À 39 ans, Amel Bent boucle une boucle intime : celle du retour symbolique vers ses racines paternelles. En obtenant la nationalité algérienne, la chanteuse scelle une réconciliation silencieuse avec une partie d’elle-même.
Elle a grandi à La Courneuve, élevée par une mère marocaine courageuse, sans la présence de ce père algérien qui pourtant lui léguait, par le sang, une terre, une histoire, une langue. Amel Bent, enfant de France et du Maghreb, a longtemps porté en elle cette dualité, sans toujours savoir comment l’honorer.
Sur TikTok, dans une vidéo filmée au consulat d’Algérie à Nanterre, l’artiste confie avec sobriété : « Je n'avais pas la nationalité algérienne. Aujourd’hui, je suis officiellement Algérienne. » Un acte administratif en apparence, mais une décision qui dépasse le simple tampon sur un passeport.
À celles et ceux qui doutent de la portée de ce geste, Amel Bent répond avec une tendresse lucide : « Ce n’est pas les papiers qui font l’amour ou la fierté. Mais aujourd’hui, je suis fière d’avoir mes papiers. » Derrière cette phrase, toute l’ambivalence d’une fille de l’immigration, qui a dû trouver son équilibre entre plusieurs identités souvent opposées dans le regard des autres.
Entourée d’une petite assemblée d’Algériens et d’Algériennes, la chanteuse conclut : « Ce soir, je me sens chez moi avec vous. » Une phrase douce, mais lourde de sens, pour celle qui n’avait jamais mis de mots sur cette quête d’appartenance.
Dans son album « Vivante », sorti en 2021, Amel Bent dévoilait une chanson intitulée « Merci Monsieur ». Une lettre en musique, dédiée à ce père resté dans l’ombre, à qui elle dit merci malgré tout. Derrière ce titre se cache le long chemin d’acceptation, de deuil, et peut-être aussi de pardon.
Ce n’est pas un hasard si la demande de nationalité intervient plusieurs années après cette chanson. Comme si Amel, en posant des mots, avait peu à peu apprivoisé les non-dits. Comme si elle avait, dans le silence des notes, trouvé la force de renouer avec une mémoire partielle mais puissante.
Avec cette naturalisation, Amel Bent affirme un peu plus cette identité à la croisée des chemins. Déjà profondément engagée dans la défense d’une France plurielle, elle montre aujourd’hui qu’on peut être entièrement française, et totalement fière d’être aussi algérienne. Sans contradiction.
« Je suis fière d’avoir deux maisons », dit-elle. L’une à Paris, l’autre de l’autre côté de la Méditerranée, où elle peut désormais se sentir chez elle, légitimement, symboliquement, affectivement.
Amel Bent incarne, pour beaucoup, cette génération d’enfants d’immigrés qui ont grandi entre deux cultures. Sa déclaration, simple mais forte, résonne comme une invitation à se réapproprier ses racines, sans honte ni peur.
À travers son geste, elle ouvre une voie, celle de la réconciliation avec soi-même. Une voie que d’autres emprunteront peut-être, à leur rythme, avec leurs propres blessures, leurs propres chansons.
Et maintenant ? Pour Amel Bent, cette double nationalité n’est pas une fin, mais une continuité. Elle lui permettra d’aller en Algérie avec le cœur plus léger, avec les papiers en main, mais surtout avec l’assurance intime que son histoire est enfin complète.
Et pour ses enfants – Hana, Sofia et Zayn – c’est une filiation assumée, transmise en toute clarté. Le plus bel héritage, peut-être.
Dans une époque où les identités sont parfois malmenées, le geste d’Amel Bent est un acte politique au sens noble : celui de dire, haut et fort, que les racines multiples sont une richesse. Et que parfois, les papiers sont bien plus qu’un bout de plastique : ils sont un chapitre d’une histoire qu’on choisit, qu’on revendique, et qu’on honore.
SamoDzi
09 JulSuper article !❤️ J'ai vu sa vidéo hier, très émouvante et sincère, rien à dire on reconnaît très bien notre Amel une vraie Bent EL Blade.