L’importance de la sage-femme

Ce constat s’est dégagé avec force lors d’une rencontre organisée à Alger par l’Association Algérienne pour la Planification Familiale (AAPF), à l’occasion de la Journée internationale des sages-femmes, pour honorer celles qui accompagnent la vie au quotidien.

Plus de deux cents sages-femmes venues de tout le pays, ainsi que des spécialistes en gynécologie et en pédiatrie, ont pris part à l’événement. Les échanges ont porté sur des enjeux majeurs de la santé maternelle et infantile?: cancer du sein, ménopause, prise en charge du prématuré et accompagnement des familles, avec une conviction partagée?: renforcer la place de la sage-femme, c’est améliorer la santé de la mère et de l’enfant.

Un pilier de la santé reproductive

Dans son allocution d’ouverture, le professeur Saïd Kabouya, président de l’AAPF, a rappelé l’engagement de l’association pour l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des sages-femmes, qualifiées de pierre angulaire de la maternité. Même élan chez Mme Tarik Zouina, présidente du comité AAPF d’Alger, qui a souligné que cette journée est devenue un rendez-vous annuel pour évaluer les progrès et dégager des perspectives d’amélioration, en phase avec le thème?: «?les sages-femmes atteignent les femmes où qu’elles vivent?». L’objectif est clair?: garantir une présence effective de la sage-femme partout où ses services sont nécessaires.

Chiffres clés : urgences et priorités

Dans le monde, environ 529 000 femmes décèdent chaque année des complications liées à la grossesse et à l’accouchement, tandis que quatre millions de nouveau-nés meurent et que quatre autres millions sont morts-nés. En Algérie, la mortalité périnatale demeure une priorité de santé publique avec près de 33 000 décès annuels, dépassant d’autres causes comme certains cancers ou les accidents de la circulation. Face à cette réalité, la présence d’une assistance qualifiée à l’accouchement est déterminante.

Les évaluations du Fonds des Nations unies pour la population montrent qu’une réduction de 75?% des décès maternels est possible si chaque accouchement bénéficie d’une sage-femme qualifiée et de soins obstétricaux d’urgence accessibles. D’où la nécessité d’investir dans la formation et le recrutement?: on recense environ 10?000 sages-femmes à l’échelle nationale, un effectif à consolider pour couvrir le territoire et les besoins.

La néonatologie au centre du dispositif

Pour lutter efficacement contre la mortalité néonatale — qui représente près de 80?% de la mortalité infantile — le professeur Djamil Leban, chef de service de néonatologie au CHU Mustapha, insiste sur la généralisation et le renforcement des centres de néonatologie. Il alerte également sur le manque de formation spécifique de certains pédiatres et médecins généralistes à la prise en charge des prématurés, dont le nombre est estimé à 70 000 en Algérie. Développer les compétences, les filières et les moyens, c’est offrir aux nouveau-nés les meilleures chances dès leurs premières heures.

Mieux connaître pour mieux agir

En marge de la rencontre, M. Faouzi Amokrane, sous-directeur d’étude et d’analyse en population au MSPRH, a annoncé l’achèvement d’une enquête conduite en juin 2006 auprès de 30?000 ménages. Il s’agit de la MICS3, un dispositif d’enquêtes piloté par les Nations unies — en particulier l’UNICEF, pour suivre la situation de la femme et de l’enfant. Les résultats, attendus prochainement, laissent entrevoir une amélioration significative de plusieurs indicateurs liés aux Objectifs du Millénaire pour le développement, rappelant combien les données sont indispensables pour orienter les politiques publiques et mesurer l’impact du travail des sages-femmes.

Reconnaître la valeur des sages-femmes, soutenir leur exercice et renforcer leur présence auprès des femmes, c’est faire le choix d’une maternité plus sûre, plus humaine et plus équitable pour toutes.