Et si la créativité prenait racine là où on l’attend le moins ? C’est le pari osé – et réussi – de Saïbi Hanane et Wassim Mihoub, deux candidats de la saison 2 de l’émission télévisée Project Runway El Djazaïr. Peu après la fin des épreuves du bac 2025, alors que les rues se vidaient des dernières copies abandonnées à la sortie des centres d’examen, deux stylistes – que l’on qualifie encore de "jeunes talents", mais qui ont déjà bien plus d’audace que certains "créateurs confirmés" – ont eu une idée aussi inattendue que brillante : récupérer ces feuilles froissées – témoins de stress et de concentration – pour en faire des pièces de mode à part entière. Un geste à la fois symbolique, ludique et engagé, pensé comme un clin d’œil à toute une génération d’élèves.
Dans les rues d’Alger, il n’est pas rare de voir traîner des feuilles d’examen abandonnées par des élèves soulagés d’en avoir terminé. Là où certains y voient du papier à jeter, Hanane et Ouassim ont vu de la matière, de l’histoire, de l’émotion. Ils ont ramassé ces fragments d’effort, de stress et d’ambition, puis les ont assemblés, cousus, mis en volume. Résultat : deux tenues éclatantes, colorées, drôles et engagées, portées avec assurance par des modèles dans une série de photos nocturnes aussi urbaines que stylées.
Sur ces créations, on distingue encore les annotations des surveillants, les formules, les petits mots des candidats, les gribouillis nerveux… Rien n’a été effacé. Au contraire : ces traces humaines deviennent le fil rouge d’une création hybride entre art de rue et design éthique. Un post-it rose marqué "Bac 2025", des flèches multicolores, des gommettes, des schémas : tout est préservé, tout est mis en valeur. La silhouette féminine de Lydia Moula, l'une des modèles, sublime la robe "copie double", avec une énergie joyeuse et un brin provocatrice.
Les réseaux sociaux ont rapidement salué cette initiative décalée. Sur Instagram, les photos ont récolté des centaines, voir des milliers de réactions enthousiastes. Loin d’une simple fantaisie, cette démarche souligne aussi un propos écologique et social : la valorisation de l’éphémère, la beauté du recyclé, et l’importance d’un regard nouveau sur ce qui est trop vite abandonné.
À travers ce projet, Saïbi Hanane et Wassim Mihoub confirment leur capacité à penser la mode comme un langage contemporain, ancré dans les réalités locales et capable de faire vibrer la jeunesse algérienne. En associant ironie, second degré et savoir-faire, ils imposent leur vision : la mode ne se limite pas au tissu, elle raconte une époque, une société, un instant vécu.
Entre nostalgie, dérision et créativité, ces deux stylistes nous invitent à repenser ce que l’on jette, et à honorer les moments de transition comme autant de sources d’inspiration. Une belle leçon d’upcycling à la sauce algérienne.
Alors, les Dzirielles, seriez-vous prête à porter une tenue faite de papiers recyclés ou de souvenirs d’école ? Ou est-ce un peu trop osé ?
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