
nadhia · 23 février 2015 à 19:09
Je suis tombée sur un article que j’avais envie de partager avec vous. Je n’avais jamais entendu parler de cette "maladie" auparavant… Alors en êtes-vous atteint ? chut.gif" style="height:20px; width:15px" title="" /> Qu’en pensez-vous ?
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La maladie commence par un brutal accès de jalousie. Puis une boule dans la gorge. Elle descend dans l’estomac, noue vos entrailles. Vous vous sentez diminué, triste, inutile. Enfin, vous plongez dans l’abattement, irrité contre tout le monde et en particulier contre vous-même.
C’est la nouvelle épidémie de "fomo".
On en parle sur Internet, avec une fiche Wikipédia consacré au "fomo" et des études de Harvard. On en parle dans la presse anglophone. On en parle dans Madame Figaro.
Peur de manquer quelque chose
Fomo vient de l’anglais « fear of missing out ». Cela veut dire en français « peur de manquer quelque chose ».
Pas manquer de quelque chose. Manquer quelque chose, dans le sens de rater un événement, une invitation, une information.
Le psychologue et psychothérapeute Jean-Charles Nayebi, qui traduit fomo par «anxiété des ratages», a défini ainsi le phénomène dans Le Figaro - Madame: «C’est une envie irrépressible de se connecter à des réseaux pour savoir ce qui s’y passe, pour ne pas rater un événement ou laisser échapper une information intéressante.»
Le fomo est provoqué par la vie « complètement fabuleuse » des autres qui s’étale sur Facebook, Twitter, Instagram, les blogs et Internet, et qui contraste brutalement avec les frustrations, les souffrances, les échecs de votre propre vie.
Exemple :
Vous cuisinez tranquillement des pâtes chez vous. Déjà vous salivez sur ce comté que vous allez faire fondre dedans, avec une généreuse louche de bolognaise.
Votre smartphone vibre. D’un œil, vous consultez votre écran Facebook. Trois de vos amis sont en train d’arriver à un concert. Sur la photo ils sont hilares, bras dessus, bras dessous, et manifestement fous de joie. Aussitôt, une autre photo apparaît : c’est Jacques et Marie-Odile qui viennent d’arriver dans un hôtel de rêve, en Malaisie.
Vos pâtes et votre comté sont toujours là. Mais ils n’ont plus la même saveur. Vous vous demandez si vous avez fait le bon choix d’être rentré chez vous pour préparer à dîner. Pourquoi n’êtes-vous pas sorti ? Pourquoi n’avez-vous pas été invité ? Pourquoi les autres s’amusent-ils autant ?
La maladie de la comparaison avec les autres
La personne malade de fomo juge son existence morne, sans intérêt, et ne peut s’empêcher de consulter fébrilement son smartphone pour suivre la vie des autres et comparer avec la sienne.
Car les « autres » justement, semblent faire des efforts inouïs pour prouver en permanence que leur vie est géniale.
La journaliste Valérie de Saint-Pierre parle dans Madame Figaro d’une « forme de surenchère » :
« Il s’agit de livrer régulièrement à ses amis la version augmentée de sa petite existence. Cette dernière est donc dorénavant obligatoirement jalonnée, via des photos radieuses, de vacances inoubliables, de baisers sur la plage, d’enfants parfaits, de fêtes mémorables, de cadeaux insensés, de cupcakes inouïs, de chatons adorables, de spas de folie… selon les standards lifestyle de chacun. Tout en censurant pudiquement le reste, plus médiocre, évidemment. [4] »
Même si elle essaye elle aussi de publier sur Facebook des photos d’anniversaire où tout le monde rit aux éclats, la personne atteinte de fomo est convaincue qu’elle ne s’amuse pas autant que les autres, et elle en souffre.
Comment Facebook a transformé notre civilisation
Qu’avons-nous fait de nos vies, depuis l’apparition de Facebook ?
Arthur C. Brooks, chroniqueur au New York Times, voit les choses comme ceci : nous passons désormais, pour les plus atteints d’entre nous, « la moitié de notre temps à faire semblant d’être plus heureux que nous le sommes, et l’autre moitié à regarder comme les autres semblent l’être bien plus que nous ».
Selon le rapport World Travel Market, il ne s’écoule pas plus de dix minutes en moyenne, désormais, entre l’arrivée d’un client dans un hôtel de rêve et le moment où il poste une photo de lui-même (selfie) sur Internet, le but étant essentiellement de faire bisquer ses « amis » [5].
Comment faire face, comment résister ?
Comment faire face, comment résister ?
Fermer son compte Facebook ? Se couper d’Internet ? Jeter smartphone et ordinateur à la poubelle ?
Cela paraît extrême, pour ne pas dire absurde, surtout si vous gérez vous aussi la plupart de vos factures, comptes bancaires, réservations sur Internet, et si vous lisez Santé Nature Innovation !
Faut-il arrêter de se comparer ? Arrêter d’envier les autres ? Arrêter d’être triste et seul quand les autres s’amusent ?
Mais ces sentiments ne se décident pas ! Ils vous tombent dessus et puis c’est tout ! Et plus on lutte contre eux, plus ils reviennent en force, comme les envies de chocolat.
Faut-il exiger des autres qu’ils arrêtent d’enjoliver leur existence ? Qu’ils arrêtent de faire semblant d’être tout le temps heureux, d’aller de fête en fête, et de succès en réussites ? De nous envoyer constamment des images de leur bonheur à la figure ?
C’est un peu ce que semble vouloir Véronique de Saint-Pierre, qui reproche aux gens de poster sur Facebook la photo de leur bébé chiot jack-russell récemment adopté « mais pas de son pipi sur le kilim », ou de leur famille souriante et unie lors d’une sortie mais « pas de l’engueulade collective dans la voiture en venant »… etc.
Mais est-ce juste de vouloir ça ? Est-ce même vraiment ce que l’on souhaite ?
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