
SalimaOr · 15 mars 2007 à 15:29
Oui, les rondes font mieux l'amour !
L'enquête qui booste le moral !
Ce sont les hommes qui l'affirment : rien de plus sensuel, de plus excitant qu'une femme bien dans ses formes. Et si on arrêtait les régimes ? Enquête et témoignages sur la libido qui se moque des kilos en trop.
Catherine Roig, le 06 Novembre 2006
« Deux radis, non merci ! » HUGHES, 32 ansrn« Pour moi, il faut qu'il y ait à manger sur une femme. Faire l'amour avec une maigre, c'est comme avoir une assiette avec deux radis dedans ! Dans le sexe, j'ai besoin de chair. Les rondes sont fascinantes, comme si la féminité se cachait dans leurs replis. Les mannequins sont très belles, mais elles ne m'excitent pas. Bien sûr, si une femme grosse est mal dans sa peau parce qu'elle a le gras mou et la gourmandise coupable, là, c'est dur… »
La scène se passe dans le cabinet feutré d'une sexologue réputée. Marine et Paul, mariés depuis quatre ans, sont ici pour tenter de remettre leur couple bringuebalant sur les rails. Elle lui reproche de s'être éloigné, de ne plus la regarder, de ne plus être aussi tendre. Il lui en
veut de ne plus aimer faire l'amour, de ne plus être aussi sensuelle qu'avant. La thérapeute demande : « Avant quoi ? », et Paul de répondre, excédé : « Avant son putain de régime ! Ça fait six mois qu'elle ne mange plus rien sous prétexte qu'une copine lui a dit que porter du 42 à 30 ans, c'était courir le risque de s'habiller au rayon “grandes tailles” à 35… Du coup, terminés nos petits dîners au resto et leurs épilogues crapuleux, nos soirées sont devenues aussi insipides que ses repas en poudre, sa libido aussi se serre la ceinture ! Mais ce quirnme fait le plus de peine dans cette histoire, c'est qu'elle a écouté sa copine sans tenir compte de mes goûts à moi. Je les adorais, ses fesses toutes rondes, ses petits bourrelets, ses cuisses et son ventre accueillants. Je ne dis pas qu'elle est devenue moche en perdant dix kilos,
mais elle est trop anguleuse, froide, sèche à tous points de vue, alors que c'est d'une femme ronde et chaude que j'étais tombé amoureux. » On ne sait pas comment se termine l'histoire, mais elle résume assez bien les questions qui nous turlupinent en ces temps de quête de grande minceur : si, au lit, les hommes préfèrent vraiment les grosses, serait-ce parce qu'elles font mieux l'amour que les fluettes ? Que signifie le « mieux » en l'occurrence ? Parle-t-on technique, prouesses, désir, motivation, aptitude à la jouissance ? Parle-t-on du point de vue des hommes ou de celui des femmes elles-mêmes ?
Pour échapper aux clichés, il nous fallait explorer plusieurs pistes, et avant tout celle des causes physiologiques. Si l'on admet depuis aussi longtemps et de façon quasi consensuelle que les rondes sont plus sensuelles, c'est bien qu'il existe une petite explication biologique, non ? Le Dr Pascale Sabban, gynécologue-obstétricienne, admet que, en effet, il y aurait du vrai dans cette hypothèse. « Si les rondes font mieux l'amour, avance-t-elle, c'est parce que, dans le tissu graisseux, le cholestérol se transforme en oestrogènes – hormones féminines – mais aussi en androgènes, des hormones mâles qui comprennent la testostérone, connue pour faire augmenter la libido (et qui entre dans la composition des traitements des troubles sexuels). Plus il y a de tissu graisseux, plus la libido a donc de chances d'augmenter… à condition, toutefois, que la femme ronde soit bien dans sa peau, car le mental est primordial. Les femmes rondes, voire grosses, n'ont pas moins d'activité sexuelle que les minces,
bien au contraire. Peut-être sont-elles plus à l'écoute de leur corps, de leurs envies, de leur gourmandise, de leur plaisir. »
Le problème, c'est que, sortie des draps, il faut s'habiller, paraître, se conformer aux idéaux contemporains de beauté, pas franchement rondouillards. Et que l'on a tôt fait de se retrouver dans le cabinet d'un spécialiste pour perdre des kilos sexuellement acceptables mais socialement encombrants. « Je suis constamment confrontée à ce décalage, nous confie le Dr Sandrine Sebban, médecin nutritionniste. Les femmes me demandent de les faire maigrir, mais surtout pas des fesses ni des seins, parce que leur mari ne le supporterait pas. Or, c'est physiologiquement impossible ! Je travaille avec elles en fonction de leurs motivations. Certaines femmes rondes ou grosses ne se sentent pas montrables, donc pas du tout attirantes. Celles- là, je ne pense pas qu'elles fassent bien l'amour, car elles sont trop en souffrance. D'autres, généralement mises en valeur par le regard de leur partenaire, se sentent belles. Elles portent de la lingerie coquine, font allusion à une vie sexuelle épanouie, elles rayonnent, ce sont des épicuriennes, des femmes qui ont du tempérament, qui viennent me voir davantage pour se conformer à un modèle de beauté que parce qu'elles sont mal dans leur peau. Si leur santé n'est pas en danger, je ne les pousse pas forcément à maigrir. Il faut quand même savoir qu'un régime, avec tout ce qu'il engendre comme frustrations,
booste davantage la nervosité que la libido ! » Ce que beaucoup d'hommes confirment, quand ils disent ne pas supporter une femme à la diète.
Catherine Roig, le 06 Novembre 2006
« Que le corps soit incarné, habité » RAPHAËL, 29 ansrn« Les rondeurs assumées, ça correspond à l'idée que je me fais d'une femme : généreuse, sensuelle, protectrice… L'été dernier, j'ai couché avec une fille maigre et plus grandernque moi. Ça m'a déstabilisé. J'aime qu'une fille ait des formes là où je n'en ai pas : des seins, des hanches… Ça s'appelle la différence de genre. Mince ou ronde, ce qui compte, c'est qu'un corps soit habité, incarné. Bref, que la fille soit bien dans ses chaussettes. »
« La minceur, c'est morbide » MATHIEU, 34 ansrn« Gamin, j'adorais ma nounou, qui avait de gros seins, et les déesses de la fertilité dont on nous parlait à l'école me faisaient fantasmer à mort. Sexuellement, la platitude medéprime, la minceur, c'est morbide, alors que les rondeurs, c'est la vie. Si je couche avec une fille androgyne, j'ai l'impression de baiser avec un pote ! Le must ? La position en cuillère,
où la fille est allongée sur le côté : une main sur un sein, mon sexe qui frôle ses fesses, les yeux rivés sur son bassin, son corps devient un paysage vallonné. »