Ce 1er septembre, les lumières se sont éteintes dans le Palais du Cinéma à Venise, et le silence s’est installé. Sur l’écran, Roqia, premier long-métrage du réalisateur algérien Yanis Koussim, une production franco-algérienne qui a lentement tissé son atmosphère dense, mystérieuse, hantée. Le film explore les méandres de la mémoire, entre réalité blessée et croyances ancestrales. Une œuvre exigeante, qui convoque les peurs enfouies dans l’intime et le collectif.
À la fin de la projection, une chose rare s’est produite : un public entier debout, longuement, comme si applaudir ne suffisait plus à exprimer ce qu’il venait de vivre. L’instant était pur, suspendu, presque irréel. Une ovation comme on en voit peu à Venise, l’un des festivals les plus prestigieux, et les plus critiques, du circuit.
Ce moment fort ne célèbre pas qu’un film. Il marque aussi le retour éclatant d’un pays sur la scène du cinéma d’auteur international. Depuis trop longtemps, l’Algérie n’avait pas vu l’un de ses films porter aussi haut sa voix dans une grande compétition mondiale. Roqia ne se contente pas d’exister : il s’impose avec une puissance tranquille, une précision esthétique, et une ambition narrative rare.
Plus qu’un simple accomplissement individuel, cette projection résonne comme un acte de renaissance. Car l’histoire du cinéma algérien est riche, marquée par des sommets historiques, mais aussi par de longues périodes de silence. En cette rentrée 2025, la Mostra de Venise devient le théâtre d’un recommencement : celui d’une nouvelle génération qui filme avec lucidité, courage et modernité.
Sur scène, le réalisateur Yanis Koussim était entouré de ses comédiens : Hana Mansour, Ali Namous, Akram Djeghim, Lydia Hanni, et Mostefa Djadjam. Tous ont défendu ce projet avec une élégance simple et une émotion palpable. Leur présence sur le tapis bleu, ponctuée par un geste fort — l’apparition du drapeau palestinien en signe de solidarité — a confirmé que Roqia est autant un objet artistique qu’un acte de conscience.
En coulisses, les artisans du film ont aussi marqué les esprits : Jean-Marie Delorme à l’image, Sarah Zaanoun au montage, et le styliste Fouzi Chekroun, qui signe l’un des looks les plus mémorables de cette édition.
Dans la foule des flashs, Hana Mansour s’est illustrée dans une silhouette forte et symbolique : un corset orange texturé, tressé à partir de véritables bandes de kardoune, l’accessoire emblématique des rituels capillaires féminins algériens. Une création originale de Fouzi Chekroun, entre manifeste identitaire et pièce de mode conceptuelle.
Porté avec un jean brut et des escarpins en satin orange, le look mêlait culture populaire, héritage féminin et audace contemporaine. Un choix parfaitement aligné avec le propos du film, qui navigue entre tradition et vertige intérieur.
La dernière image que l’on garde ? Celle de cette équipe, main levée, unie, face à un public conquis. Roqia aura été plus qu’un film projeté : un événement, un signal, un repère. En plaçant la mémoire et la foi au cœur d’un récit de genre, Yanis Koussim réussit l’exploit de proposer une œuvre à la fois profondément algérienne et universellement ressentie.
Venise s’en souviendra. Et nous aussi.
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