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Ces hommes volages qui rêvent d’épouser une fille « sérieuse »

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Après avoir multiplié les aventures et flirté sans retenue, certains hommes semblent soudainement décidés à se ranger. Lassés du papillonnage ou pressés par l’horloge sociale, ils se mettent en quête de la perle rare : une épouse discrète, respectable, de « bonne famille ». Quitte à faire appel à la mama, la tata, ou même la voisine du quartier, tous les moyens sont bons pour dénicher une femme qui coche toutes les cases du sérieux. Une femme, bien entendu, sans le moindre passé... contrairement à eux.



Un parfum d’hypocrisie

Ils ont fait les 400 coups, mais exigent une épouse certifiée « halal ». Pour beaucoup de femmes, cette posture a un goût amer. Une forme d’hypocrisie sociale savamment déguisée en sagesse tardive. Ces hommes invoquent souvent leur jeunesse comme excuse à leurs frasques, comme si leurs erreurs méritaient l’indulgence… mais jamais celles des femmes.

Et quand ils ne se positionnent pas en éternels « découvreurs de la vie », ils se présentent en victimes du charme féminin. Selon eux, ce ne sont pas leurs choix qu’il faut remettre en cause, mais plutôt la tentation, les femmes trop libres, trop disponibles. Résultat : une difficulté manifeste à assumer leur part de responsabilité et une posture qui frôle parfois le ridicule.

La quête de la « fille bien »

La société leur renvoie pourtant un écho cinglant. Leur réputation de coureurs de jupons précède leur sincérité tardive, et bon nombre de femmes dites « sérieuses » peinent à leur accorder confiance. Comme le souligne Fouzia, 28 ans :

« J’ai rencontré des hommes qui m’ont dit que je correspondais à leur image de la femme idéale. Pourtant, en grattant un peu, on découvre souvent qu’ils ont eu des vies agitées, qu’ils ne remettent jamais en question. Ils me disent qu’ils sont tombés sur des femmes aux mœurs légères… mais ils oublient qu’ils les ont choisies. Ce genre de discours me laisse perplexe. Je garde mon calme, mais au fond, je les trouve terriblement prétentieux. »

Des critères... à géométrie variable

Lorsqu’ils sont jeunes, ces hommes prônent la liberté, la légèreté, l’absence de jugement. Mais à l’heure du mariage, tout change : ils ne veulent plus d’une femme « fun », mais d’une compagne irréprochable, à la morale irréprochable, douce, pudique et loyale. Les paillettes de la vie moderne s’effacent, et les fantasmes d’une épouse parfaite aux allures traditionnelles ressurgissent.

Abderrahmane, 38 ans, l’admet sans détour :

« J’ai connu de nombreuses femmes, mais aujourd’hui, je veux une femme simple, avec de vraies valeurs. J’ai peur d’être dupé par les apparences. Je préfère que ma mère me recommande quelqu’un de fiable. Avant, les hommes demandaient la main d’une femme qu’ils avaient à peine aperçue, et les couples duraient toute une vie. »

Un double standard persistant

Si les temps ont changé, certaines mentalités, elles, restent ancrées dans des schémas conservateurs. La peur du « qu’en dira-t-on » pèse toujours sur les épaules des femmes, plus que sur celles des hommes. Ces derniers s'autorisent une vie amoureuse bien remplie, mais exigent de leur future épouse une pureté irréprochable. Résultat ? Certaines femmes préfèrent taire leur passé, voire le réécrire, pour répondre à des attentes irréalistes.

Finalement, hommes et femmes finissent parfois par se mentir mutuellement, chacun espérant correspondre à un idéal façonné par les pressions sociales, les non-dits, et une peur viscérale de l’échec sentimental. Mais peut-on vraiment construire une relation saine sur des illusions partagées ?

Ce phénomène où des hommes ayant eu de multiples aventures amoureuses se mettent soudainement en quête d’une femme « sérieuse » à épouser révèle de profonds paradoxes à la fois sociologiques et psychologiques. D’un point de vue sociologique, il traduit une tension entre la modernité des pratiques amoureuses et la persistance de normes traditionnelles profondément ancrées. Dans les sociétés maghrébines, la femme reste souvent associée à l’honneur familial, à la pudeur, à la respectabilité. Même chez les hommes les plus "modernes" dans leur vie privée, le modèle de la future épouse reste tributaire d’un idéal traditionnel de la femme « pure », souvent incarné par la fameuse « bent familia » : discrète, pudique, vierge de tout passé amoureux. Ce double standard, que l’on observe dans de nombreuses cultures patriarcales, repose sur une dissymétrie de la liberté sexuelle entre les sexes.

Psychologiquement, ces hommes peuvent éprouver un besoin de réassurance. Ayant vécu des relations instables ou superficielles, ils cherchent un ancrage, une figure apaisante et valorisante, qui leur permettrait de « se poser » et de s’inscrire dans une stabilité émotionnelle. Pourtant, ce besoin se heurte souvent à une incapacité à faire confiance, nourrie par leurs propres comportements passés. Leur quête devient alors presque anxiogène : ils projettent sur la femme idéale une exigence irréaliste, espérant combler leurs propres insécurités. En réalité, ils redoutent moins le passé de leur partenaire que leur propre incapacité à rompre avec leur ancienne vie. Ce qui se présente comme une volonté d'engagement est souvent une fuite en avant, où la femme sérieuse devient le miroir idéalisé d’un homme qui n’a pas encore fait la paix avec lui-même.




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