Du drapé nomade aux corsets sculptés, la mode convoque le désert et signe une élégance ultra-contemporaine. À la Villa Boulkine, le 10ᵉ Festival de la Création Féminine a transformé Alger en passerelle saharienne. Chants du tindé, éclats d’or et souffle bleu touareg. Sous le slogan «La femme du Sud… Une authenticité qui se narre, une créativité qui illumine», créatrices et créateurs ont tissé un dialogue entre matrimoine et design. Sabri Mohamed Islam est sacré Meilleur fashion designer ; Selim Louahchy, Selene, Zahed Abranis et Chifa Belhadj signent des silhouettes incroyables.
Palette & matières : le désert en couleurs : Ocres, safran et terre cuite dialoguent avec le bleu touareg, l’or solaire et le noir nuit du Ténéré. Les matières prolongent ce chromatisme : brocart Jakart qui accroche la lumière, mousseline de soie en apesanteur, cuir martelé aux reflets patinés, pampilles et franges comme grains de sable en mouvement. Les textures superposées composent des reliefs de dunes, tandis que des finitions métalliques dessinent l’horizon à contre-jour. Chaque pièce est pensée pour vibrer sous les éclairages, passer du doré brûlant à l’ombre froide. Une palette sensuelle, minérale et nomade qui transforme le désert en lexique couture, intensément contemporain et résolument lumineux.
Le vocabulaire mode s’écrit en drapé one-shoulder à l’élan nomade, corsets sculptés au buste graphique, volumes en cascade qui capturent la fluidité du vent chaud, et géométries mozabites, losanges et panneaux structurants, comme lignes directrices. Côté matières et gestes, tissage, broderies, teinture végétale, cuir tressé, argent ciselé et colliers talismaniques signent l’allure. Les ateliers vivants, bijouterie touarègue, broderie de Touggourt, teinture naturelle, prouvent que l’héritage n’entrave pas la création : il la propulse.
Argent ciselé, cuir patiné et cabochons minéraux dessinent l’ossature des looks : le choker-rosace cerne la clavicule, des brassards architecturent l’épaule, des ceintures-bijoux sculptent la taille. Les pièces de zouina.bijoux, ingénieure devenue créatrice, 100% handmade à Alger apportent une précision quasi architecturale. Mounira Kahoul (@mounira_khl) module l’éclat en pampilles gravées, sertit des symboles voyageurs en argent, cuivre et fibres tressées. Ancienne chirurgienne au parcours brillant nous emporte avec TERAKAFT, ethno-artisane nomade, fibules et amulettes réactivent le geste ancestral et la transmission. Ici, le bijou ne complète pas : il cadre, rythme et raconte les pistes du Sud, entre héritage et design contemporain.
Lauréat du prix du meilleur design créatif, Sabri Mohamed Islam, juriste et fashion designer, signe une pièce unique. Créateur de la marque @djisam_couture, il transforme le Sahara en haute couture. Sa pièce, une robe asymétrique à l’épaule sculptée, superpose des plis-dunes en dégradés minéraux. Chaque couleur raconte un relief : rocher, oasis, mirage ou soleil. La palette raconte le désert : ocre sable, brun roche, vert oasis, bleu mirage et or solaire. Les matières satinées et la soie coulent en nappes, tandis qu’un cœur de couleurs peintes insuffle la vie. Hommage à la force des femmes du Sud, ce look allie récit, émotion et maîtrise technique remarquable. Une maîtrise du mélange modernité / authenticité saluée par le jury.
Chez Sabri Mohamed Islam, l’allure se fait manifeste. Ici, il sculpte un bustier en résine dorée, texturé comme un métal battu, posé sur des épaules architecturales. La matière épouse le buste avec la précision d’une armure couture, puis s’adoucit sur une jupe de soie bleu nuit, fluide et lumineuse. Un col plastron, un voile graphique et les bijoux de Mounira Khl soulignent le geste. L’ensemble convoque la force des reines du Sahara, entre élégance cérémonielle et futurisme artisanal.
Installé à Alger, Selim Louahchy fait défiler l’élégance qu’il cultive depuis sa maison de couture fondée en 1996. Ce look ouvre le bal : bustier bleu nuit à décolleté cœur, rythmé d’emblèmes triangulaires ivoire façon brocart, souligné d’un lacet sinueux. La jupe, ample et lustrée, ondule comme un voile de désert. Manchette et torque dorés, plus un médaillon floral au cou, ancrent l’ensemble dans l’héritage maghrébin, modernisé par des lignes nettes et une allure souveraine.
Une autre création intéressante de Chifa Belhadj qui signe ici une armure de velours brun datte : buste graphique aux liserés ondulants comme des dunes, encolure sculptée façon tressage de palmes. La jupe, hybride mini + traîne cathédrale, déploie des ruchés profonds évoquant les reliefs du Tassili. La palette, café, sable brûlé, ancre la silhouette dans le Sud, tandis que les bottines ivoire tranchent et injectent une modernité runway. Moulage précis, cordonnerie textile et architecture nomade fusionnent en une élégance farouche. Le look est réhaussé par les bijoux @zouina.bijoux et @khokhajewellery
Turban indigo et plastron-amulettes citent les guerriers, tandis qu’un corsage croisé en satin bleu électrique cintre la taille et adoucit les angles. La jupe safran, ample et fluide, apporte chaleur et majesté, comme une dune au couchant. Les attaches en cuir, la médaille centrale et les poignets gravés signent l’artisanat du Sud. Une silhouette souveraine, à la fois martiale et sensuelle, qui transfère la puissance nomade dans un langage couture contemporain, profondément actuel.
Lauréate de Project Runway El Djazaïr (saison 2), Lady Sakina signe avec Tinhinane un hommage majestueux au Grand Sud. Son œil d’architecte sculpte la matière : corsets carapace, hanches architecturées et drapés cataracte dialoguent avec des voiles-haïk et des capuches inspirées du chèche. La palette convoque le bleu touareg, l’or datte et les cuivres patinés sur lamés, satins liquides et effets martelés. Sortie il y a plusieurs semaines, la collection n’était pas liée au festival mais résonne pleinement avec son thème : réinscrire la noblesse saharienne dans une couture contemporaine, fière et ultra-féminine, sous l’égide de la reine Tin Hinan.
Ce festival nous a prouvé une chose : Le Sud n’est pas un décor, c’est un vocabulaire de coupe. Cette édition pose une évidence : la mode algérienne gagne lorsqu’elle embrasse ses territoires et projette leur lumière.
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