Diana Haddad sublime le karakou algérien dans une création signée par la designer émiratie Shaikha AlGaithi

Aperçue lors d’une apparition récente, la chanteuse libano-émiratie Diana Haddad a choisi un karakou vert aux broderies ciselées. La tenue, réalisée par la créatrice des Émirats Shaikha AlGaithi, conjugue l’allure royale du velours émeraude à une architecture très algéroise : basque courbe, taille marquée, emmanchures façon cape et plastron richement perlé. Ce look acte une tendance forte : le patrimoine vestimentaire algérien inspire désormais des maisons au-delà de nos frontières et s’affiche sur des scènes grand public.

Un karakou, mille histoires

Pièce maîtresse du trousseau algérois, le karakou est né de l’orfèvrerie textile : velours profond, fetla (broderie au fil d’or), boutons bijou et coupe qui sculpte la silhouette. Dans cette version, la créatrice conserve les codes (richesse des broderies, structure) tout en modernisant les proportions : basque plus graphique, épaules dessinées et manches-cape pour un mouvement scénique.

Une créatrice du Golfe, un clin d’œil à Alger

Active à Sharjah, Shaikha AlGaithi signe ici un hommage explicite à l’esthétique algérienne. Dans un message partagé à sa communauté, la designer souligne l’idée d’un vêtement qui « réunit les cultures » et invite à apprécier la beauté du design sans frontières : une lecture qui rejoint l’ADN de Dzirielle : célébrer la mode algérienne dans le dialogue et l’exigence.

Pourquoi ce look suscite un véritable engouement

Si l’apparition de Diana Haddad dans un somptueux karakou vert signé par la designer émiratie Shaikha AlGaithi fait autant parler, c’est parce qu’elle cristallise un phénomène culturel plus vaste : le rayonnement grandissant de la mode algérienne au-delà de ses frontières. Voir une artiste d’envergure internationale arborer une tenue profondément ancrée dans le patrimoine algérois, lors d’un événement médiatisé, contribue à faire connaître cette pièce iconique à un public beaucoup plus large que la seule diaspora. Le karakou n’est plus seulement un trésor patrimonial transmis de génération en génération : il devient une référence stylistique qui circule et inspire.

Ce type d’interprétation moderne, tout en restant fidèle aux codes originels — velours luxueux, broderies fines, taille structurée — joue un rôle essentiel dans la transmission. Sur scène, la pièce traditionnelle se réinvente, prouvant qu’elle peut s’adapter à des contextes contemporains sans perdre son âme. Cette dynamique est d’autant plus importante qu’elle nourrit une fierté culturelle renouvelée : les Algériens voient leurs créations reconnues, admirées et réappropriées avec respect par d’autres cultures.

Par ailleurs, cette apparition s’inscrit dans une tendance plus large déjà visible lors d’événements récents. Au Festival du cinéma de Annaba, plusieurs actrices européennes ont choisi de porter des tenues traditionnelles algériennes, des karakous richement brodés aux robes chaoui modernisées, attirant les flashs des photographes et la curiosité des médias étrangers. Ce choix n’a rien d’anodin : il témoigne d’un véritable engouement international pour l’élégance et la singularité des silhouettes algériennes. De Paris à Dubaï, en passant par la Méditerranée, le style algérien séduit par son raffinement et son identité forte. Plus qu’une simple tendance, c’est un mouvement de fond où patrimoine et modernité dialoguent avec fluidité, portant la créativité algérienne sur la scène mondiale.

Zoom matières & détails

Ce karakou séduit d’abord par son somptueux velours émeraude, une matière noble à la profondeur envoûtante qui capte la lumière et magnifie chaque broderie. Cette teinte, à la fois raffinée et intemporelle, confère à la tenue une aura royale digne des grandes cérémonies algéroises. Elle met en valeur un travail ornemental délicat : des broderies or et vert d’eau, emblématiques de la palette algéroise, exécutées en relief soutenu. Les motifs, précis et lumineux, évoquent la finesse de l’artisanat traditionnel tout en restant d’une élégance contemporaine.

La basque arrondie, élément signature du karakou, structure la silhouette et souligne la taille avec grâce, créant un équilibre harmonieux entre prestance et féminité. Enfin, les manches-cape apportent une touche moderne spectaculaire : elles prolongent la ligne du buste et s’animent à chaque pas, donnant à la pièce une allure scénique et fluide. Ce subtil mélange entre héritage patrimonial et modernité maîtrisée fait de ce karakou une tenue d’exception, à la fois ancrée dans la tradition et résolument tournée vers le présent.

La question qui fâche (ou qui fait avancer)

Faut-il que le karakou reste exclusivement aux mains des créateurs algériens ? Plus qu’une frontière, c’est la traçabilité culturelle qui compte : nommer les références, respecter les savoir-faire, travailler avec des artisan·e·s formés aux techniques locales et, idéalement, créer des passerelles avec l’écosystème algérien. Ici, la mention explicite de l’inspiration algéroise et la fidélité aux codes plaident pour une mise en valeur plutôt qu’une dilution.