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Une carrière brillante Celle qui a été pointée du doigt pour ses supposées origines juives est une éminente sociologue et chercheuse, aujourd’hui à la tête du ministère de l'Éducation nationale. Universitaire reconnue, elle obtient son doctorat en 1982 et dirige des recherches sur des sujets relatifs à l’éducation, la jeunesse, les femmes dans la société et la famille. Directrice du Centre de recherches en anthropologie sociale et culturelle d'Oran de 1992 à 2014 et membre du Conseil économique et social des Nations unies, Nouria Benghabrit semble être la personne adéquate pour réformer l’école algérienne dite "sinistrée".

Surnommée "la dame de fer", en référence à la chancelière allemande Angela Merkel dont elle partage certains traits de caractère, cette Tlemcénienne est la fille de feu Djilali Benghabrit, ancien moudjahid, et la petite-fille du frère de Si Kaddour Benghabrit, fondateur de la Grande Mosquée de Paris.

Arrivée au gouvernement en mai 2014 dans le cadre du remaniement ministériel, la ministre, alors âgée de 63 ans, prend sa fonction très à cœur et décide de frapper un grand coup en entreprenant de réformer un enseignement très mal en point.

La réforme qui fait mal !
C’est au mois de juillet 2015 qu’elle a évoqué l’idée d’introduire l’arabe dialectal dans un enseignement jusqu’à présent dispensé en arabe classique.

L’arabe dialectal maghrébin, surtout parlé dans un cadre sociétal, est issu d’un mélange de berbère, d’arabe, de français et d’espagnol. La problématique concerne le fait que les enfants entrant en cours préparatoire se heurtent à des difficultés en lien direct avec la langue arabe académique, qu’ils ne peuvent maîtriser à cet âge, vu qu’elle n’est pas leur langue maternelle. C’est d’ailleurs l’une des principales causes de l’échec scolaire.

Selon elle, la moyenne des bacheliers algériens en langue arabe a été de 9/20 cette année, et « aucun de ceux qui polémiquent n’est entré dans le débat pour proposer des solutions et comprendre pourquoi, dans un environnement arabophone, un élève peut avoir des résultats catastrophiques en arabe scolaire ». Et même si « la langue arabe reste la première langue d’enseignement adoptée dans l’enseignement des autres matières », « comment concevoir la dimension algérienne, si le secteur de l’Éducation n’investit pas sur l’aspect innovateur véhiculé par les langues arabe et amazighe ? », s’est-elle interrogée.

Un soutien du gouvernement tardif ?
Depuis qu’elle a évoqué cette réforme, la ministre se heurte à une avalanche d’injures de la part de ses adversaires. Il aura fallu une rumeur de démission relayée par la presse, suivie d’un démenti par la concernée, pour que le gouvernement prenne officiellement position en faveur de Madame Benghabrit.

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a souhaité mettre les choses au clair dans un discours prononcé le 20 août dernier. Depuis Constantine, il lui apporte son soutien indéfectible, tout en indiquant que « la réforme de l’école se fera loin des idéologies et des arrière-pensées politiciennes ».

Mais pourquoi dérange-t-elle autant ?
Si Mme Benghabrit cristallise autant les tensions, c’est parce que, selon un de ses proches, « être une femme algérienne de combat et scientifique, cela dérange certaines personnes ».

Pour les plus conservateurs, la ministre représente une menace réelle pour les valeurs de l’Algérie, la langue dialectale étant considérée comme "impure". C’est sur les réseaux sociaux que les attaques sont les plus virulentes. Mais cela n’a pas vraiment impressionné la ministre, qui se contentera de rétorquer : « Ce chahut a pour but de bloquer tout processus d’évolution de l’école ».

En plus du soutien gouvernemental, la ministre peut compter sur de fervents partisans. Une page Facebook la soutenant a été créée sous le slogan :
Je suis une Algérienne sans complexe .



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