Oran, 30 octobre. La soirée d’ouverture, présentée par le journaliste très en vue Bilal Al Arabi, a déroulé un tapis rouge très algérien. Les silhouettes ont célébré la couture patrimoniale avec des karakous ajustés et des badrounes ciselées, travaillées dans des velours profonds, des broderies généreuses et des finitions bijou. Entre héritage et modernité, la tradition s’est imposée comme langage de glamour.

Pièces phares de l’élégance citadine, le karakou et le badroune ont quitté le cadre strictement cérémoniel pour adopter les codes du red carpet : tailles marquées, jupes longues fendues, bustes sculptés et capes perlées qui prolongent le mouvement. Les matières ont joué la profondeur (bleu nuit, noir réglisse, bordeaux) avec des contrepoints ivoire et champagne, tandis que le perlage et le mejboud signaient des motifs étincelants. Maquillages lumineux, chignons nets et longues ondulations ont complété cette grammaire, en laissant la vedette aux broderies.

Parmi les invités, la journaliste Farah Yasmine, l'actrice Souhila Mallem, la comédienne Sarah Guendouz ont proposé des lectures contemporaines de la tenue d’apparat algérienne. À l’inverse, Haifa Rahim, Yousra Belatoui, Sarra Belghazli, Zola et Hanane Ghefir ont opté pour des robes de soirée à l’occidentale, révélant la diversité des styles sur le tapis rouge. La star égyptienne Rogina et la star tunisienne Dorra Zarrouk ont, elles aussi, épousé cette esthétique algérienne, confirmant qu’un vestiaire enraciné peut dialoguer sans complexe avec les codes internationaux. Cette ouverture rappelle la vitalité des ateliers algériens, la précision des brodeuses et la capacité de la mode locale à rayonner sur une scène globale.

coup de coeur mode de la rédac'

Trois silhouettes résument l’esprit de cette ouverture : Chahrazad Kracheni irradie dans un badroune en velours nuit surmonté d’une cape fluide, brodé de majboud doré signé par le couturier algérien Karim Akrouf; la ligne longue et la fente subtile révèlent l’éclat des escarpins, tandis que les manches amples et le décolleté en V allongent la silhouette en laissant respirer la broderie. Sarah Guendouz, comédienne, choisit une allure princesse contemporaine : jupe ample en satin champagne qui capte la lumière et karakou court brodé ton sur ton signé Eddine Belmahdi, cintré à la taille ; un khit errouh délicat souligne le port de tête et apporte une touche d’authenticité, entre grâce et assurance. Au cinéma, on l’a découverte dans Houria de Mounia Meddour (sorti en mars 2022) et on la retrouvera prochainement dans Violent d’Azzedine Sahbi, projet Arte (décembre 2026), Un destin Ponctuel de Karim Baghli (janvier 2026) et SPY Eyes, présenté comme le premier James Bond algérien (mars 2026). Enfin, Dorra Zarrouk confirme sa réputation de reine du red carpet avec un ensemble karakou/badroune ivoire à la coupe sirène: veste architecturée gainant le buste, épaules travaillées, constellations de perles et de strass comme des éclats de dattes dorées; les bijoux minimalistes et le chignon net laissent parler la matière. Trois propositions différentes, un même fil rouge: l’excellence des ateliers algériens, la maitrise des volumes, une conversation assumée entre tradition et glamour international. Une triade qui fixe le ton d’un festival placé sous le signe du style et raffinement.