
Bassoum · 10 août 2011 à 01:25
Prénom: n.m.- Nom particulier servant à distinguer les différentes personnes d’une meme famille. Le prénom suit la personne dans sa vie courante et fait partie d’elle.
Un prénom est aussi un mélange de culture et de religion. La société jout elle aussi un role important dans l’attribution du prénom surtout dans la notre. Le choix du prénom est loin d’être anodin, il est même le fruit d’une longue réflexion, voire de multiples débats pour enfin décider de ce qui va devenir le prénom du nouveau né. D’ou l’expression, "Ki yzid nssemouh Bouzid". Or, les temps ont changés, la société algérienne aussi.
--- Historique ---
Il fut une époque ou en Algérie, il existait un registre qui comportait la liste des prénoms tolérés. Ceux qui n’y figuraient pas n’étaient pas accepter. Puis, dans les années 90, ce registre a été abolit, il est désormais "normalement" tolérer de donner le prénom de son choix.
Il y a donc eu des vagues, des modes. Comme les prénoms,en hommage à:
- un Saint de la ville ou du village (Houari, Abderahmane, Boumediene, etc). Vous trouvez beaucoup de Houari dans la région Ouest, beaucoup de L’khayer à l’Est, Kahina en Kabylie etc.
- une Figure de l’Islam (Omar, Aissa, Moussa, Yacoub, Hind, Aicha, Khadidja etc.) en hommage à nos prophètes, et toutes les figures de l’avénement de l’Islam et des religions monothéistes.
- un personnage historique ou politique qui a marquer son temps (Djamila, Ahmed Ben Bella, Larbi, Hassiba, etc). Notamment à la gloire des martyrs, Moudhajidines et des Moudjahidèttes.
Les prénoms étaient donc Musulmans ou Berbères, suivant ainsi la tradition et la croyance des parents. Le prénom devenait symbolique. Le but n’était pas d’innover mais de donner un prénom comme un Symbole d’une Histoire, d’une Epoque, de la Région d’origine et/ou de la Religion. Des prénoms donc simples à prononcer, à écrire, et à porter.
Il était aussi de coutume de donner à ses enfants le prénom de leurs grands parents. Comme un éternel recommencement. Ainsi de nombreux algériens et algériennes portent le prénom de leur grand-mère ou grand-père.
A partir des années 70 jusqu’aux années 90, commence une nouvelle ère de prénoms: Souhila, Samira, Mohamed-Amine, Sabrina, Imene, Feriel, Souad, Sofiane, Karim, Mehdi.. Cette catégorie ou se situe surment le votre et celui de vos frères, soeurs, cousines.
Des prénoms qui auront vite la cote avec une signification, qui plaisent, et sont simples à prononcer. Les chansons qui leurs rendent hommage sont nombreuses : "Sakina el bab yda9da9", "Inès Inès" de Rabah Asma, " Sabrina", " Yamina" de Hakim Salhi " Souhila" chantée par Cheb Bilal. Etc. C’était les débuts des amourettes à l’algérienne et l’apogée de notre ENTV.
Mais, depuis le début des années 2000, la culture des prénoms a été bouleversée. De nouveaux prénoms, souvent venus d’ailleurs ont fait leur entrée dans la vie des algériens. L’Algérie s’ouvre au monde, et ouvre avec elle le champ des prénoms, pour le meilleur mais aussi pour le pire. Internet, les feuilletons orientaux, les voyages, ont fait découvrir à nos compatriotes des prénoms d’autres cultures. Ainsi, Fatima, Khadija, Hiziya, Mokhtar, Rabah, Saad,Tahar sont passés aux oubliettes ils sont meme devenus Has Been aux yeux de certains. Ils ont cédés leur place à: Mohanad, Nour, Lina, Mirvate, Issam, Haitham, Roula, Mirna, Lamiss, Chakira, Raihanna, etc .. A vos souhaits bien sur!
Une quète de l’originalité devenue à mon sens caricaturale. Chacun est libre d’appeler ses enfants comme ça lui chante, mais parfois je me dis: cette gamine qui s’appelle Chakira quand elle deviendra vieille ça sera El Hadja Chakira ?! (lol) #ouvalemonde.
La plupart donnent des prénoms à leurs enfants sans meme en connaitre la signification, ou en commençant par "euh je crois que ça veut dire". Enfait, c’est pourvu que ca sonne " fashion " et tant que ça vient d’ailleurs c’est mieux, le Local n’est plus à la page. Donc tu as aujourd’hui d’adorables mamans qui devant votre visage en forme de point d’interrogation quand elle vous dit le prénom de sa progéniture, s’exclament avec fierté: "Ca vient d’une tribu musulmane de Papouasie Nouvelle Guinée. " Comprendre: " MERCI GOOGLE d’avoir choisi le prénom de ma fille". #déprime.
---- Typologie de la tendance actuelle-----
1- Prénoms pour l’intégration: parents qui pensent à l’avenir professionnel de leurs enfants, et qui donnent des noms qui sonnent moins maghrébins. Pour qu’ils n’endurent pas ce qu’ils ont endurer comme moqueries ou comme "écorchage" de prénom, mais aussi parce qu’ actualité oblige. Ils évitent dorénavant les Zahia, Oussama, Nabila-bila, ceux qui ont des " H " rebeux. Ainsi on se retrouve avec une multitude de: Ryan, Mirna, Lina, Rosa, Célia. Les prénoms à deux syllabes ont la cote.
2- Les prénoms customisés: On garde les prénoms rebeux-bylkas, mais on change une lettre pour que ça sonne mieux, moins "agressif", moins "je viens de la té-ci".
Exemple: Sélim (avec un "é"), Sabryna (avec un Y), Reem (à l’américaine), Nadiya (et c’est parti pour le show!), Ambre (3ambar en arabe, oui l’encens)
Réflexion: Why ?! Moi j’aimais bien Nadia, Sabrina, Rym, Salim, .. Valérie Damidot sors leur corps ! Ils ont tout customiser.
3- Prénoms religieux: Avec l’ère des chaines religieuses, les parents pieux ou qui préfèrent choisir dans tout ce qui se rapporte à l’Islam, avec des prénoms parfois très compliqués parfois composés. Sont nommés pour cette catégorie: Douaa, Salssabil, Niimat Allah, Aya, Sourate, Abdelmoumène ell Mountassar … et la liste est longue.
Et tant pis si le gosse deviendra plus tard un gros délinquant athé, l’mouhim il aura un prénom certifié Halal.
4- Prénoms à la mode des feuilletons: il suffit qu’un feuilleton soit suivi par tous, pour que toutes les algériennes enceintes soient au taquet. Et avec la multiplication des chaines télévisées je peux vous dire qu’il y a du pain sur la planche. Séries du Moyen-Orient, Turques, Indiennes, Syriennes .. Il suffit de voir un acteur Bogosse ou une actrice canon pour que toutes les algériennes menacent leurs mari de suicide si elles ne prénoment pas leur enfant comme le héros du feuilleton, ou l’héroine.
On a donc eu: Malak, Nour, Mohanad, Samara, Samar.. et je vous épargne les Tarkan, Sharukh, & autres délices venus d’ailleurs.
Réflexion: A mon époque c’était les séries mexicaines qui faisaient fureur, je remercie donc mes parents d’avoir eu l’intelligence de m’épargner: Guadaloupé, Cassandra ou Maria Clara. (rires)
-----Conclusion---
El hassoul, Chacun est libre, chacun a sa manière de chercher l’exotisme, il ne faut juste pas oublier que le prénom suit l’enfant toute sa vie, fait partie de lui (cf. définition) qu’une simple mode, ou un caprice de parents peut valoir une sacrée crise d’adolescence pour celui ou celle qui ne sera ni de la génération séries turques ni de celle de " Plus belle la vie". Et je terminerais par cet adage:
"El djid habou, wel Qdim la tferète fih." Grosso Modo: Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple.
Chers compatriotes, révisez vos Classiques et arretez de compliquer la tache des fonctionnaires de l’Etat Civil. Pensez aux S12 de vos gosses Bon Sang! (lol)
P.S: pour les rabats-joies: ce topic ouvre une discussion, un sujet comme un autre et n’a aucunement pour but de se moquer des autres ou de vous viser ou porter atteinte à votre intégrité. Merci de rester ZEN.