L’avènement d’une classe moyenne supérieure plus stable, la hausse des revenus dans certains secteurs clés (technologie, commerce, immobilier) et l’accès facilité aux visas ont fait émerger une nouvelle génération de femmes algériennes amoureuses de la mode… mais aussi du shopping à l’étranger. En 2025, ces globe-shoppeuses ne sont plus l’exception, elles forment un phénomène social à part entière.
Pour certaines, le voyage reste d’abord une escapade culturelle. Mais de plus en plus, la motivation centrale devient le shopping, notamment dans les capitales internationales de la mode. Elles veulent du neuf, du rare, de la qualité. À Paris, Milan, Istanbul ou Dubaï, elles recherchent des pièces introuvables en Algérie : dernières collections Zara ou Mango, sacs Jacquemus, lunettes Prada, produits Estée Lauder ou Fenty Beauty…
Plus qu’un caprice, c’est souvent une manière de se différencier. « Je ne veux pas avoir la même robe que la moitié de la salle au mariage de ma cousine », confie Sarah, 28 ans, architecte à Alger, habituée des virées à Istanbul. La quête de l’unicité, dans une société où l’apparence joue encore un rôle social important, est un moteur puissant.
En 2024, selon une étude menée par Euromonitor, les touristes algériennes figurent dans le top 5 des acheteuses d’articles de luxe au sein du Dubaï Mall, devançant même certaines clientèles européennes.
Elles sont étudiantes, jeunes entrepreneures, mariées, expatriées ou « femmes de ». Leur point commun : une aisance financière relative et une passion commune pour les marques. Beaucoup préparent leur trousseau de mariage, d’autres reviennent avec des valises pleines pour revendre discrètement sur Instagram ou à des clientes privées. Certaines, plus professionnelles, deviennent même des shoppeuses personnelles ou stylistes à distance.
Une nouvelle tendance émerge également : les influenceuses shopping, qui organisent des « haul tours » ou des « shopping lives » depuis des boutiques à Paris ou Barcelone, suscitant un effet d’entraînement puissant chez leurs abonnées.
Ce phénomène de globe-shoppeuses n’est pas qu’une affaire de mode. Il traduit aussi une transformation du rôle de la femme dans la société algérienne. Ces consommatrices affirment leur goût, leur autonomie et parfois leur liberté de mouvement. Le shopping devient un prétexte pour voyager seule ou entre femmes, découvrir d’autres cultures, s’émanciper symboliquement du quotidien local.
Comme le souligne la sociologue Meriem Boulahrouf dans une récente publication, « le shopping transfrontalier est devenu pour les femmes algériennes un acte identitaire, un geste de distinction sociale, mais aussi un espace de liberté, même temporaire ».
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