Filter
×


Dzirielle > societe > icones-dz

Rym Hakiki, la princesse du hawzi algérien

Voix envoûtante et prestance de reine : Rym Hakiki incarne la grâce du hawzi algérien et fait rayonner un art ancestral avec modernité et émotion. Retour sur sa carrière.

rym-hakiki-princesse-hawzi-algerien
©



Sa voix vibre comme un oud en écho au patrimoine algérien. À travers chaque note, chaque soupir, Rym Hakiki incarne une mémoire musicale vivante, entre fidélité à la tradition et réinvention contemporaine.



Née à Oran dans une famille tlemcenienne bercée par la musique andalouse, Rym est très tôt initiée au chant par sa mère, elle-même adepte du hawzi. À huit ans, elle rejoint l'association Nassim El Andalous, véritable école de formation musicale qui va poser les fondations de sa carrière artistique.

Son premier album, "Ya Ouled Ennes", sort alors qu'elle n'a que 16 ans. Elle enchaîne rapidement avec "Mal Hbibi Malo" et "Khayef Chemissa", affirmant une identité musicale singulière : une voix ample et émotive, au service d'une tradition revisitée.

"Sabra" : le tournant

2002 marque un sommet avec l'album "Sabra", véritable phénomène de vente avec plus d'un million d'exemplaires distribués. Propulsée sur le devant de la scène grâce au succès de son titre Habibou Ma Henani, Rym Hakiki s’impose peu à peu comme l’une des voix les plus singulières du hawzi contemporain. Entre tradition et spontanéité, elle séduit un public large, féminin comme masculin, par son élégance sobre et sa fraîcheur presque désarmante.

Au fil des années, Rym explore avec constance et sensibilité tout un pan du répertoire arabo-andalou. Le hawzi bien sûr, mais aussi les chants spirituels du madih, les nuances délicates du sika, et surtout l’istikhbar, cet art si subtil de l’improvisation a cappella, qu’elle manie avec une technique vocale d’une rare justesse. Peu de chanteuses de sa génération peuvent s’en réclamer.

Consciente que la tradition ne survit que si elle se réinvente, elle n’hésite pas à intégrer des sonorités plus modernes dans ses dernières créations. Ya Naker Lahssen ou Guabelt Houak ya Bhar en sont de beaux exemples : fidèles à l’esprit du genre, mais ouverts sur le monde. Présente et très active sur Instagram, où elle rassemble aujourd’hui plus de 64 000 abonnés, Rym Hakiki incarne ce juste équilibre entre héritage et résonance actuelle.



rym-hakiki-princesse-hawzi-algerien1
Rym Hakiki en concert.

Un pont entre les cultures

Rym revendique son admiration pour des figures comme Matoub Lounès, Idir ou Aït Menguellet, affirmant sa vision d'une Algérie plurielle où le patrimoine berbère, arabe et andalou cohabitent harmonieusement. « Je ne fais pas de politique dans ma musique, je chante l'amour », aime-t-elle à rappeler.

Héritage et transmission

À sa manière, discrète mais déterminée, Rym Hakiki porte haut les couleurs d’un art trop souvent confiné aux cercles initiés. En véritable ambassadrice du patrimoine andalou, elle fait rayonner une musique méditerranéenne méconnue, la faisant vibrer au-delà des frontières et des générations. Rym incarne une jeunesse fière de ses racines, profondément ancrée dans la tradition, mais tournée vers demain. Un équilibre rare, presque instinctif.

Une discographie en clair-obscur

Depuis ses débuts, la voix de Rym trace un sillage singulier dans le paysage musical algérien. Le titre Sabra, sorti en 2002, ouvre la voie et la révèle au grand public. Puis viennent des morceaux devenus, pour beaucoup, emblématiques : Ya Ouled Ennes, Mal Hbibi Malo, Khayef Chemissa, Ghrib Ou Barani ou encore Telephone. Autant de titres dans lesquels elle déroule son art avec justesse et pudeur, entre ornement vocal millimétré et émotion à fleur de peau.

En 2022, loin de s’essouffler, elle revient avec deux compositions marquantes : Ya Naker Lahssen et Guabelt Houak ya Bhar. Deux titres qui prouvent, s’il en était besoin, que l’inspiration est toujours là — solide, vibrante, capable de faire passer un frisson d’un simple souffle.

Rym Hakiki n’est pas seulement une voix. Elle est une mémoire qui chante, une passerelle entre le passé et le présent, un battement de cœur algérien entre mélancolie et lumière. Une véritable princesse du hawzi moderne, qui avance sans bruit, mais laisse derrière elle une trace indélébile.

Bien plus qu’une chanteuse à la voix envoûtante, Rym Hakiki incarne également une ambassadrice de l’élégance algérienne. À chacune de ses apparitions publiques, elle éblouit son auditoire par la splendeur de ses tenues traditionnelles, alliant raffinement et identité culturelle. Elle affectionne particulièrement la blouza oranaise, qu’elle réinterprète avec grâce, ainsi que le karakou, symbole majestueux du patrimoine vestimentaire algérois. Ses choix vestimentaires ne sont jamais anodins : ils racontent une histoire, rendent hommage à ses racines et affirment, à travers la soie, le velours ou la broderie, la fierté d’être une femme algérienne moderne et profondément attachée à ses traditions.





Aucun commentaire pour le moment... Et si vous ouvriez le bal ? Votre avis compte, partagez-le avec nous ! Pour cela, rien de plus simple, connectez-vous en cliquant ici

- Connectez-vous pour commenter cet article
- Votre premier passage sur Dzirielle.com, nous vous invitons à créer un compte.