Quand la femme gagne plus que l’homme, l’équilibre du couple peut vaciller. Dans une société encore marquée par des schémas traditionnels, cette situation déclenche parfois malaise, tensions, voire disputes. Comment apaiser ce déséquilibre financier sans blesser l’un ou l’autre ? Témoignages et analyse d’une psychologue.
Aujourd’hui, il est commun de voir des femmes actives, indépendantes et bien rémunérées. Pourtant, lorsqu’une femme gagne mieux que son conjoint, cela continue d’ébranler certains repères.
Dans de nombreux foyers, l’homme reste inconsciemment perçu comme le soutien financier principal. Quand ce rôle est inversé, certains hommes développent un sentiment d’infériorité, ce qui peut fragiliser la relation.
Lorsqu’une femme gagne plus que son compagnon, cela peut ébranler l’image de la virilité. Ce phénomène touche particulièrement certains hommes algériens et musulmans, souvent confrontés à une pression sociétale forte en matière de rôle masculin.
Dans de nombreuses cultures, notamment au sein des sociétés algériennes traditionnelles, l'homme a longtemps été perçu comme le pilier de la famille, celui qui doit assurer le bien-être matériel, émotionnel et social de son foyer. Ce modèle patriarcal repose sur l’idée que l’homme doit subvenir aux besoins du ménage, qu’il soit le pourvoyeur, celui qui protège et qui guide.
Lorsque la dynamique change et que c’est la femme qui détient un pouvoir économique supérieur, il ne s'agit pas seulement d'un chamboulement des rôles familiaux, mais aussi d’une remise en question de cette identité virile ancrée dans les valeurs sociales et culturelles.
Selon Malika Belaroussi-Belkacem, psychologue, cet inversement des rôles peut provoquer un malaise profond chez certains hommes, qui se sentent dévalorisés, voire réduits à un statut d'« entretenant », ce qui les place dans une position symboliquement perçue comme inférieure.
Dans le contexte algérien et musulman, ce sentiment peut être d'autant plus intense en raison de l'héritage patriarcal et des attentes liées à la masculinité. L'homme musulman, par exemple, peut se sentir doublement déstabilisé : d’une part, influencé par des codes culturels et religieux qui l’enjoignent à être un leader ; d’autre part, heurté par ce qu’il perçoit comme une remise en cause de son autorité dans la famille.
En conséquence, certains hommes peuvent compenser cette « perte de pouvoir symbolique » par des comportements plus autoritaires ou en minimisant les réussites de leur partenaire. D'autres, au contraire, redéfinissent leur rôle à travers le dialogue et l’acceptation. La clé réside dans la capacité du couple à co-construire une relation fondée sur le respect mutuel, loin des stéréotypes imposés par la société.
« J’ai été promue il y a six mois. Mon mari m’encourageait au début, mais j’ai senti un changement… Quand j’ai voulu financer des travaux dans notre maison, il a refusé de m’aider, prétextant que je n’avais besoin de personne. J’ai ressenti un complexe d’infériorité de sa part. »
« Mon mari a perdu son emploi. Il refuse que je parle de notre situation et voit ma contribution comme une atteinte à sa dignité. Il pense que je veux tout contrôler. Nous nous disputons souvent… Je redoute que notre couple n’y survive pas. »
« La femme peut se retrouver dans une position paradoxale : dominante financièrement, mais fragilisée émotionnellement. Elle culpabilise de gagner plus, et subit parfois des remarques humiliantes ou du ressentiment voilé », précise la psychologue.
Voici les clés pour préserver l’équilibre malgré un écart de revenus :
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