Elle s’appelle Kenza, mais le monde numérique la connaît sous un autre nom : Poupette. Un surnom enfantin, presque candide, qui contraste avec l’intensité de sa vie publique. À 24 ans à peine, Kenza Benchrif est déjà devenue une figure incontournable — et controversée — des réseaux sociaux français. Amour, argent, maternité, disputes en live et millions de vues : sa vie est une série en temps réel. Et tout le monde regarde, même ceux qui jurent ne pas la suivre. Zoom sur un phénomène viral.
Rien ne prédestinait Kenza à devenir une star de Snapchat. Née à Mont-Saint-Aignan, en Normandie, au sein d’une famille d’origine marocaine, elle grandit loin des paillettes. Loin des projecteurs, mais au cœur d’une époque où le téléphone devient une scène et les réseaux sociaux, un miroir grossissant.
À peine majeure, Kenza commence à partager des bribes de sa vie sur les réseaux. Des bribes ? Plutôt des éclats. Chaque émotion, chaque conflit, chaque rire ou larmes devient un contenu. Très vite, son authenticité brutale séduit une audience en quête de sensations vraies. Elle n’est pas filtrée. Elle n’est pas policée. Elle est… elle-même. Sans filtre, sans vernis. Mise à nu sous une lumière crue, celle des réseaux sociaux qui ne pardonnent rien mais captivent tout.
Poupette Kenza transforme sa vie privée en saga. Elle filme tout : ses disputes conjugales, ses réconciliations, ses enfants, ses séances de shopping, ses drames familiaux. Dans un monde d'influence formatée, elle devient une voix dissonante, parfois dérangeante, souvent fascinante. Son ex-mari Allan, ses enfants, sa vie de famille : rien n’est tabou.
Certains la jugent, la moquent, la dénoncent. D’autres l’adorent, la soutiennent, s’identifient. Elle incarne une classe populaire exposée et assumée. Avec elle, pas de storytelling léché. Juste la réalité, ou du moins, sa version, livrée en direct, sans script ni retouche.
Mais derrière les cris, les clashes, les larmes en stories, Poupette Kenza est aussi une machine à cash. Elle capitalise sur sa visibilité : placements de produits, collaborations avec des marques de soins ou de vêtements, contenus sponsorisés. Les critiques fusent, notamment sur la qualité ou l’éthique des produits promus. Mais elle continue, portée par une communauté ultra-engagée.
Elle fait partie de ces influenceuses qui vivent de leur image… et de leurs failles. Ses revenus, bien qu’estimés de façon très variable, sont parfois évoqués à plusieurs milliers d’euros mensuels. Un parcours qui interroge autant qu’il fascine : comment une jeune mère de famille a-t-elle bâti un empire médiatique sur ses disputes de couple et ses monologues en jogging ?
Être partout a un prix. Poupette est fréquemment attaquée : par les médias, les internautes, les institutions. Accusée d’exposer ses enfants, critiquée pour ses prises de parole, dénoncée pour ses collaborations commerciales… Elle s’en défend bec et ongles, parfois en direct, parfois en pleurs. À plusieurs reprises, elle se dit harcelée, traquée. Elle disparaît… puis revient. Toujours plus suivie, toujours plus discutée.
Dans ses vidéos, une chose revient toujours : l’amour qu’elle dit porter à ses enfants. Maman poule ou maman exposante ? Le débat fait rage. Mais Kenza s’accroche à son rôle de mère comme à un radeau. C’est peut-être ce qui la rend si touchante pour certains : elle est imparfaite, vulnérable, furieuse, aimante. Parfois tout cela en même temps.
Elle dérange parce qu’elle n’édulcore rien. Elle fascine parce qu’elle ressemble à tant de femmes invisibles, dont elle est devenue la caricature assumée. Une femme arabe, jeune, mère, cash, ultra connectée… et incomprise.
Alors que d’autres influenceuses polissent leur image, Poupette continue d’avancer en ligne droite, cabossée mais debout. Pour elle, le réseau n’est pas un outil : c’est un mode de vie, une thérapie, un champ de bataille. Et le public, qu’il l’aime ou la déteste, ne décroche pas. Comme si Poupette Kenza était devenue la Madeleine de Proust d’une époque en quête de vérité brute.
Dans un monde qui filtre tout, elle choisit de tout montrer. Et c’est peut-être ce paradoxe qui fait d’elle, malgré tout, une icône de notre époque.
En parallèle de sa notoriété fulgurante, Poupette Kenza a vu l’envers du décor se refermer sur elle avec une violence inattendue. Ces derniers mois, l’influenceuse est plongée dans une tourmente judiciaire d’une ampleur inédite. Mise en examen pour extorsion de fonds en bande organisée, elle est soupçonnée d’avoir mandaté un tiers afin de récupérer la somme colossale de 300 000 euros auprès d’une ex-amie, qu’elle accuse de l’avoir trahie. Un mandat d’arrêt avait été émis à son encontre depuis plusieurs mois, mais vivant alors à Dubaï, elle échappait jusque-là aux autorités françaises.
Le tournant dramatique survient lorsqu’elle décide de revenir sur le sol français. Enceinte, vulnérable, elle est arrêtée à son arrivée. Le choc est immense. Seule, emprisonnée, et enceinte, Poupette traverse l’épreuve la plus brutale de sa jeune vie. Son mari, resté un temps avec leurs enfants à Dubaï, finit lui aussi par être interpellé à son tour en France, puis incarcéré dans la même affaire.
Après plusieurs mois derrière les barreaux, elle obtient enfin une liberté sous contrôle judiciaire. Mais cette liberté est relative : elle n’a plus le droit de communiquer sur les réseaux sociaux, ni de s’adresser à sa communauté. Privée de ce qui constituait son identité numérique et son gagne-pain, elle cherche un autre langage. Elle trouve refuge dans l’écriture.
Son livre, très attendu, paraît quelques semaines plus tard. Écrit comme une confession à huis clos, il est perçu par ses fans comme un pont tendu entre deux mondes. Le succès est immédiat : 35 000 exemplaires écoulés en une semaine. Sans filtre, sans filtre, une fois encore. Mais cette fois, entre les lignes d’un manuscrit au lieu des stories en rafale.
Aucun commentaire pour le moment... Et si vous ouvriez le bal ? Votre avis compte, partagez-le avec nous ! Pour cela, rien de plus simple, connectez-vous en cliquant ici