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Peluche Labubu : le phénomène pop qui déchaîne les passions en Algérie !

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Labubu, la peluche culte qui fait succomber l’Algérie, de Lilia Bouyahiaoui à Amira Riaa : elles craquent toutes !

Lilia Bouyahiaoui n'avait sans doute pas anticipé une telle tempête. L'actrice algérienne, suivie par des milliers d'abonnés, avait simplement partagé un moment de bonheur en story Instagram : l’achat d’une peluche Labubu, cet étrange petit personnage aux grandes oreilles et aux dents pointues. Elle était enthousiaste, spontanée, comme une enfant devant une trouvaille adorable. Mais la bienveillance n’a pas suivi. Les critiques ont fusé : trop futile, trop ridicule, pas de son âge... Face à cette vague d’agressivité gratuite, l’actrice a réagi. Elle a confié, amèrement, sa déception d’avoir voulu partager un petit "coup de cœur" personnel, et d’avoir été accueillie par un flot de malveillance.

Cette anecdote, pourtant anodine, illustre bien l’ambivalence du phénomène Labubu : un engouement mondial, une esthétique clivante, une peluche qui n’est plus un jouet, mais un symbole.

Derrière ses airs farceurs, Labubu n’est pas né d’un caprice marketing. Il est l’œuvre de l’artiste hongkongais Kasing Lung, qui l’a imaginé en 2015 dans sa série "The Monsters". Inspiré par l’univers des contes et les créatures un peu laides mais attachantes, Labubu défie les standards de beauté traditionnels.

En 2019, le géant chinois Pop Mart reprend le concept pour en faire une gamme de figurines et de peluches vendues... à l’aveugle. Une stratégie redoutablement efficace. On achète sans savoir ce qu’on va découvrir. L'excitation est à son comble à l’ouverture de chaque boîte mystère.

Le véritable raz-de-marée débute en 2024, quand Lisa, star du groupe Blackpink, s’affiche avec une peluche Labubu accrochée à son sac. Très vite, l’effet boule de neige est enclenché : Rihanna, Dua Lipa, David Beckham, Paul Pogba… tous succombent.

Les réseaux sociaux amplifient le phénomène. Sur TikTok, plus de 1,7 million de vidéos recensées autour des peluches Labubu, principalement des vidéos d’unboxing et des échanges de modèles rares. Sur Reddit, le forum r/labubu, créé en septembre 2024, dépasse aujourd’hui les 79 000 membres.

De la mignonnerie à l’objet d’art (et de spéculation)

Derrière leur look décalé, les peluches Labubu sont devenues des pièces de collection. Certaines éditions limitées atteignent des sommes vertigineuses : jusqu’à 156 000 euros pour une sculpture géante de 131 cm vendue aux enchères à Pékin.

Les modèles standards, vendus entre 20 et 30 euros, peuvent se revendre bien plus cher sur des plateformes comme eBay ou Whatnot. Des ventes éclair sont programmées par les fans, prêts à tout pour obtenir le modèle tant convoité.

Le revers du succès ne tarde pas. À Paris, des Labubu sont arrachés des sacs à main dans le métro. En Californie, des boutiques sont cambriolées.

L’explosion de la demande entraîne aussi la montée des contrefaçons (appelées “Lafufus”), des fausses boutiques en ligne, des arnaques sur eBay, et même des escroqueries via Telegram où de faux revendeurs encaissent de l’argent sans jamais livrer la marchandise.

Mais pourquoi tant d’attachement à ces peluches pas si jolies ? Parce que justement, elles ne le sont pas. Labubu incarne une nouvelle norme : l’imperfection, l’inclusivité, l’originalité. Comme l’explique une décoratrice londonienne dans un magasin Pop Mart : « Elles sont un peu étranges, mais très inclusives. Les gens s’y reconnaissent. »

Le témoignage de Lilia Bouyahiaoui trouve ici toute sa place. Dans un monde surconnecté mais souvent cruel, afficher son amour pour un petit monstre en peluche, c’est aussi revendiquer sa part d’enfance, de sensibilité et de liberté.

Labubu, c’est plus qu’une peluche. C’est une façon de dire : “je m’autorise à aimer ce qui me fait du bien, même si ça ne plaît pas à tout le monde.” Et c’est peut-être là que réside le vrai pouvoir de cette icône poilue.

Derrière l’objet mignon, un véritable phénomène culturel, financier et social. Labubu n’est pas qu’un jouet, c’est un marqueur générationnel. Et dans une société en quête d’authenticité, où les émotions s’affichent comme des étendards, même une peluche peut devenir un acte de résistance douce.

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