Il y a des voix qui se déposent sur l’oreille comme une caresse, qui suspendent le tumulte du monde l’espace d’un instant. La voix de Manel Hadli fait partie de celles-là. Délicate et puissante à la fois, elle s’est frayé un chemin depuis les côtes de Cherchell jusqu’aux plus grandes scènes arabes, en passant par le cœur vibrant des réseaux sociaux où elle règne aujourd’hui en véritable reine populaire.
Née le 27 novembre 1993 à Cherchell, une ville antique ancrée sur les rivages de la Méditerranée, Manel grandit au rythme des vagues et des mélodies. Très jeune, elle découvre la force des mots et des notes. Mais c’est en regardant Raja Meziane chanter dans une émission télévisée qu’elle ressent pour la première fois ce frisson si particulier : celui du destin qui s’annonce.
Elle n’a que 17 ans quand elle pousse la porte de l’association Arrachidia de Cherchell, une école musicale où elle s’initie au chant andalou. C’est là, dans ce cocon de savoir et de tradition, que Manel Hadli polit son timbre, apprend la rigueur des maqams, s’imprègne du patrimoine algérien avec une ferveur rare. Elle étudie aussi les langues, jusqu’à obtenir un master en traduction, parce que les mots aussi, elle les aime, dans toutes leurs nuances.
Mais ce qui la pousse en avant, ce qui la dévore doucement, c’est le besoin de chanter. Pas seulement pour s’exprimer. Pour exister. Alors, en 2017, elle tente sa chance dans l’aventure Arab Idol. Elle y apporte sa voix, sa pudeur, son port altier. Elle ne remporte pas le concours, mais s’y révèle. Et surtout, elle comprend que la scène n’est pas un but, mais un point de départ.
De retour en Algérie, elle ne se repose pas sur cette notoriété naissante. Elle travaille. Sans relâche. Elle compose, elle s’entoure, elle observe. En 2018, elle sort « Thamelt Maâk ». Une mélodie douce-amère, une histoire d’amour patiemment endurée. Le public algérien, puis maghrébin, l’adopte instantanément. Sa voix émue traverse les écrans, les téléphones, les mariages. Car oui, Manel Hadli devient aussi la voix des cérémonies, celle que l’on joue lors des moments où tout commence.
Mais elle refuse d’être cantonnée à l’image clichée de la chanteuse de noces. Sa carrière, elle l’imagine vaste, exigeante. Elle enchaîne alors les singles, chacun avec une couleur propre : « Mabrouk », « Ghzali Habitou », « Chkoun Rah Mhani »... Elle explore, cherche son équilibre entre tradition et modernité. Elle collabore avec DJ Moulay, puis avec Cheb Wahid dans un duo aussi envoûtant qu’audacieux : « Moulat Zine ». Elle s’essaye au raï, flirte avec la pop électro, se frotte au patrimoine.
Son talent dépasse vite les frontières : de Paris à Tunis, de Casablanca à Dubaï, on la reconnaît, on la cite, on l’invite. Manel Hadli n’est plus simplement une voix, elle devient une présence. Une silhouette reconnaissable entre mille, entre robe traditionnelle et mise en beauté moderne. Une femme qui assume sa féminité sans provocation, avec sérénité.
Sur Instagram, elle partage cette esthétique assumée. Avec aujourd’hui plus de 4,7 millions d’abonnés (juillet 2025), elle est l’une des personnalités algériennes les plus suivies. Mais là encore, elle dose, choisit. Un sourire, un extrait de concert, un regard sur la mer, parfois un mot tendre pour ses fans. Jamais de voyeurisme, toujours du partage. Manel Hadli contrôle son image comme elle module sa voix : avec finesse.
En 2023, elle surprend en animant une émission de divertissement pendant le Ramadan sur Samira TV. Un rôle à contre-emploi qui révèle une autre facette d’elle : spontanée, chaleureuse, joueuse. Elle sait parler aux femmes, aux familles. Elle ne se contente plus de chanter, elle raconte.
Et ce n’est pas tout. En 2025, elle revient avec « Sultan Zmani », un titre plus intime, plus affirmé aussi. L’artiste n’est plus en construction : elle est dans l’affirmation. Elle pose ses mots, son style, ses choix. Elle parle d’amour mais aussi de solitude, de fierté, d’espoir. On sent qu’elle a mûrie, qu’elle revendique ce qu’elle est : une femme algérienne de son temps, libre et enracinée.
Loin du bruit, Manel Hadli cultive aussi une générosité discrète. Elle participe à des concerts caritatifs, chante parfois gratuitement pour des orphelins ou des familles modestes. Elle ne s’en vante pas, mais ceux qui étaient là s’en souviennent. Pour elle, la musique est aussi un acte d’amour, un moyen d’élever, de relier, de consoler.
Aujourd’hui, alors qu’elle approche la trentaine, Manel Hadli est plus qu’une artiste à succès : elle est devenue une figure. Un repère pour toute une génération de jeunes femmes qui veulent créer sans renier leurs racines. Elle incarne cette Algérie féminine, plurielle, audacieuse, qui chante avec le cœur et avance avec dignité.
Son avenir ? Elle ne le dévoile pas encore. Un album est en préparation, dit-on. Une tournée aussi. Peut-être même un projet avec une grande maison de couture algéroise, car Manel Hadli ne se résume pas à sa voix : elle est aussi une image, un symbole. Ce qui est certain, c’est qu’elle avance. Sans faire de bruit. Mais en marquant chaque pas. Comme une mélodie qu’on reconnaît immédiatement, même les yeux fermés.
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