En Algérie, on rappelle que le Caftan El Kadi puise sa généalogie chez les tailleurs ottomans d’Alger et s’est féminisé à Constantine dès le XVIᵉ siècle, enrichi de fil d’or (medjboud) par nos artisanes. La Chedda de Tlemcen, elle, est un autre exemple, protégée depuis 2012 par l’UNESCO. Pour nous, ces deux tenues incarnent un héritage authentiquement algérien.
Lors de l'évènement Caftan Week 2025 à Marrakech, Moha Er‑Rich, directeur de la préservation du patrimoine au ministère marocain, explique :
Le caftan, comme vous le savez, c’est une marque marocaine… un patrimoine qui existe uniquement au Maroc ! La création du label « Caftan du Maroc », a été déposé à l’OMPI ce janvier 2025 pour défendre l’exclusivité marocaine de la tenue.
Cette déclaration interpèle du côté algérien, couturiers et historiens rappellent que le mot « caftan » (du turc kaftan) est entré via l’Empire ottoman, bien avant l’ère des Alaouites. Les artisans kabyles et constantinois ont développé un savoir‑faire unique, distinct des variantes fassie ou tétouanie. L’idée d’un « monopole marocain » heurte la mémoire culturelle algérienne et menace la diversité maghrébine.
Dans la presse algérienne, Radio Algérie rappelle que le caftan, introduit sous la Régence ottomane, a été féminisé par nos artisans dès le XVIᵉ siècle, comme l’explique Meriem Guebaïlia, directrice du Musée de Constantine :
Des archives du XVIIᵉ siècle mentionnent déjà le caftan dans les contrats de dot.. Un éditorialiste d’El Moudjahid écrit :
Réduire notre patrimoine à une simple copie est un affront à l’histoire algérienne.
Face à ces tensions, la question demeure : comment ignorer nos propres traditions quand le patrimoine algérien est documenté, archivé et célébré ? Prétendre l’exclure de son berceau constantinois relève non seulement d’une méconnaissance historique, mais d’une stratégie malvenue d’appropriation culturelle. Ce bras de fer patrimonial dépasse la mode : c’est une bataille pour la reconnaissance, le tourisme et le droit économique.
Peut‑on envisager un accord maghrébin de reconnaissance mutuelle, ou chaque pays défendra-t-il son caftan comme une marque déposée ? Les experts suggèrent un futur « label commun du Maghreb », afin de célébrer la richesse partagée plutôt que de s’opposer. Mais pour l’instant, les positions restent tranchées.
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