amiragc · 3 avril 2012 à 10:38
voila les filles jvoulais partager cette article avec vous personellement je suis :oh: đš đ€ đ€ j'ai envie de :boxe: đ§š
Ludovic-Mohamed Zahed , premier musulman français Ă s'ĂȘtre mariĂ© religieusement Ă un homme, vient de sortir un livre, "Le Coran et la chair". Il y raconte son difficile parcours et y dĂ©voile un interprĂ©tation audacieuse du Coran.
"Aujourd'hui, je suis persuadĂ© que si le prophĂšte Mahomet Ă©tait encore vivant, il marierait [âŠ] des couples d'homosexuels." L'auteur de ces lignes, Ludovic-Mohamed Zahed, est un fervent musulman, fin connaisseur du Coran, homosexuel et mariĂ© depuis fin fĂ©vrier - avec la bĂ©nĂ©diction d'un imam français - Ă Qiyaammudeen, un Sud-Africain lui aussi musulman.
Dans "Le Coran et la chair", Ludovic-Mohamed Zahed livre un témoignage poignant sur le parcours d'un jeune homosexuel musulman.
Dans son ouvrage "Le Coran et la chair" (Editions Max Milo), sorti jeudi 29 mars en librairie, le jeune homme livre un tĂ©moignage poignant sur le parcours difficile d'un homosexuel musulman, parsemĂ© de doutes et d'humiliations. "L'homosexualitĂ© [âŠ] n'est pas un choix ; et il faudrait ĂȘtre fou pour choisir d'ĂȘtre homosexuel lorsque l'on vient du milieu socioculturel d'oĂč je viens", Ă©crit-il.
Intellectuel brillant, Ă©crivain douĂ© et militant intrĂ©pide, Ludovic-Mohamed a fait de l'islam et de l'homosexualitĂ© la cause de sa vie. Ă travers notamment son association d'aide et de dĂ©fense des homosexuels musulmans HM2F (Homosexuels musulmans de France), mais aussi Ă travers ses recherches universitaires. Le jeune homme, qui suit un double cursus en anthropologie et en psychologie dans la prestigieuse Ăcole des hautes Ă©tudes en sciences sociales (EHESS), se consacre depuis plusieurs annĂ©es Ă prĂ©parer un doctorat sur le sujet.
Des coups pour "apprendre Ă ĂȘtre un homme"
Né en Algérie en 1977, Ludovic-Mohamed est le deuxiÚme garçon d'une famille de trois enfants. Alors qu'il est ùgé de trois ans, ses parents quittent Alger pour s'installer en région parisienne. La famille ne reviendra au pays que pour les vacances, puis le temps d'une année dans le chaos algérien des années 1990. Ludovic-Mohamed est un enfant timide, efféminé. "Je suis entre les deux : un peu fille, un peu garçon", réalise-t-il à l'ùge de 8 ans.
Le 18 fĂ©vrier Ă Sevran, un imam a uni Ludivic-Mohamed Zahed et Qiyaammudeen Jantjies-Zahed, selon le mĂȘme rituel que pour un mariage hĂ©tĂ©rosexuel.
Mais ni son pĂšre, "un voyou macho", ni son grand frĂšre ne l'entendent de cette oreille. "J'ai passĂ© mon enfance avec un pĂšre qui me disait que je n'Ă©tais qu'une 'femmelette, une gonzesse, un pleurnichard'", tĂ©moigne le jeune homme. Pour lui apprendre "Ă ĂȘtre un homme", son frĂšre aĂźnĂ© le passe rĂ©guliĂšrement Ă tabac, allant jusqu'Ă lui casser le nez. "Il avait honte de son frĂšre âmalade'", affirme Ludovic-Mohamed dans son livre.
En quĂȘte d'identitĂ©, l'adolescent se plonge dans la religion. Pris en charge par un groupe de salafistes en AlgĂ©rie, il apprend par cĆur - en arabe - une partie du Coran, prie cinq fois par jour, observe strictement les enseignements de ses maĂźtres. LĂ aussi, ses maniĂšres considĂ©rĂ©es comme trop effĂ©minĂ©es finissent par dĂ©ranger ses "frĂšres", qui l'Ă©cartent de leur communautĂ©. Nous sommes alors en 1995, l'AlgĂ©rie s'embourbe dans la guerre civile. Le 30 janvier, un camion bourrĂ© d'explosifs dĂ©vaste le centre d'Alger. Quarante-deux personnes perdent la vie. L'attentat est revendiquĂ© par le Groupe islamiste armĂ©, le GIA.
Désert spirituel
"Ce jour lĂ , [âŠ] je sens remuer jusqu'Ă mes tripes de savoir que j'ai, ne serait-ce que de trĂšs loin, quelque chose Ă voir avec ces gens-lĂ ", dĂ©crit Ludovic-Mohamed. L'attentat et son exclusion de la confrĂ©rie des salafistes algĂ©rois signent "le dĂ©but d'un trĂšs long dĂ©sert spirituel, [âŠ] quinze ans durant lesquels [il] rejettera violemment l'islam". Ă 21 ans, il avoue son homosexualitĂ© Ă sa famille. Sa mĂšre en reste inconsolable plusieurs mois, mais son pĂšre, celui-lĂ mĂȘme qui, pendant de longues annĂ©es, n'avait pas adressĂ© la parole Ă un fils qu'il n'estimait pas assez viril, lui rĂ©pond : "C'est comme ça, je comprends, il faut accepter". Une main tendue, enfin bienveillante. Ă cette Ă©poque, Ludovic-Mohamed est sĂ©ropositif depuis deux ans.
Au cours de la cérémonie de mariage, des priÚres traditionnelles chrétiennes et hébraïques ont également été prononcées en l'honneur des amis juifs et catholiques des mariés.
MalgrĂ© sa rupture avec les salafistes, la soif de spiritualitĂ© couve au fond de son Ăąme. Le jeune homme se tourne un temps vers le bouddhisme. "Mais je me suis rendu compte que la misogynie et l'homophobie sont partout les mĂȘmes", commente le jeune homme, le regard droit derriĂšre ses lunettes cerclĂ©es. Petit Ă petit, l'islam s'impose de nouveau Ă lui. "J'ai recommencĂ© peu Ă peu Ă prier, puis je suis allĂ©e une premiĂšre fois faire un pĂšlerinage Ă La Mecque, aux sources de l'islam, pour me rĂ©approprier ma religion, raconte-t-il. J'ai redĂ©couvert une paix intĂ©rieure qui m'avait quittĂ©e depuis l'enfance".
Ă son retour en France, il fonde une premiĂšre association, Les enfants du Sida, pour laquelle il voyage autour du monde pendant toute une annĂ©e. "Ăa m'a permis de me rendre compte que j'Ă©tais quelqu'un de bien, assure-t-il aujourd'hui. J'ai rĂ©alisĂ© aussi que je pouvais ĂȘtre homosexuel, et avoir une pratique religieuse". Il fonde alors une deuxiĂšme association : HM2F, homosexuels musulmans de France. "L'Ă©thique islamique actuelle condamne cette orientation sexuelle, mais en fait rien dans l'islam ou le Coran ne l'interdit, assure-t-il. D'ailleurs, pendant des siĂšcles, les musulmans ne prenaient pas l'homosexualitĂ© comme l'abomination suprĂȘme, comme la dĂ©bauche ultime, comme c'est le cas aujourd'hui".
L'apaisement
Sur le sujet, Ludovic-Mohamed est intarissable. "L'homosexualitĂ© n'a rien de "contre-nature" selon une certaine reprĂ©sentation de l'islam, bien au contraire [âŠ]", Ă©crit-il ainsi dans "Le Coran et la chair". Il Ă©rige cette conception de l'islam en un combat de tous les jours. HM2F l'amĂšne Ă voyager. Notamment jusqu'en Afrique du Sud, oĂč il participe Ă une confĂ©rence organisĂ©e par une association similaire Ă la sienne â fondĂ©e par un ancien imam qui, se dĂ©couvrant homosexuel, a divorcĂ© et s'est consacrĂ© Ă son organisation. Ludovic-Mohamed y rencontre Qiyaammudeen. Ils se marient civilement en juin 2011 - le mariage gay, lĂ©gal en Afrique du Sud, n'est pas reconnu dans l'Hexagone - puis s'installent en France, en banlieue parisienne, en octobre de la mĂȘme annĂ©e. C'est lĂ que, le 18 fĂ©vrier, ils cĂ©lĂšbrent religieusement leur union. Une premiĂšre en France.
Malgré des détours administratifs kafkaïens pour l'obtention de papiers pour Qiyaammudeen, malgré les mails et les appels téléphoniques de menace, courants depuis qu'il a décidé de vivre au grand jour sa foi et son homosexualité, Ludovic-Mohamed a enfin trouvé la quiétude. "Je suis apaisé, affirme-t-il, un fin sourire se dessinant sur ses lÚvres. Je pourrais partir demain, je suis enfin serein."
sourece france 24