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“Je l’ai demandé en mariage” : témoignage d’une femme qui a osé briser les codes

Et si c’était la femme qui faisait le premier pas ? J’ai osé demander un homme en mariage. Une histoire vraie, entre audace et tabou.

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Dans une société où l’homme mène la danse, j’ai osé inverser les rôles. Oui, moi, une femme algérienne, j’ai fait le premier pas. Non pas par provocation, mais parce que j’en avais envie, parce que l’attente me pesait plus que la peur du jugement. Demander un homme en mariage ? En 2025, cela reste un tabou puissant chez nous. Pourtant, ce geste, perçu comme une transgression, fut pour moi un acte de liberté. Une déclaration d’amour… mais aussi d’indépendance. Voici mon histoire.

La peur de ne jamais l’entendre me le demander

Je m'appelle Yasmine. J’ai 32 ans, et j’ai toujours été cette fille qu’on appelle “moderne”, mais pas trop, pas au point de faire un scandale. Pourtant, ce jour-là, j’ai franchi une ligne invisible. Ça faisait quatre ans qu’on était ensemble, en cachette d’abord, puis au grand jour. Il disait m’aimer. Il me parlait de futur, on riait, on construisait, on parlait d’avenir. Mais jamais de mariage. Et moi, je vieillissais. Pas dans le miroir. Dans les regards. Ceux qui s’inquiètent, ceux qui jugent. Autour de moi, les autres avançaient : fiançailles, mariages, bébés. Moi, je restais dans l’attente. Ma mère tournait autour de la question. Je voyais son regard se durcir, celui des tantes se charger de silences lourds. Et lui ? Il m’aimait, mais ne bougeait pas. Pas de demande. Pas même une allusion sérieuse.

Je l’aimais, mais j’étouffais

Je n’étais pas malheureuse. Mais j’étais suspendue. Suspendue à un espoir qui ne venait pas. Je l’aimais, mais je sentais que si je ne faisais rien, je finirais par me faner dans cette attente muette. Je n’ai jamais cru qu’un homme devait sauver une femme. Mais j’ai longtemps cru que c’était à lui de faire “le grand geste”. Il ne l’a jamais fait. Un soir, je lui ai demandé, timidement : “Tu veux te marier, un jour ?” Il a haussé les épaules. “Avec moi ?” Il a souri. Silence. Ce silence, c’était une attente qui me mangeait de l’intérieur. Jusqu’au jour où j’ai compris que s’il ne me demandait jamais, ce n’était peut-être pas qu’il ne m’aimait pas. C’était parce qu’il avait peur. Parce qu’on leur apprend aussi que l’engagement, c’est une perte de liberté. Et si lui n’osait pas, peut-être que moi, je le pouvais. Je n’avais plus envie de mendier une promesse. J’avais envie d’avancer.

Le soir où j’ai décidé de faire ce que personne ne fait

Je n’ai prévenu personne. C’était un vendredi d’hiver. J’avais préparé une rechta, posé deux bougies sur la table, des pétales de roses en tissus et j’avais acheté une bague. Pas une bague pour homme. Une simple bague, sans genre. Je l’ai regardé dans les yeux et je lui ai dit : “Je veux t’épouser. Je ne veux plus attendre que tu me demandes. Je te le demande. Veux-tu m’épouser ?” Il a cligné des yeux. Longtemps. Puis il a ri. Un rire nerveux. Je me suis sentie rougir, presque honteuse. Il m’a pris la main. Il m’a dit : “Tu viens de me sauver de moi-même.”

Les réactions ? Un tsunami

Quand ma mère l’a su, elle a fait un malaise. Mon père s’est fâché. “Une femme ne fait pas ça, mais qu'est ce qui t'a pris, où est ta dignité ?”, a-t-il dit. Mes cousines m’ont traitée de désespérée et se sont ouvertement moquées de moi. Et pourtant… je me suis sentie libre. Libre d’avoir dit ce que je voulais, sans attendre que quelqu’un me donne l’autorisation.Ce n’était pas une provocation. C’était une libération. Je n’avais plus peur. Ni d’être seule, ni d’être jugée.

Et maintenant ?

On s’est mariés. Sobrement. Un petit mariage civil. On a fait la fête en petit comité. Pas de grand mariage, pas de ziana. Mais beaucoup d’amour et de rire. Il m’aime, je l’aime. Il me remercie encore de l’avoir demandé. Il me dit que s’il n’avait tenu qu’à lui, il aurait attendu des années. Pas par manque d’amour, mais par peur de s’engager dans un système qui l’écrasait aussi. Je sais que pour certains, je resterai “celle qui l’a supplié”. Mais moi, je sais que j’ai eu le courage de dire ce que je voulais. Et parfois, aimer, c’est aussi savoir renverser les codes.

Briser un tabou, ce n’est pas trahir sa culture

On m’a dit que j’avais brisé une règle sacrée. Mais je crois que j’ai juste bousculé une habitude. Ce n’est pas une guerre entre hommes et femmes. C’est un appel à l’égalité dans les gestes de l’amour. Pourquoi devrions-nous toujours attendre qu’il nous choisisse ? Pourquoi ne pas dire, simplement, “C’est toi que je veux” ?

Je ne suis pas une héroïne. Je suis juste une femme qui voulait choisir, pas attendre.




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