, jusqu'au bout.
"Fi'lamane" — puisse-t-elle reposer en paix, dans la lumière qu'elle a tant partagée.
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