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Kholea : racheter sa liberté, à quel prix ?

Kholea : racheter sa liberté, à quel prix ?
Pourquoi tant de femmes choisissent-elles aujourd’hui le kholea pour divorcer ? En Algérie, de plus en plus de femmes font ce choix radical : céder leurs droits, perdre la dot et parfois même offrir des biens matériels, pour enfin mettre un terme à une union insoutenable. Le kholea, divorce par compensation financière, est devenu pour certaines une échappatoire face à une justice lente ou à un mari inflexible.

Pourquoi tant de femmes choisissent-elles aujourd’hui le kholea pour divorcer ? En Algérie, de plus en plus de femmes font ce choix radical : céder leurs droits, perdre la dot et parfois même offrir des biens matériels, pour enfin mettre un terme à une union insoutenable. Le kholea, divorce par compensation financière, est devenu pour certaines une échappatoire face à une justice lente ou à un mari inflexible.

Le kholea est-il un acte de libération ou une injustice masquée ? Selon les chiffres du ministère de la Justice, les demandes de kholea sont passées de 2 466 cas en 2007 à plus de 4 465 en 2009. Derrière ces chiffres, il y a des femmes comme Faïza, 29 ans, qui attend son audience au tribunal Abane Ramdane. Le visage dissimulé sous un foulard rouge, elle déclare sans détour : « J’ai dû acheter ma liberté. Il ne voulait pas du divorce, il m’a humiliée. Le kholea était ma seule issue. »

Que dit la loi algérienne sur le kholea ? Avant 2005, cette procédure était pratiquement inexistante. Les femmes devaient même obtenir l’accord de leur mari pour pouvoir divorcer par kholea. Une absurdité, selon Me Fatima Benbraham, qui rappelle que la charia n’exige pas un tel consentement. L’amendement de l’article 54 du Code de la famille a enfin officialisé le kholea comme une procédure de divorce unilatérale, au même titre que la répudiation masculine. Une avancée... en apparence.

Et financièrement, qui en sort gagnant ? La loi prévoit que la femme restitue tout ou partie de la dot pour récupérer sa liberté. Mais en l’absence de contrats de mariage précis, les litiges s’enchaînent. L’un évoque un bracelet en or, l’autre jure qu’il était en toc. Ce sont alors les juges qui doivent trancher, selon le niveau de vie ou le statut social de l’épouse. Les mésententes dégénèrent, les débats s'enflamment… et les femmes finissent souvent par céder davantage que prévu.

Jusqu’où peut aller une femme pour sortir de son mariage ? Certaines sont prêtes à tout. Une femme instruite, chef d’entreprise, aurait cédé une maison, une voiture, et versé 150 millions de centimes pour retrouver sa liberté. Et elle n’a pu récupérer qu’une partie de ces biens. Car une fois le kholea prononcé, il est très difficile d’annuler la transaction ou d’en contester les termes.

Mais pourquoi ne pas choisir un divorce à l’amiable ou pour préjudice ? Parce que ces procédures sont longues, humiliantes, et rarement couronnées de succès. Le divorce pour préjudice (tatliq), par exemple, exige des preuves solides que peu de femmes peuvent fournir : des jugements, des pièces médicales légalisées… Des documents que la justice refuse souvent de considérer comme valides.

Le kholea profiterait-il finalement plus aux hommes qu’aux femmes ? C’est ce que dénoncent plusieurs avocates. L’homme, dans ce schéma, devient le maître de la libération : il peut imposer ses conditions, exiger une somme démesurée, ou refuser toute négociation. Une forme de marchandage légal qui transforme le divorce en transaction commerciale, et qui place la femme dans une situation de dépendance économique et psychologique.

Le vrai prix de la liberté, peut-on le quantifier ? Faïza, elle, ne s’attarde pas sur ce que son divorce lui coûtera. « Trois ans chez mes parents, c’est déjà un lourd tribut », dit-elle. À ses yeux, la pension alimentaire impayée suffira à compenser la dot. Mais une autre bataille l’attend : celle de la garde de son fils de six ans.

Alors, que vaut la liberté d’une femme ? Une maison ? Une voiture ? 150 millions de centimes ? Ou simplement la paix, le droit de respirer, d’exister, de ne plus subir ? Si le kholea permet à certaines de tourner la page, il souligne aussi les failles d’un système judiciaire inégalitaire, où la liberté des femmes reste conditionnée par leurs moyens financiers.

Et vous, chères lectrices, que pensez-vous du kholea ? Est-ce une victoire du droit ou le miroir d’une société encore trop dure avec ses femmes ?





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