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Éclats pharaoniques : le glamour qui réveille l’âme égyptienne

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Ghosun Ismail - Sahar El Saigh - Nesreen Tafesh
Sous les lumières du Grand Egyptian Museum, la mode convoque les reines d’hier : un éclat pharaonique qui transforme le red carpet en rituel de mémoire.

Longtemps, on a répété que les Égyptiens d’aujourd’hui ne seraient pas ceux du temps des pharaons. Or, l’instant présent dit l’inverse : les Égyptiens revendiquent leur filiation et réaffirment être les héritiers des pharaons. Nuit d’images et d’histoire, l’inauguration du Grand Egyptian Museum a transformé le parvis de Gizeh en scène d’apparat où cinéma, mode et patrimoine se donnent la main. Entre diplomatie culturelle et silhouettes inspirées de l’Antiquité, le tapis rouge a réuni des délégations venues d’environ 80 pays ; parmi les hôtes de marque figuraient notamment la reine Rania de Jordanie ou encore l’icône Sherihan. La rédaction de Dzirielle vous invite à une immersion dans cette mémoire retrouvée, côté mode.


Dès l’arrivée des invités, le dispositif donnait le ton : lumière chaude, perspective monumentale sur les pyramides, bande-son solennelle. Au centre de ce ballet visuel, l’idée forte était limpide : célébrer la continuité d’une civilisation en invitant le présent à converser avec l’Antiquité. Des tenues pensées comme des clins d’œil aux reines et aux artisans de l’Égypte ancienne, des bijoux turquoise rappelant les pierres protectrices, des drapés métallisés qui jouent avec le sable et la nuit : tout convergeait vers un engagement esthétique et politique.

Cette écriture du prestige a aussi parlé régional : côté algérien, la ministre de la Culture a assisté à la cérémonie et figurait parmi les délégations invitées, tandis que l’attention médiatique s’est surtout portée sur les grandes figures égyptiennes et internationales et sur la scénographie.



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La ministre de la culture Malika Bendouda en représentation officielle lors de la cérémonie d'ouverture du musée d'Égypte


Quand les actrices rejouent l’éternité

Au premier rang des hommages, Salma Abu Deif, actrice et mannequin égyptienne a déroulé un récit personnel puissant. Sa robe sculpturale réalisée par le styliste Khaled Zahra Azzam, argentée et nervurée, épousait le mouvement d’un drapé antique sans jamais tomber dans le costume. Le choix des pierres bleues, échos du lapis et du turquoise, dessinait une ligne de force entre bijouterie traditionnelle et éclat contemporain. Mais au-delà du look, c’est le texte que l’actrice a livré à ses abonnés qui a fait mouche : une preuve d’amour pour son pays, une invocation d’Hatchepsout comme figure d’audace féminine, et l’idée que porter un vêtement peut être une manière de dire « nous sommes encore là ».

Nous sommes les enfants des Pharaons
Salma Abu Deif

Dans la même veine, Yasmina El Abd a choisi une silhouette architecturée qui modernise le plissé antique : épaule perlée, taille soulignée, lignes sinueuses qui captent la lumière comme la surface d’une jarre poli-or. Une « reine » égyptienne des temps modernes, photogénique sans outrance, immédiatement lisible pour le public international. Plus tactile, a misé sur une robe aux reliefs argent, avec un col asymétrique qui évoque le geste du drapé croisé sur l’épaule. La matière miroitait sous les spots comme une feuille d’or blanc battue. Le beauty look, liner étiré, carnation réchauffée, turquoise en point focal, signait un hommage au khôl et aux pierres protectrices. Le tout construisait une passerelle élégante entre atelier couture et atelier d’orfèvre. Actrice d’origine algérienne, Nesreen Tafesh a rendu hommage en adoptant une tenue d’inspiration pharaonique, des visuels qui semblent générés par IA. Dans son message publié sur son compte Instagram, elle célèbre l’Égypte et dit ressentir une âme ancienne. Entre esthétique et mémoire, sa publication illustre l’écho régional du GEM, au-delà des frontières culturelles partagées.

Enfin, d’autres personnalités ont joué la carte du pharaoh-core via des shoots stylisés, certains ont même tenté des images générées par l'IA. Cette hybridation du réel et du virtuel, loin d’être anecdotique, prolonge l’expérience du musée : on y questionne la transmission, la mémoire, la puissance des symboles, puis on la partage à l’échelle planétaire en une série de posts viraux.

Derrière les silhouettes de l’inauguration, différentes signatures stylistiques ont donné chair à la mémoire égyptienne : Fouad Sarkis d’abord, maître des lignes sculpturales, tailles cintrées et traînes qui captent la lumière comme un métal liquide ; ses jeux de plissé et d’épaule structurée convoquent l’idée du plastron sans tomber dans le costume. À ses côtés, Khaled Zahra Azzam orchestre une véritable dynamique scénique : silhouettes lisibles à distance, géométries empruntées aux bas-reliefs, palettes sable–or–lapis et symboles pharaoniques distillés en détails mobiles : la couture comme chorégraphie, taillée pour la caméra. Enfin, Soha Murad mise sur la matière : crêpes denses, satins sablés, broderies en relief qui accrochent l’éclat d’une feuille d’or ; ses drapés croisés et touches de turquoise signent des “reines modernes” au khôl étiré et au glow ambré. Ensemble, ils prouvent qu’un tapis rouge peut réinventer l’iconographie pharaonique en langage couture contemporain précis, désirable, immédiatement iconique à condition d'en conserver l’essence symbolique et d’en maîtriser la mise en scène jusque dans la légende : créateur, styliste, costumier, joaillier, MUA, hair, chorégraphe et codes activés (plastron, or, plissé, turquoise).

L’inauguration du Grand Egyptian Museum; GEM pour les intimes, n’a pas seulement offert des robes spectaculaires : elle a réactivé une narration identitaire. Les silhouettes pharaoniques agissent comme un miroir où la société égyptienne éprouve, en public, son héritage le plus ancien. Dans ce cadre, la mode n’est pas un vernis mais un langage social : elle encode des références (turquoise, or, plissé) qui disent la continuité historique plus que l’actualité politique. Le tapis rouge devient alors un rituel de reconnaissance collective.

Le grand musée d’Égypte n’est pas seulement un monument — c’est l’âme de l’Égypte qui renaît.
L’actrice Hana Shiha

Cette formulation cristallise un sentiment diffus : la renaissance patrimoniale sert d’antidote à la fragmentation du présent. D’où des prises de parole plus tranchées, assumant une identité d’abord nationale, voire civilisationnelle, avant toute autre appartenance.

Nous sommes égyptiens, pas arabes.
Reem Neweshi, reine de beauté égyptienne

Sociologiquement, ces énoncés n’excluent pas nécessairement les cercles d’appartenance (arabité, africanité, méditerranéité) ; ils hiérarchisent les identités en plaçant la matrice pharaonique au premier plan. On retrouve des débats analogues en Algérie : la réaffirmation de l’amazighité, la mise en avant des arts populaires ou du patrimoine andalou sont autant de gestes qui relisent la nation par ses couches culturelles profondes plutôt que par des étiquettes géopolitiques. Dans les deux cas, la scène glamour sert de laboratoire symbolique : un lieu où des élites culturelles testent, sous caméras et projecteurs, des récits de soi qui circulent ensuite sur les réseaux et dans la presse. Le “pharaoh-core” en Égypte comme les retours aux codes maghrébins en Algérie montrent qu’un vêtement peut être un acte de mémoire, parfois contradictoire, toujours signifiant. L’essentiel n’est pas de trancher, mais d’observer comment ces styles négocient, en temps réel, la grammaire des appartenances.

En Égypte, des artistes font de la mode un récit vivant : loin de la nostalgie, l’hommage puise dans la longue durée pour éclairer l’avenir. C’est tout le sens du Grand Egyptian Museum : un lieu qui conserve, étudie et réinvente l’héritage. Qu’il prenne la forme d’une robe ou d’une image, chaque geste ajoute un chapitre à l’histoire et rappelle qu’en Égypte, la mémoire se porte autant qu’elle se raconte.





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