Chez les tout-petits, le refus d’aller à l’école ne relève pas encore d’une phobie au sens clinique du terme, mais bien souvent d’une angoisse de séparation tout à fait normale et fréquente. L’enfant, encore fortement dépendant émotionnellement de sa maman, vit la rentrée ou la reprise scolaire comme une rupture brutale de lien. Cette sensation est d’autant plus exacerbée lorsque l’un des parents reste à la maison, notamment pour s’occuper d’un petit frère ou d’une petite sœur : l’enfant peut alors ressentir un sentiment d’injustice, de mise à l’écart, voire d’abandon. Il faut également souligner que l’anxiété parentale, même non exprimée verbalement, peut être perçue par l’enfant et amplifiée. Un simple regard inquiet ou une hésitation au moment de dire au revoir peut suffire à déclencher des pleurs ou un refus catégorique. D’où l’importance, pour les parents, d’adopter une attitude à la fois rassurante, ferme et confiante.
Avec l’âge, les causes du refus scolaire deviennent plus complexes et profondes. L’enfant, désormais davantage exposé aux dynamiques sociales, peut souffrir de mauvaises relations avec ses camarades, d’un sentiment d’isolement ou d’une difficulté à s’intégrer dans un nouvel environnement scolaire. Les débuts d’année ou les changements d’école sont souvent des moments charnières où émergent ces tensions. À cela s’ajoute parfois une relation difficile avec un enseignant perçu comme sévère ou injuste. Mais l’un des facteurs les plus insidieux reste la pression scolaire, qu’elle soit imposée par les parents, l’école ou intériorisée par l’enfant lui-même. Dans ce contexte, l’école cesse d’être un lieu d’épanouissement pour devenir un espace de compétition, de peur de l’échec ou de quête de performance. Résultat : l’angoisse s’installe, silencieuse mais tenace. Il devient alors essentiel de revaloriser l’école comme un lieu de découverte, d’amitiés et de confiance en soi.
La phobie scolaire ne s’exprime pas toujours par des mots. Elle s’infiltre dans le quotidien de l’enfant, souvent en silence, jusqu’à ce que le mal-être devienne visible par des comportements inhabituels. Certains enfants se replient sur eux-mêmes, deviennent apathiques, silencieux, ou au contraire présentent des accès de colère, de refus, voire des troubles somatiques répétés : maux de ventre, nausées, migraines, insomnies… S’il est difficile d’établir un diagnostic précis sans aide professionnelle, certains signes doivent alerter.
Il est essentiel de prendre le temps d’observer et d’engager un dialogue bienveillant avec son enfant. Ne vous contentez pas de « Pourquoi tu ne veux pas aller à l’école ? », mais explorez plutôt « Comment tu te sens quand tu es à l’école ? », « Qu’est-ce qui te gêne ? ».
L’échange avec l’enseignant est également crucial : il pourra vous renseigner sur le comportement de votre enfant en classe, ses interactions sociales, sa participation, ou d’éventuelles tensions avec d'autres élèves.
L’enfant phobique ne craint pas l’école en soi, mais ce qu’il y vit intérieurement. Il ne fuit pas un lieu, il fuit une angoisse qu’il ne sait pas nommer.
– Dr Leïla Benslama, pédopsychiatre
Lorsque votre enfant refuse d’aller à l’école, il ne cherche pas à vous provoquer : il vous exprime, à sa manière, un inconfort profond. La première étape consiste donc à dédramatiser. Évitez les phrases culpabilisantes comme « Tu n’as pas le choix » ou « Tu exagères ». Au contraire, ouvrez le dialogue : « Raconte-moi ce qui t’angoisse le matin ? », « Qu’est-ce qui te met mal à l’aise dans ta classe ? ».
Il est important de revaloriser l’image de l’école. Rappelez-lui que cet espace ne se résume pas aux devoirs ou aux notes, mais qu’il permet aussi de tisser des amitiés, développer sa curiosité et vivre des expériences positives. Ce changement de regard peut apaiser ses tensions intérieures et redonner du sens à la scolarité.
La gestion de la pression scolaire est également capitale. Certains enfants s’effondrent sous le poids des attentes – qu’elles viennent de l’école ou de la maison. Apprenez à relativiser les résultats. Valorisez l’effort plus que la performance. Soulignez ses progrès, même modestes, et montrez que votre amour ne dépend pas de ses notes.
En parallèle, proposez-lui une activité extra-scolaire épanouissante : sport, dessin, musique, théâtre… Ces bulles de respiration l’aideront à reprendre confiance en lui, à s’exprimer autrement et à décharger ses tensions. Le corps peut devenir un allié précieux pour traverser une souffrance émotionnelle.
Impliquer l’enseignant dans le processus est également essentiel. Expliquez-lui la situation en toute transparence et demandez son aide pour créer un environnement rassurant en classe. Parfois, un simple changement de place, une mission valorisante ou un mot bienveillant peuvent tout changer dans la perception qu’un enfant a de sa journée.
Si malgré ces efforts l’angoisse persiste ou s’intensifie, il ne faut pas hésiter à consulter un pédopsychiatre ou un psychologue spécialisé. Ce professionnel aidera votre enfant à mettre des mots sur ses émotions, à identifier ses peurs profondes et à reprendre peu à peu le contrôle sur ce qui le submerge.
La thérapie, lorsqu’elle est menée en parallèle de la scolarisation, permet de désamorcer le cercle vicieux de l’évitement. Car c’est un point crucial : même si l’enfant souffre, il est important qu’il continue à fréquenter l’école. Le priver de cette exposition renforcerait son anxiété et validerait inconsciemment ses peurs.
Le rôle des parents est de tenir le cadre tout en apportant du soutien. Il ne s’agit pas de forcer à tout prix, mais de rassurer, d’encourager, et de montrer à l’enfant qu’il n’est pas seul face à son angoisse.
« Un enfant qui souffre de phobie scolaire ne rejette pas l’école en tant qu’institution. Il rejette ce qu’il y vit intérieurement. En l’aidant à comprendre ce qu’il ressent, on lui redonne du pouvoir sur sa peur. »
– Dr Leïla Benslama, pédopsychiatre
La phobie scolaire n’est pas une crise passagère ni une comédie. C’est un appel au secours silencieux, souvent invisible pour les autres, mais dévastateur pour l’enfant qui le vit. Être présent, attentif et à l’écoute, c’est lui offrir une vraie chance de s’en sortir, de grandir et de retrouver la joie d’apprendre.
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