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Alger au XVIIIe siècle : Vêtements

Posté par galerienne · 12 réponses · 4.5k vues

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galerienne · 21 juin 2011 à 14:26

Alger au XVIIIe siècle : Vêtements
Le goût des Algériens est pour la broderie ; les hommes et les femmes en ont sur tous leurs habits pour des sommes importantes. Mais la broderie est grossière, et l'or seul en fait le prix. L'habillement des femmes est composé d'une chemise de gaze de soie et coton coupée sur le devant comme la chemise d'un homme et même moins ouverte ; elle descend jusqu'à la cheville. Les manches sont d'une largeur démesurée, et elles sont aussi larges que la longueur entière de la chemisé, mais elles ne sont ouvertes que depuis l'omoplate jusqu'aux hanches. Ces manches sont entrecoupées par des rubans de diverses couleurs en soie, au milieu desquels est aussi une bande de brocard. Tout à l'entour des manches on coud encore en forme de manchettes une dentelle en or ou en argent ; quelquefois même au lieu de rubans de soie ce sont des galons. Ces ornements : vraiment ridicules rendent une chemise fort chère. Sur cette chemise est un caftan de satin ou d'autre étoffe en soie brodée qui lui descend jusqu'au mollet (ghelila) ; ce caftan est sans manches et entièrement ouvert sur le devant. Dans la maison elle ne porte point de culottes ; elle n'en porte que lorsqu'elle sort. Elle s'entoure le corps d'une grande foute de soie, qui la couvre depuis les hanches jusqu'à la cheville. Elle porte sur la tête pour toute coiffure un plateau d'or ou d'argent (sarma) travaillé et à jour, cousu sur un morceau d'étoffe.
Ce plateau est en deux morceaux, celui qui couvre la tête et celui qui ceignant le front vient se lier par derrière. Cet ornement est encore assujetti par un bandeau de crêpe de couleur, ou d'un bandeau qui couvre la moitié du front. Le sarma en or est un objet de 7 à 8 cents livres et même de mille livres, cent sequins algériens.
Une femme riche en parure met au lieu du bandeau de crêpe un assabé qui est un bandeau en or incrusté de perles, de diamants, d'émeraudes, etc. ; elle porte à ses pieds des bracelets en or massif et très pesants khalkhal.
La magnificence de la parure est de mettre quatre ou cinq caftans l'un sur l'autre, de sorte que, sans exagération, on peut dire qu'une femme a sur elle plus de 60 livres pesant de hardes ou de joyaux.
Les bras depuis la jointure des poignets jusqu'aux coudes sont couverts de bracelets, (souar) et chacun de ses doigts d'une bague ; au moins elle en a deux paires, plus large l'une que l'autre. Chacun de ses bracelets est distingué par un nom particulier. Msâïs est un bracelet pour le gros du bras, en or, sans pierrerie. Imekyâs est un bracelet fait en corne de buffle, orné ou non. Routich ? est le bracelet qui est le plus près du poignet ; c'est celui qui ressemble aux bracelets en usage en Europe. Souar est un bracelet en or très large. Leurs oreilles sont aussi chargées d'ornements et percées en deux ou trois endroits pour les soutenir. Une boucle d'oreille très large, aux deux bouts de laquelle est un ornement en or ou en pierreries, se nomme (dersa) ; les pendants se nomment [menâkich].
Les femmes riches portent aussi plusieurs chaînes, outre le collier, qui leur descendent sur la poitrine et sur le ventre. Lorsqu'elles vont en fête elles mettent trois et quatre caftans dorés et descendant jusqu'à la cheville les uns sur les autres ce qui, avec tous leurs autres ajustements et dorures, peut peser au delà de 50 ou 60 livres. Ces caftans en velours, satin ou autres étoffes de soie sont brodés en fil d'or ou d'argent sur les épaules, sur les devants, et ils ont jusqu'à la ceinture de gros boutons en fil d'or ou d'argent des deux côtés ; ils viennent se lier sur le ventre par deux boutons seulement. Elles portent une ceinture en soie et en or, qu'elles arrangent de manière à leur servir de jupon ; mais c'est pour en montrer l'or.
Sur la tête elles ont un crêpe blanc ou de couleur qu'on nomme (abrouk) et par-dessus un haïk de laine très fin, qu'on fabrique dans l'empire de Maroc. Les hommes, à Maroc, portent également de ces haïks, mais dans le reste de la Barbarie les haïks des hommes sont plus épais. Lorsqu'elles sortent, les femmes se couvrent d'un voile (borka) qui leur cache tout le visage et le front, à l'exception des yeux. Leurs papouches ont le dessus en maroquin ou en velours, couvert d'une broderie en or, et leur serval, de satin où de toile fine, leur descend jusque sur les papouches. La paume de la main, les ongles, la plante des pieds, tous les doigts des pieds sont teints avec du henné.
L'habillement des hommes est composé, pour le corps des cogeas, d'un amamé qui est un turban blanc de forme ronde en mousseline. Les buluc-bachis portent aussi l'amamé, ainsi que le dey. Les autres officiers de l'ogeac portent un turban en soie rouge et en or ; ils l'appellent chidd. Il n'est pas fort volumineux et il entoure un fes rouges ; ce turban a très bonne grâce. Il varie suivant l'état et la qualité des personnes..
Les cogeas en charge portent le caftan en drap, et il leur descend jusqu'à la cheville, et par-dessus le bernus blanc.
Tous les autres et le dey même portent un sidrié en drap ou en toile sous la chemise. Ce sidrié est le corset de dessous, qui descend jusqu'à la cuisse. Sur ce sidrié est une sous-veste qu'on nommé bedajî. Par-dessus cette sous-veste est un petit jubé de drap, de satin ou de velours, qui tombe jusqu'aux hanches, avec des manches à boutons et boutonnières ; il est ordinairement orné de broderies. Ce jubé se nomme ghalilé giaba douli. Par-dessus ce jubé en vient un autre sans manches, mais un peu plus long de deux ou trois pouces ; on le nomme kebajé ; celui-ci est toujours en drap pour les hommes, et en velours ou satin pour les enfants ; il est richement brodé.
Sur le bedajî ils mettent une ceinture de laine ou de soie simple ou en or ; c'est le hizam. À la ceinture, du côté gauche, est le jataghan. Par-dessus tous ces vêtements est le bernus blanc ou noir.
Les culottes se nomment serval, au lieu de chalvar ; ils emploient 8 pics de drap fin pour faire une culotte et 18 pics de toile ; c'est quelque chose d'effrayant.
Lorsqu'ils montent à cheval pour aller à la guerre, ils portent une gibecière dorée qu'on nomme balasca.
La culotte de drap, de toile, d'une étoffe de laine grossière telle qu'on en donne aux joldachs et aux esclaves est le serval. Les souliers d'homme avec le quartier se nomment (sbat). Les souliers dont les femmes se servent lorsqu'elles sortent se nomment schibirlé. Les papouches sont des souliers sans quartiers qui servent aux hommes et aux femmes. Le dey, les codgeas, les chiaouchs, les gens de loi, les bulukbachis portent des papouches jaunes ; mais les papouches des chiaouchs sont garnies de fer en dessous, ce qui fait qu'on les entend venir de fort loin. On prétend que c'est pour avertir ceux qu'ils ont ordre de saisir.
Les soldats turcs un peu aisés portent des bernus noirs ; ils sont faits à Maâscare, et ce sont les femmes qui les travaillent avec de la laine noire naturelle, et non teinte. C'est une étoffe forte, bien tissue, mais pesante ; il faudrait bien peu de façon pour que ce drap devînt d'un bon usage. Ces bernus coûtent 35 à 40 fr. Les bernus noirs sont l'habit de cérémonie des buluk-bachis. Le dey et les grands officiers du gouvernement le portent blanc sur des caftants et des jubés de drap avec des broderies sur le devant, sur les manches et sur les épaules.
Alger au XVIIIe siècle par Jean-Michel Venture de Paradis (1880)
A suivre…

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luna· Posté le 21 Jun 2011 à 15:43

Waw!! merci pour ce poste 💃

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esmeralda53· Posté le 21 Jun 2011 à 16:20

merci pour ce partage !!!très riche ! merci encore !

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feurette· Posté le 21 Jun 2011 à 17:01

merci galerienne tu as trés bien expliqué 💃 mais j'aurais bien aimé voir des photos car d que g commencé à lire l'article g pas céssé d'imaginer ses vétement

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chahrazadz1955· Posté le 21 Jun 2011 à 19:59

Superbe. ça nous remonte un peu dans le temps!

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gazouza· Posté le 21 Jun 2011 à 21:44

💃 merci galerienne pour le poste 🙏 👍

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marysa· Posté le 22 Jun 2011 à 20:07

merci pr le partage avec quelques fotos ou images ce serait parfait 💖 💃

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gentille· Posté le 19 Feb 2013 à 17:02

merci pour le partage 👍

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mimiloudz· Posté le 19 Feb 2013 à 17:09

merci pour ce petit voyage dans le temps 👍 😊

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Naturelle· Posté le 20 Feb 2013 à 01:12

Pour illustrer, y'a pas mieux que de reprendre le tableau de Delacroix.




Une autre, trouvée sur le web

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Djazairia· Posté le 20 Feb 2013 à 09:35

Bonjour galerienne et bienvenue parmi nous 💅
Super post merci pour ce partage, des photos seront les bienvenues.

DZIRIELLE VOUS RECOMMANDE
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mounette83· Posté le 20 Feb 2013 à 09:55

Merci pour le poste 👍

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carlita· Posté le 27 Feb 2013 à 20:56

Costumes d'Algerie



Les costumes féminins d'Algérie ont conservé dans leurs drapés, leurs caftans, leurs broderies, leurs coiffes et leurs parures la mémoire des temps passés.

Ils représentent un véritable conservatoire des influences culturelles qui se sont entrecroisées à travers trois mille ans d'histoire.

Un patrimoine vestimentaire métissé, sans cesse enrichi d'apports nouveaux, offre, à travers quatre grandes régions, une exceptionnelle mosaïque de costumes.

On peut y distinguer Alger et ses environs, l'Est, autour de Constantine et d'Annaba, l'Ouest autour d'Oran et de Tlemcen;
enfin un vaste territoire, regroupant la Kabylie et les Aurès, les monts des Ouled Naïl, le Mzab et le Sahara.

Le voyage auquel nous convie l'auteur, Leyla Belkaïd, nous fait remonter les siècles sur les traces des modes venues de Carthage, de Rome, de Byzance, de Damas, de Cordoue, d'Istanbul ou de Paris.

Il nous invite à découvrir la diversité des traditions citadines et rurales algériennes restituées par les superbes photographies anciennes de la collection Messikh





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