
Havouva · 2 août 2012 à 02:50
C'est la pleine lune et je n'arrête pas de courir, je ne sais pas depuis combien de temps ni d'où je suis partie mais je ne m'arrêterais pas.
Je suis une louve blanche qui court dans cette forêt noire, la pleine lune m'appelle et je ne saurais ignorer cet appel, même si je peux faire la sourde oreille, sa force m'empêche de rester insensible.
Je ne me souviens pas depuis combien de temps j'ai commencé à courir mais je sens la douleur de mes muscles, je pourrais m'arrêter et prendre un peu de repos mais la lune m'échappera, il faut que je la rattrape.
Je la vois à travers les arbres, sa lumière mélancolique me guide dans cette forêt danse et sombre, c'est comme si elle n'existait que pour moi, comme si elle me connaîssait et savait tous mes secrets.
Je cours et je cours, je sens mon coeur battre de plus en plus fort, je suis essoufflée, je suis fatiguée, je suis à bout de forces, mes jambes sont écorchées et je suis pleine de boue mais par fiérté, je refuse d'arrêter.
Heure après heure, kilomètre après kilomètre, je continue ma course contre moi-même, je ne sais si j'arriverais à atteindre la lune, si je pourrais au moins m'en approcher mais cela ne compte pas, je ne veux pas râter cette chance et ne pas essayer, j'attend la pleine lune depuis trop longtemps.
J'ai attendu la pleine lune, j'ai attendu sa lumière pour être apaisée, pour être guidée, je ne sais pas où j'irais en la suivant mais elle est bien la création la plus rassurante.
A l'aube, aux premières lueures du jour, je me suis finalement arrêtée quelques minutes sous un grand chêne pour panser les blessures de ma course. Un oiseau, pêrché, me regardait, l'air de me narguer et me dit: " A chaque pleine lune, je te vois courir de la même manière et tu n'as toujours rien appris", "et que dois-je apprendre?" répondis-je.
L'oiseau sautilla sur sa branche et répliqua :" Tant que tu n'auras pas soigner toutes tes blessures, il ne te sert à rien d'en rajouter d'autres, même aussi superficielles"
L'oiseau s'envola et me laissa réfléchir à ses mots mais je pensais déjà à la prochaine pleine lune et à ma soif de sa lumière.