Alexandre Vauthier rend hommage au karakou … enfin presque !

Cette affaire aurait pu passer inaperçue si Ines Aktouf, une modeuse algérienne, n’avait pas interpellé le styliste sur Instagram en lui suggérant de mentionner la source de son inspiration. Le community manager de la marque répond alors que Monsieur Vauthier s’est inspiré du costume des académiciens français et de la culture orientale qu’il "affectionne particulièrement".

Et badaboum !

Il n’en fallait pas plus pour faire exploser la toile algérienne. De nombreux internautes ont réagi avec virulence, dénonçant un manque de reconnaissance du patrimoine algérien. Même Sofiane Feghouli, footballeur international, a commenté le post avec le hashtag #algerianstyle.

Un cas flagrant de plagiat ?

Le styliste s’est largement inspiré, pour ne pas dire plagié, le karakou sans en citer l’origine. Pire encore, il semble ignorer que cette tenue emblématique provient d’Algérie. À l’heure où cet article est rédigé, la publication polémique cumule plus de 18 600 commentaires.

Ce n’est pas la première fois que des créateurs sont accusés d’appropriation culturelle. Marc Jacobs ou Stella McCartney ont eux aussi été critiqués pour leur manque de transparence quant à leurs sources d’inspiration.

Qu’est-ce que l’appropriation culturelle ?

L’appropriation culturelle désigne le fait de s’approprier un élément symbolique, vestimentaire ou culturel d’un groupe minoritaire sans en reconnaître l’origine, dans un but souvent commercial. Si le mélange des cultures peut être créatif, l’appropriation devient problématique lorsqu’il s’agit d’un décalage de pouvoir entre celui qui emprunte et celui qui est copié.

Dans le cas du karakou, cela pose d’autant plus question que cette veste a été maintes fois copiée sans jamais être explicitement nommée. L’Algérie possède un patrimoine vestimentaire immense, mais encore mal valorisé à l’échelle mondiale.

Un héritage algérien mal connu

La confusion vient aussi du fait que certains stylistes ignorent que le karakou est une pièce algérienne, souvent confondue avec des vestes orientales génériques. Pourtant, sa structure, ses matières, son velours brodé au fil d’or, les techniques de mejboud ou de fetla, sont propres à la tradition artisanale algérienne.

Ce silence autour de son origine interroge. Il rappelle que d’autres maisons comme Yves Saint Laurent, Lacroix ou Schiaparelli ont longtemps puisé dans le patrimoine maghrébin sans citer leurs sources. La maison Lesage, célèbre pour ses broderies de luxe, utilise d’ailleurs des techniques similaires à celles des petites mains algériennes… souvent sous-payées.

Pillage culturel ou inspiration mal placée ?

Alors, s’agit-il d’une simple inspiration ou d’un véritable cas de pillage culturel ? Peut-on considérer la culture comme une propriété privée ? Est-il possible d’assimiler toute veste brodée à un karakou sans justification ?

Votre avis nous intéresse. Cette affaire soulève une question importante : comment protéger le patrimoine vestimentaire algérien à l’heure où la mode mondiale cherche sans cesse de nouvelles influences sans toujours leur rendre hommage ?