Amel Brahim-Djelloul, soprano algérienne au firmament du lyrique

Formée d’abord au Conservatoire d’Alger où elle étudie le violon, la jeune Amel poursuit son parcours à l’École normale supérieure de Kouba et obtient brillamment sa licence en enseignement musical. C’est dans ce cadre que ses aptitudes vocales sont révélées par le professeur Abdelhamid Belferouni, qui la prend sous son aile et lui insuffle l’énergie du chant lyrique.

Elle franchit ensuite la Méditerranée pour poursuivre sa formation auprès de Frantz Petri à l’École nationale de musique de Montreuil. Dès la première année, elle décroche la médaille d’or à l’unanimité du jury. En 1999, elle intègre le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, dans la classe de Peggy Bouveret. Elle s’y spécialise dans le répertoire baroque et obtient une mention "très bien avec félicitations du jury".

Très vite, le monde du spectacle lyrique s’ouvre à elle. Amel donne des récitals à Paris, interprétant avec virtuosité des cycles de lieder et de mélodies signés Schubert, Schumann, Duparc, Poulenc ou encore Dvo?ák. En 2001, elle fait une apparition remarquée au Théâtre National Algérien Mahieddine Bachtarzi, où elle interprète avec Claude Lavoix des œuvres du compositeur Francisco Salvador-Daniel, précurseur dans le rapprochement entre musique andalouse et chant grégorien.

En 2004, elle renoue avec l’héritage de Salvador-Daniel dans De l’Orient à l’Occident, une œuvre explorant les passerelles entre traditions musicales orientale et occidentale. Elle est régulièrement sollicitée pour des pièces majeures : La Petite Messe solennelle de Rossini, des cantates de Bach, ou encore des chants scandinaves de Grieg. Sous la direction d’Alain Altinoglu, elle incarne Pamina dans La Flûte enchantée de Mozart.

En 2003, elle suit des masters class à l’Académie européenne de musique du Festival d’Aix-en-Provence, ce qui marque un tournant dans sa carrière. Elle y fait ses débuts dans le rôle de Servilia, dans La Clémence de Titus de Mozart, saluée pour sa justesse et son intensité dramatique.

De Bruxelles à Berlin, de New York à Londres, Amel Brahim-Djelloul enchaîne les rôles avec une aisance et une tessiture qui impressionnent. À 31 ans, elle prépare un enregistrement ambitieux, compilation de son riche répertoire, prévu pour avril 2006. En attendant, elle se prépare à monter sur scène à Berlin pour interpréter La Couronnement de Poppée de Monteverdi, puis à Bruxelles au théâtre de La Monnaie pour L’Incoronazione du même compositeur.

Portée par une passion indéfectible pour le bel canto et une maîtrise vocale exceptionnelle, Amel Brahim-Djelloul incarne le renouveau d’une scène lyrique mondiale où les voix algériennes trouvent enfin la place qu’elles méritent.