« La maison de couture Dolce & Gabbana lance sa première collection de voiles pour femmes musulmanes ! La marque japonaise Uniqlo dévoile ses voiles islamiques. Chanel fait défiler à Dubaï des mannequins avec, à leurs pieds, des babouches. Polémique, les marques à l’heure de la « Mode Islamique » Une mutation de la mode que certains créateurs trouvent logique, tandis que d’autres l’estiment choquante. » Les grands titres de presse soufflent sur le phénomène de la mode «islamique ou musulman ». Doit-on s’offusquer des termes employés ? Si je suis musulmane, suis-je aussi islamiste ? Toutes les femmes qui se revendiquent musulmanes seront-elles amenées à porter le burkini (maillot de bain intégral) ou le voile, voire la burqa ? Quid des lignes de coutures proposées ? Ajustées, sensuelles, dentelle et transparence, maquillage aguicheur, démarche langoureuse… les mannequins s’affichent dans tes attitudes libérées et bravaches. Ma tendre et chère aïeule, si je t’écris ce billet, ce n’est pas pour te tourmenter, car tu as eu ta dose d’afflictions, de remords, de regrets et peut-être… Un peu d’espoir ? Tu nous as légué, ton ancestrale feuille de vigne que j’ai remisée dans une malle au grenier, mais depuis ta déchéance divine, nous avons fait démonstrations d’imagination ! Peaux de bêtes (Censored river scene), du pagne au drapé, des parures à entrelacs et nœuds de serpents (tiens le revoilà celui-là !) puis la rupture égalitaire apparaît « Le milieu du XIVe s. est marqué par la différenciation entre les vêtements masculins (court) et féminins (long). »* Les modes se succèdent et enferment davantage nos corps hypothéqués : corset, baleine, soutien-gorge, armatures et autres froufrous infirmatifs… En 1960, c’est le scandale de la minijupe. Dès son apparition dans la rue, entretenue par les journaux de mode, cette scission révolutionnaire, inspirée par Mary Quant et André Courrèges, chiffonne les mentalités les plus droites. Pourtant, l’audacieuse entend s’affirmer dans une Europe en effervescence. Combien de bons moralisateurs, de bons pères de famille, de bonnes femmes et autres bourgeoises ont condamné ce droit à l’émancipation ? Les nippes deviennent une fibre instrumentalisée pour les femmes déterminées à revendiquer leur droit et leur liberté de penser et d’agir (en dehors de toutes tutelles patriarcales ?)
Chère Ève, tu n’es pas dupe, ainsi va-t-il des modes qui se font et se défont. Il ne s’agit pas d’un manifeste pour le port du voile, mais de la liberté de chacune à porter ou non ce sacré fichu ! La liberté de ne pas infantiliser, ou de soumettre, celles qui se refusent à le vêtir, et de ne pas faire fi de l’intelligence ou le discernement de celles qui osent s’en parer au risque de les comparer à « des nègres américains qui étaient pour l’esclavage ».
De toi à moi, il nous reste un souvenir meurtri comme un trognon pourri, celui où tu courrais nue dans le jardin d’Eden…
* http://www.histoiredesarts.culture.fr
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