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Le syndrome du bébé oublié en Algérie : pourquoi il faut en parler !

Un drame invisible, mais évitable : le syndrome du bébé oublié reste méconnu en Algérie. Voici ce qu’il faut savoir pour éviter l’irréparable.

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Chaque été, des vies s’éteignent dans le silence brûlant d’une voiture verrouillée. Aux États-Unis comme en Europe, le phénomène du syndrome du bébé oublié suscite l’émoi, alimente les colonnes des journaux, pousse les constructeurs automobiles à innover et les hôpitaux à former les jeunes parents. Pourtant, en Algérie, ce sujet reste absent. Pas un article, pas un chiffre, pas un débat public sur ce drame pourtant universel.



Le syndrome du bébé oublié est une défaillance de la mémoire dite prospective. En situation de stress, de fatigue ou de routine bouleversée, le cerveau humain peut effacer une tâche pourtant vitale — comme déposer son enfant à la crèche. Le parent suit son trajet quotidien, verrouille la voiture… et oublie son bien le plus précieux. Mais cela n’est ni de la négligence, ni de l’irresponsabilité. C’est pluttôt ce qu'on appelle un bug neurologique, que les scientifiques comme David Diamond aux États-Unis étudient depuis plus de des décennies.

Dans les pays occidentaux, les médias relaient régulièrement ces drames – y compris ceux qui se terminent sans décès – pour maintenir une vigilance collective. Car le syndrome du bébé oublié, bien que rare, est d’une cruauté psychologique extrême. En 2024, plus de 40 enfants ont perdu la vie aux États-Unis après avoir été laissés accidentellement dans une voiture en plein soleil. Le 29 juin dernier, en Californie, une mère a oublié son bébé à l’arrière de son véhicule… pendant qu’elle recevait des injections esthétiques. En France, un drame similaire à Istres, survenu en juin 2025, a bouleversé l’opinion publique. À chaque fois, l’émotion est immense, les appels à la prévention se multiplient, et la même question surgit : comment est-ce possible ?

Dans les pays occidentaux, les médias relaient régulièrement ces drames et même ceux qui finissent bien, histoire, justement, de faire une piqûre de rappel médiatique ! En 2024, plus de 40 enfants sont morts aux États-Unis après avoir été oubliés dans une voiture. En Californie, le 29 juin dernier, une mère oublie son bébé dans sa voiture alors qu'elle se rendait chez l'esthéticienne pour se faire des injections esthétiques. En France, un cas survenu à Istres en juin 2025 a fait la une de plusieurs médias. L’émotion est à chaque fois immense, et les appels à la prévention nombreux. La culpabilité, dans ces situations, est souvent d’autant plus insoutenable que l’oubli est lié à un acte perçu comme “léger” ou “superficiel”. Une course rapide, une séance de sport, une visite chez le coiffeur… Ces petits moments du quotidien deviennent des cicatrices indélébiles. Il ne s’agit pas de juger, mais de comprendre un phénomène neurologique complexe, où le stress, la fatigue ou le changement de routine peuvent court-circuiter la mémoire parentale.

Et en Algérie ? Le grand silence

En effectuant une recherche dans la presse algérienne, un constat s’impose : aucun cas documenté, aucune mention de drame, pas de chiffres, ni dans les médias généralistes, ni dans les rapports de santé publique. Seul un article publié récemment dans L’Écho d’Algérie aborde le sujet… en relatant un cas survenu en France. La problématique est donc connue, mais encore perçue comme étrangère.

Ce silence interroge. Faut-il en déduire qu’aucun enfant n’a jamais été oublié dans un véhicule en Algérie ? Peu probable. Ce phénomène ne connaît ni frontières, ni cultures. Il est le produit d’un mode de vie moderne où les automatismes prennent parfois le pas sur l’attention consciente. Ce silence est peut-être le signe d’un tabou parental, ou d’un manque de médiatisation des faits divers jugés trop sensibles.

Mais il faut savoir que quelques minutes suffisent pour qu’un habitacle de voiture devienne un piège mortel. Même par temps modéré, la température intérieure peut grimper de 10 à 15 °C en moins de 10 minutes. Or, le corps d’un bébé ne régule pas la chaleur comme celui d’un adulte. Il se déshydrate rapidement, sa température monte en flèche, et cela peut provoquer un coup de chaleur, des lésions cérébrales irréversibles, voire la mort. Laisser un enfant seul dans une voiture, même « juste deux minutes », c’est toujours une prise de risque — inutile et potentiellement tragique.

Dans les pays où ces drames sont reconnus, les réponses se multiplient. Capteurs intégrés aux sièges auto, alertes sonores dans les voitures, applications mobiles, accords entre crèches et parents pour signaler toute absence non prévue : les outils sont nombreux. Des campagnes de prévention sont menées chaque été, et les jeunes parents reçoivent parfois des brochures explicatives dès la maternité.

En Algérie, rien de tel n’existe aujourd’hui. Mais il n’est pas trop tard pour agir. Une simple routine peut sauver une vie : poser un objet important à l’arrière (sac à main, téléphone), vérifier systématiquement l’habitacle avant de sortir, demander à la crèche d’appeler si l’enfant n’arrive pas à l’heure…

Briser le silence pour prévenir le pire...Le syndrome du bébé oublié est une tragédie évitable. Mais pour cela, encore faut-il lui faire une place dans l’espace public. Ouvrir le débat, former les professionnels de la petite enfance, créer du contenu préventif adapté au contexte algérien, et surtout, cesser de culpabiliser les parents. Car ceux qui vivent cette tragédie ne sont pas des monstres : ce sont souvent des pères et des mères aimants, bouleversés à jamais par un instant d’oubli.

Dans bien des cas, ce sont des passants attentifs qui sauvent la vie d’un bébé en donnant l’alerte à temps. Mais lorsque les vitres du véhicule sont teintées, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, le danger devient encore plus sournois : personne ne voit l’enfant à l’intérieur. Aucun cri, aucun mouvement ne filtre. L’oubli devient invisible. Et c’est précisément ce silence qui peut rendre l’issue tragique. C’est pourquoi il est essentiel de briser les idées reçues : non, ce n’est pas “quelques minutes”, ce n’est pas “juste pour acheter du pain”. C’est une situation à haut risque, où chaque seconde compte.

Il est temps que l’Algérie regarde ce phénomène en face, non pas pour le redouter, mais pour mieux l’anticiper. Chaque silence médiatique est un risque. Chaque mot prononcé peut, à sa manière, sauver une vie.

Et vous, pensez-vous que ce sujet mérite plus d’attention en Algérie ? Et surtout, avez-vous déjà eu écho de cas de bébés oubliés en Algérie ?





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