
esmeralda53 · 16 juin 2011 à 21:52
Six femmes ont choisi de raconter le jour où elles sont devenues "femmes" à part entière
[Bien plus qu'arborer un joli décolleté, être femme est un statut qui se gagne au détour d'une expérience qui laisse souvent une trace indélébile. Pour tenter de percer le mystère de ce passage, six femmes, d'une même famille ont été interrogées : six expériences différentes /i]
1/ Jeanne, 88 ans, la grand-mère : « Je suis devenue femme le soir de ma nuit de noce ! J'avais 23 ans, je venais de me marier avec l'homme que j'aimais et je me disais que j'allais enfin avoir ma vie à moi. »
2/ Gioia, 57 ans, la mère : « Jusqu'à l'âge de 14 ans, j'étais un vrai garçon manqué. Le jour où j'ai troqué mes socquettes de gamine contre des bas et des talons, j'ai pris conscience de mon pouvoir de séduction. La petite fille s'est aussitôt transformée en femme. »
3/ Cassandra, 34 ans, la fille aînée: « Je pense que c'était il y a quatre ans, lorsque j'ai osé porter du rouge à lèvres « rouge vif ». Plus globalement, c'est le regard de mon amoureux qui m'a aidée à assumer ma féminité. »
4/ Christelle, 32 ans, la fille cadette : « Lorsque j'ai pris deux bonnets de soutien–gorge supplémentaires ! Dans ma représentation, une femme a nécessairement de la poitrine… Je n'en étais donc pas une… Jusqu'à l'opération qui m'a réconciliée avec moi-même. »
5/ Coralie, 22 ans, la benjamine : « Je ne sais pas si c'est parce que je suis trop jeune mais j'ai l'impression d'être encore une gamine ! J'imagine que je me sentirai femme quand je parviendrai à assumer mon corps sans avoir peur du regard des autres. »
Danielle, 64 ans, la tante : « Je suis passée du statut d'ingénue à celui de femme le 1er mai 1968, jour de la naissance de mon fils. Avant cette date, j'étais un peu comme une princesse de conte de fée : je ne connaissais pas grand chose à la vie, tout me semblait être un jeu. »
Le point de vue de la psychothérapeute : Véronique Sommer
« Etudier les représentations de la féminité au sein d'une famille redonne du sens à la question de la transmission générationnelle » Partant du constat selon lequel les femmes d'un même clan ne partagent plus leur nudité, cette psychothérapeute déplore la disparition des rites d'initiation qui encadraient l'entrée dans la puberté ou qui se déroulaient lors d'une grossesse. « Le témoignage de ces six femmes est conforme à la manière dont on pense aujourd'hui qu'une jeune fille devient femme : à travers des éléments totalement extérieurs comme la maternité ou le maquillage » illustre cette spécialiste de la thérapie par le mouvement*2. « Pourtant, poursuit-elle, le féminin est l'énergie de la nature et de l'intuition qui sont par essence très intérieures. Sa représentation symbolique est la louve, animal on ne peut plus sauvage ». Selon Véronique Sommer, les femmes ont pourtant perdu cet « instinct sauvage » lorsqu'elles ont voulu ressembler aux hommes pour obtenir l'égalité. « Il était essentiel de perdre notre instinct de vue, le temps d'obtenir les avancées sociales que l'on connaît » tempère-t-elle. Même si tout n'est pas acquis, il serait maintenant l'heure de le retrouver en se reconnectant à l'énergie terrestre, puis à celle plus collective des groupes de femmes. Inutile donc de chercher à devenir des hommes, « c'est peine perdue » garantit la thérapeute. Elle estime en revanche qu'il est primordial de trouver le pôle masculin dans notre féminin, prix à payer pour parvenir à l'altérité. Simone de Beauvoir avait raison : « On ne naît pas femme. On le devient. » et Véronique Sommer de compléter : « à condition d'être en accord profond avec soi-même. »