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Quand les créateurs algériens s’engagent pour Gaza

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© Bymelbach
Quand la mode prend la parole : deux créateurs algériens réinventent le keffieh pour exprimer, à leur manière, leur soutien indéfectible à la cause palestinienne.

Aucun slogan facile, aucun effet de manche. Juste du tissu, du fil, et une volonté profonde d’insuffler du sens à chaque couture. En pleine tourmente mondiale, alors que Gaza ploie sous les images insoutenables, certains créateurs algériens font le choix de parler autrement. Par le vêtement. Par la mémoire. Par l’émotion.



Au cœur de cette démarche, un symbole : le keffieh palestinien. Ce foulard traditionnel noir et blanc, enraciné dans l’histoire depuis les années 1930, est bien plus qu’un accessoire. Il incarne la résistance, la dignité, la solidarité. Une étoffe chargée de récits, devenue langage universel d’un peuple en lutte.

Féminisé sans jamais être affadi, le keffieh devient dans les mains de ces stylistes un motif central, un manifeste textile. Chaque pli, chaque couture, raconte une histoire. Réinterprété avec grâce, il épouse les lignes d’une robe ou d’un voile avec justesse, sans jamais trahir l’esprit d’origine. Il devient identité tissée à même la peau.

Deux créateurs émergent dans ce paysage engagé. Deux sensibilités, deux écritures, mais une seule conviction : quand les mots se brisent, le vêtement prend le relais. Ici, la mode ne se contente pas d’enjoliver. Elle dénonce, elle questionne, elle soutient. Elle devient l’écho textile d’un combat silencieux que l’on refuse d’oublier.

Le keffieh réinventé par Fares

Sur Instagram, le jeune styliste algérien Fares Benabdeslam, finaliste remarqué de l’émission Project Runway El Djazaïr diffusée sur Echourouk TV, a dévoilé une création singulière, née d’un échange inattendu. Lors d’un micro-trottoir, une jeune femme lui lance un défi : concevoir une robe à partir d’un keffieh palestinien. Loin de l’anecdote stylistique, l'idée fait germer une œuvre engagée, portée par la force symbolique de l’étoffe.

Le résultat ? Une robe saisissante, à la croisée de la modernité couture et de la mémoire collective. Chaque couture, chaque pan du tissu, chaque frange du keffieh semble murmurer une histoire : celle d’un peuple, d’un exil, d’une résistance. En mêlant l’iconographie traditionnelle du keffieh à des coupes contemporaines, Fares signe bien plus qu’un vêtement, il érige un manifeste textile.

Dans sa légende, sobre et poignante, le créateur écrit :
« Avec ce design, j’ai relevé le défi lancé par une jeune femme qui m’a demandé de créer une robe à partir du keffieh palestinien. Le résultat est une œuvre qui allie créativité, identité et soutien à notre cause palestinienne. La mode n’est pas seulement une question d’esthétique, c’est aussi un message. »

Il poursuit :
« Je suis fier de cette création qui unit l’art à la cause palestinienne. J’ai utilisé le keffieh pour confectionner une robe qui raconte une histoire et porte un message. Chaque détail exprime notre soutien, car la Palestine est dans nos cœurs — et même la mode peut être une voix pour la justice. »

À travers cette pièce unique, la mode algérienne rejoint le combat des peuples, prouvant une fois encore que l’élégance peut aussi être un acte de solidarité, et que le vêtement, en Algérie, ne se contente jamais d’habiller : il prend position. Une façon, pour Fares, de rappeler que même dans la douceur du drapé, la voix de la révolte persiste.



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Création signée Fares benabdeslam @fares_officiieel

Bymelbach, quand la création devient conviction

Bien au-delà du simple hommage, la maison Bymelbach, fondée en Algérie, inscrit son engagement dans l’ADN même de ses collections. Ici, le keffieh ne se limite pas à un accessoire symbolique : il structure, façonne, habille. Vestes, abayas, robes fluides, kimonos, pantalons ou encore sacs… le motif quadrillé, en noir et blanc ou rouge et blanc, s’invite partout, devenant une matière première de réflexion, un marqueur visuel d’identité et de résistance.

Parmi les silhouettes les plus fortes, celle portée par la mannequin @rexleur capte l’attention. Une pièce sculpturale, audacieuse, mêlant denim structuré, empiècements de keffieh, broderies géométriques et détails utilitaires. Une déclaration de style assumée, à la croisée du streetwear conscient et du patrimoine textile revisité.



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Parmi les visages marquants du Fashion Day Dzaïr, le mannequin Sarah Melissa El Gaoubi a illuminé le podium en portant l’une des pièces engagées de la maison Bymelbach. Émue, elle confie : « J’ai eu l’honneur de défiler pour une cause qui me touche profondément. Aux côtés de la talentueuse créatrice @bymelbach, chaque pas que j’ai fait, chaque larme versée sur le podium, était bien plus qu’un acte de mode. C’était un cri silencieux pour la paix, un souffle d’espoir, une prière de justice. »

Chez Bymelbach, la mode n’a rien d’ornemental. Chaque pièce interpelle, chaque coupe raconte. Le vêtement devient vecteur de sens, support de mémoire et outil d’affirmation politique. Une esthétique du choc doux, qui conjugue allure et audace, ancrée dans les luttes contemporaines tout en portant haut les codes d’une mode algérienne fière, lucide et profondément actuelle.



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La maison Bymelbach, connue pour son approche avant-gardiste de la mode algérienne, dévoile une collection <b>streetwear</b> audacieuse où le keffieh palestinien s’impose comme fil rouge identitaire. Entre coupes oversize et graphismes assumés, chaque pièce revendique une double appartenance : urbaine et engagée. Le keffieh, loin d’être un simple motif, devient symbole, revendication, et ancre visuelle d’une jeunesse algérienne connectée au monde et à ses luttes.

Un tissu, un symbole, une prise de position

Ce qui relie les univers de Fares Benabdeslam et de Bymelbach, c’est cette même conviction intime : la mode peut — et doit — porter une voix. En choisissant le keffieh comme fil conducteur de leurs créations, ces designers algériens ne s’inscrivent pas dans une démarche opportuniste. Bien au contraire. Chaque couture est un hommage, chaque pièce une déclaration. Le tissu n’est pas accessoire, il est porteur de sens. Il raconte une histoire, celle d’une lutte, d’un peuple, d’une mémoire vivante.

À travers leurs collections, ces créateurs d’une nouvelle génération prouvent que l’esthétique peut épouser l’éthique, et que l’habit, bien plus qu’un ornement, peut devenir un acte de conscience. Une manière de rappeler que, parfois, les vêtements parlent plus fort que les discours. Et que, dans les plis d’un keffieh, peut se tisser toute la force d’un engagement silencieux mais éclatant.





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