Effroyable, révoltant, écœurant… Les mots manquent face aux images diffusées dans un reportage du journal télévisé de 13h sur la chaîne publique algérienne ENTV.
Captées dans le service maternité de l’hôpital de Constantine, ces images jettent une lumière crue sur la gestion chaotique des établissements de santé publique en Algérie. Pour une fois, l’autocensure semble levée : ce reportage dévoile sans fard les conditions inhumaines dans lesquelles des femmes sont contraintes d’accoucher, faute de moyens pour accéder à des structures privées.
Le service de néonatologie, en particulier, suscite l’horreur : blattes, punaises, vers, détritus, traces de sang séché… Le tout dans un environnement où les nouveaux-nés sont parfois entassés à trois dans une même couveuse. Les lits sont en surnombre, les femmes alitées y partagent parfois la même couche. Le désespoir se lit dans chaque plan.
Face à cette situation, le personnel ne cache plus son impuissance. Une cheffe de service confie devant la caméra : « Nous sommes tout simplement dépassés. Nos patientes viennent de tout l’Est du pays. L’infirmière qui devrait s’occuper de deux femmes se retrouve avec 52 patientes. » Un autre responsable ajoute, dépité : « Tous nos appareils sont en panne. On nous a envoyés du matériel vétuste. On nous promet du neuf, mais pour l’instant, on bricole. »
Devant l’ampleur du scandale, une commission d’enquête a été dépêchée à Constantine. Le ministère de la Santé a confirmé que le service figurait sur la liste des établissements prioritaires et que des travaux de rénovation étaient déjà en cours. Le transfert temporaire des patientes vers le service de Sid Mebrouk a été évoqué par M. Belkessam, en charge du suivi.
Ce reportage, largement relayé sur les réseaux sociaux, marque un tournant pour l’ENTV, généralement perçue comme peu critique à l’égard du gouvernement. Réalisé par la journaliste Ibtissam Bedjaoui, il a été salué pour son courage et sa rigueur. Il a suscité une onde de choc dans l’opinion publique et entraîné une réaction rapide du gouvernement. Le Premier ministre a d’ailleurs ordonné des mesures immédiates, et un remaniement a été évoqué.
?? Cliquez ici pour voir le reportage complet
Qui a causé tout ça ? La main de l'étranger ? #Algérie #Constantine pic.twitter.com/oiAADwrGl5
— Smail OUHENIA (@SMAOUH) 21 juillet 2015
On parle du service de maternité à Constantine, une grande ville. Imaginez la situation dans un dispensaire de village.
— AbuCalypse (@copi35) 21 juillet 2015
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