À 41 ans, Farida a fait un choix assumé : celui de mettre de côté sa carrière d'ingénieure pour se consacrer à ses quatre enfants, tous âgés de moins de 15 ans. Épouse d'un cadre dans le secteur privé, elle gère le budget familial avec la précision d'un chef d'entreprise. Avec un revenu unique mais confortable de 250 000 dinars par mois, elle orchestre la vie d'une famille nombreuse où l'éducation et le confort domestique sont les priorités absolues. Confidences d'une maman "manager" qui ne regrette rien.
Amel vit dans une grande maison à la périphérie d'Alger. Diplômée d'État en génie civil, elle a travaillé deux ans avant de décider, d'un commun accord avec son époux, de devenir mère au foyer à la naissance de leur deuxième enfant. Aujourd'hui à la tête d'une fratrie de quatre (14, 11, 8 et 4 ans), elle gère une logistique millimétrée. Son mari, Karim, occupe un poste de direction régionale dans une grande entreprise et perçoit un salaire net de 180 000 DA.
Dans ce témoignage, Amel nous explique comment elle optimise ce revenu unique pour six personnes, ses astuces pour gérer l'inflation et pourquoi elle considère que rester à la maison est, pour elle, le meilleur des investissements.
Charges fixes mensuelles d'Amel
- Logement : Propriétaires (terrain provenant d'un héritage familial, le couple a mis une dizaine d'années pour construire leur maison).
- Électricité / gaz / eau : Une grande maison énergivore, environ 9 000 DA/mois.
- Internet / téléphone : Abonnement fibre et forfaits mobiles pour le couple et l'aîné : 5 000 DA.
- Transport : Deux véhicules à entretenir (celui du mari et celui de Farida pour les trajets scolaires/activités). Carburant et maintenance lissée : 25 000 DA.
- Scolarité, Activités & argent de poche : Les enfants sont dans le public, mais le budget "cours de soutien" et activités sportives (natation et foot et gym) est conséquent : 45 000 DA par mois.
- Budget alimentaire : Le plus gros poste. Amel privilégie les produits frais, de saison et cuisine maison. Pour 6 personnes : 70 à 80 000 DA.
- Femme de ménage : Une aide une fois par semaine, même si elle est à la maison, elle a besoin d'aide pour sa grande maison : 12 000 DA.
(Soit environ 76 % du revenu du foyer)
Dépenses « extras » de Farida
Ce poste regroupe les petits plaisirs et imprévus du mois. Si le budget se resserre, c’est ici que la famille ajuste en priorité pour préserver l’essentiel et pouvoir épargner.
- Maison et Déco : C'est son royaume. Amel dépense environ 15 000 DA par mois pour l'aménagement, le linge de maison ou le petit électroménager.
- Sorties en famille : Un restaurant ou une sortie parc d'attractions deux fois par mois : 15 000 DA.
- Vêtements enfants : Avec quatre enfants en pleine croissance, c'est un budget constant, souvent lissé sur l'année à 20 000 DA par mois (achats groupés pendant les soldes ou via des pages Instagram).
- Beauté / Bien-être : Farida s'octroie un budget personnel de 10 000 DA (hammam, esthéticienne, cosmétiques).
Ce qu'elle s’autorise sans culpabilité : La décoration et l'achat de livres/jeux éducatifs pour les enfants.
Ce qui la frustre : Le prix des vacances en Algérie. « Partir à 6 dans un hôtel correct demande un budget colossal, on doit souvent se priver sur d'autres postes pour l'été. »
Épargne & rapport à l’argent
Contrairement à l'adage qui dit que les paniers percés sont légion, Farida et Karim ont une discipline de fer. Dès la réception du salaire, un virement automatique de 20 000 DA est dirigé vers un compte épargne.
« Avec un seul salaire pour six, nous n'avons pas le droit à l'erreur. S'il arrive quelque chose à mon mari, nous devons avoir un coussin de sécurité », explique Farida. Cette épargne sert aussi à financer les grandes vacances ou les travaux d'entretien de la villa. Le couple souhaite surtout épargner plus pour ces prochaines années.
Un petit bout de vie
Le moment charnière de sa vie financière a été la décision de quitter son travail. « Au début, passer de deux salaires à un seul a été un choc. J'avais l'impression de perdre mon indépendance », confie-t-elle.
Elle raconte comment elle a dû réapprendre à consommer : « J'ai troqué le shopping impulsif contre une gestion raisonnée. J'ai appris à cuisiner absolument tout moi-même, du pain (kesra, matloo3) aux goûters des enfants, ce qui a considérablement réduit nos dépenses et amélioré notre santé. Aujourd'hui, je ne le vois plus comme une contrainte, mais comme une compétence. Gérer une maison de 6 personnes, c'est du management pur et dur ! »
En guise de mot de la fin
Amel porte un regard lucide et apaisé sur sa situation : « L'argent est un outil au service de la famille, pas un maître. » À ceux qui lui demandent si elle ne regrette pas ses études, elle répond avec le sourire :
« Mes diplômes ne sont pas perdus. Ils me servent chaque jour pour suivre la scolarité de mes enfants. Mon mari ramène l'argent, mais c'est moi qui le fais fructifier à travers le bien-être de notre foyer. »
Son conseil pour les autres mamans ? « Ne jamais culpabiliser de se faire plaisir, même si on ne ramène pas de salaire. Le travail invisible à la maison a une valeur inestimable. Si la maman est épanouie, le foyer rayonne. »
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